Hypertension artérielle pulmonaire : l’espoir d’un nouveau traitement

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Rédigé par Julie P. et publié le 6 novembre 2017

L’hypertension pulmonaire ou HyperTension Artérielle Pulmonaire (HTAP) est une maladie vasculaire évolutive dont l’un des premiers symptômes est l’essoufflement à l’effort. Quand la cause de l’apparition de la pathologie n’est pas identifiée, on parle alors de HTAP idiopathique. Dans ce cas, le pronostic pour le patient est peu encourageant compte tenu du fait que les traitements actuels corrigent seulement les symptômes liés à la maladie. Dans l’espoir de rendre réversible cette pathologie, une équipe anglo-canadienne vient de mener une étude clinique très prometteuse en identifiant une nouvelle molécule thérapeutique : le dichloroacétate.

Un nouveau traitement pour traiter l'hypertension pulmonaire

Les mécanismes cellulaires à l’origine de l’hypertension pulmonaire idiopathique (HTAP)

Les patients souffrant de cette HTAP idiopathique, caractérisée par une tension élevée dans leurs artères pulmonaires reliant le cœur aux poumons, possèdent une configuration de leurs vaisseaux pulmonaires très spécifique. En effet, leurs cellules situées dans leurs artères pulmonaires ont un métabolisme anormal provoquant :

  1. Une prolifération des cellules dans les artérioles pulmonaires ;
  2. Une inhibition de la mort cellulaire programmée (apoptose) des cellules.

Ce métabolisme anormal qui engendre une prolifération cellulaire anarchique (comme dans certains types de cancers) diminue la lumière des artères empêchant ainsi le sang de circuler librement.

Conséquence ? Le patient ressent une forte pression sur le côté droit du cœur, un essoufflement, des étourdissements et voire une insuffisance cardiaque.

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Des mitochondries défaillantes

En se penchant sur ce métabolisme hors norme des cellules constitutives des artères pulmonaires, les scientifiques se sont aperçus qu’une molécule, la PDK (pyruvate deshydrogénase kinase), est davantage présente dans les artères pulmonaires des patients atteints de HTAP comparativement aux sujets sains.

A savoir ! La PDK (pyruvate deshydrogénase kinase) est une enzyme (une protéine catalysant les réactions chimiques) retrouvée dans les mitochondries des cellules. Les mitochondries sont des structures intracellulaires ayant pour fonction de fournir de l’énergie à la cellule et de superviser un ensemble de réactions métaboliques indispensables à la survie de la cellule.

Comme cette protéine PDK en trop grande quantité rend impossible le fonctionnement normal de la mitochondrie et favorise la prolifération des cellules dans les artères pulmonaires, les chercheurs ont voulu mesurer l’effet d’un inhibiteur de cette PDK chez des patients atteints de HTAP.

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Une étude clinique encourageante

Pour réaliser leurs travaux, ils ont sollicité 16 patients atteints d’HTAP idiopathique et leur ont administré, pendant 4 mois, en plus de leur traitement habituel, la molécule inhibant la PDK :  le DCA (DiChloroAcétate).

Sans attendre, les chercheurs ont observé chez la majorité de ces patients que la supplémentation en DCA permettait de :

  1. Diminuer leur pression artérielle pulmonaire ;
  2. Améliorer leurs performances au test de marche de 6 minutes.

A savoir ! Le Test de la Marche de 6 minutes (TM6) est un examen respiratoire qui permet au médecin d’évaluer la distance que peut parcourir un patient en six minutes. Il évalue aussi son état d’essoufflement et sa fatigue liée à l’effort. La fréquence cardiaque et la teneur en oxygène dans le sang sont souvent mesurées pendant cet effort physique.

Compte tenu que le DCA est un médicament générique hors de portée de l’industrie, son approbation future à l’issue des études cliniques pourrait offrir un traitement pharmaceutique à un coût raisonnable pour le patient.

La prochaine étape pour les chercheurs ? Un essai clinique de phase 2 pour évaluer plus précisément les effets du DCA.

A savoir ! Un essai clinique de phase 2 a pour objectif de déterminer la dose optimale du médicament et son efficacité thérapeutique. Ces essais sont effectués sur un groupe d’une centaine de malades. À ce stade, la performance du médicament peut être comparée à celle d’un placebo (aucune substance active) administré à un autre groupe de patients.

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Julie P., Journaliste scientifique

Sources
– L’espoir d’un traitement par un générique couplé à la médecine de précision. lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 26 octobre 2017.
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