Faim dans le monde, un état des lieux inquiétant

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Rédigé par Estelle B. et publié le 22 août 2023

Cinq agences des Nations Unies s’alarment en cet été 2023 du niveau de la faim dans le monde. Avec 735 millions de personnes touchées à travers le monde par la faim chronique, la tendance est à la stabilisation mais la faim reste à un niveau particulièrement élevé, surtout dans certaines régions du monde. Explications.

Faim dans le monde

La faim touche un humain sur 11 dans le monde

Un peu plus de 9,2 % de la population mondiale est touchée par la faim chronique, soit plus de 122 millions de personnes en plus par rapport à la situation en 2019. Si le chiffre se stabilise en 2022 et montre même un léger infléchissement de la courbe, la faim n’a cessé d’augmenter dans le monde sur les sept dernières années, et elle montre un niveau inquiétant selon les experts mondiaux de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (Fida), du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

Ces experts avancent plusieurs arguments et hypothèses pour expliquer l’évolution de la faim dans le monde ces dernières années, malgré les actions des organisations gouvernementales et non gouvernementales :

  • La crise sanitaire de la Covid-19 ;
  • Les événements consécutifs au réchauffement climatique (incendies, séismes, pluies diluviennes, …) ;
  • Les conflits, notamment la guerre en Ukraine.

La faim ne sera pas éradiquée en 2030

Initialement, l’ONU et l’OMS s’étaient fixés de mettre fin à la faim dans le monde à l’horizon 2030. Compte-tenu de ces chiffres, il apparait désormais peu probable que l’objectif soit atteint et même qu’il soit atteignable. Selon les estimations des experts, en 2030, près de 600 millions de personnes pourraient encore être concernées par la faim chronique à travers le monde. Il faut aux experts et aux décideurs une nouvelle approche de la situation, pour mieux prendre en compte l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les inégalités entre les régions du monde.

Dans certaines régions du monde, la faim recule comme en Asie et en Amérique latine, alors qu’elle progresse en Asie occidentale, dans les Caraïbes et en Afrique. L’Afrique reste d’ailleurs le continent le plus touché par la faim, avec une personne sur 5 concernée, soit deux fois plus qu’au niveau mondial. En cette année 2023, où la Somalie, le Kenya et l’Ethiopie connaissent la pire sécheresse depuis 40 ans, plus de 23 millions de personnes sont exposées à une grave famine.

Les enfants, particulièrement touchés par la malnutrition

Pour combattre la faim dans le monde, un effort mondial, intense, immédiat et durable est nécessaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire qui touche près de 30 % de la population mondiale. Ainsi, 2,4 milliards de personnes n’ont pas un accès régulier à une nourriture suffisante. Et ces chiffres peuvent flamber au moindre événement climatique ou politique dans une région du monde. Parallèlement, l’accès à la nourriture n’est pas toujours synonyme d’une nourriture saine. Plus de 3,1 milliards de personnes dans le monde ne pouvaient pas accéder à une alimentation saine en 2021, soit 42 % de la population mondiale !

Et la faim dans le monde frappe en particulier les enfants, plus fragiles que les adultes face à ce fléau. Si l’objectif fixé pour 2025 d’atteindre un enfant sur deux allaité de manière exclusive par sa mère jusqu’à 6 mois est presque atteint (48 % en 2021), les enfants sont largement impactés par les problèmes de malnutrition :

  • 22,3 % souffrent d’un retard de croissance ;
  • 6,8 % souffrent d’émaciation (maigreur extrême) ;
  • 5,6 % sont en surpoids.

Les experts demandent des politiques publiques plus engagées pour améliorer la nutrition des enfants et créer des environnements alimentaires plus sains.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– 122 million more people pushed into hunger since 2019 due to multiple crises, reveals UN report www.who.int. Consulté le 14 août