L’hydroxychloroquine, ni contre le Covid-19, ni pendant la grossesse !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 11 avril 2023

Hydroxychloroquine, azithromycine et ivermectine ont fait depuis le début de la pandémie l’objet de plusieurs études pour leur potentiel intérêt dans la prévention et le traitement du Covid-19. L’ANSM rappelle que ces médicaments n’ont pas fait preuve de leur efficacité dans ces indications. L’agence alerte aussi les femmes enceintes sur les risques liés à la prise d’hydroxychloroquine pendant la grossesse. Explications.

Boîte d'hydroxychloroquine.

Hydroxychloroquine, azithromycine et ivermectine inefficaces contre le Covid-19

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le débat sur l’intérêt de l’hydroxychloroquine dans la prévention et le traitement de l’infection par le SARS-CoV2 ne s’est jamais apaisé. L’ANSM vient de rappeler qu’à ce jour les données publiées n’ont pas démontré de bénéfice clinique à utiliser en prévention ou dans le traitement du Covid-19 les médicaments suivants :

  • L’hydroxychloroquine;
  • L’azithromycine;
  • L’ivermectine.

Les données de vente de ces trois médicaments coïncident avec les chiffres d’évolution de l’épidémie de Covid-19, suggérant leur utilisation. Les données publiées sur l’hydroxychloroquine, seule ou associée à l’azithromycine, n’ont pas montré d’efficacité clinique dans le traitement du Covid-19 chez l’adulte. Aucune donnée n’a été publiée chez l’enfant. Au contraire, la prise d’hydroxychloroquine expose à des effets indésirables cardiaques potentiellement graves, notamment des troubles du rythme cardiaque. De plus, l’azithromycine est un antibiotique particulièrement à risque par rapport au développement de résistance bactérienne (antibiorésistance). Il ne doit être prescrit que dans le cadre d’une infection bactérienne médicalement diagnostiquée.

Un risque de malformation congénitale

En ce qui concerne l’ivermectine, des essais randomisés contrôlés ont permis de confirmer l’absence d’efficacité clinique de ce médicament en prévention ou dans le traitement du Covid-19. Quelle que soit la dose utilisée, l’ivermectine n’apporte pas de bénéfice clinique. Sa tolérance est de plus incertaine, les doses utilisées étant supérieures aux doses prescrites dans les indications habituelles de l’ivermectine (traitement des infections parasitaires, comme la gale). L’ANSM rappelle qu’à ce jour aucune autorité de santé publique, nationale ou internationale, ne recommande l’utilisation de l’un de ces trois médicaments dans la prévention ou le traitement du Covid-19. L’agence émet également une alerte relative au risque de malformation congénitale lors de la prise d’hydroxychloroquine pendant la grossesse.

Une étude américaine a récemment comparé 2 045 grossesses au cours desquelles les femmes enceintes ont été exposées à l’hydroxychloroquine au cours du premier trimestre avec 19 080 grossesses non exposées au médicament. Les résultats ont montré une augmentation du risque de malformation congénitale chez l’enfant, lorsque la mère avait été exposée à une dose quotidienne d’hydroxychloroquine supérieure ou égale à 400 mg.

Une contraception recommandée pour les femmes en âge de procréer sous hydroxychloroquine

Les malformations congénitales observées étaient considérées comme graves, sans que la prise du médicament soit associée à un type spécifique de malformation. Pour les experts, si l’étude américaine n’a pas révélé de surrisque pour des doses inférieures à 400 mg, le risque de précaution doit s’appliquer. En France, une seule spécialité d’hydroxychloroquine est actuellement disponible pour les indications suivantes :

Les modalités de prescription et de suivi de l’hydroxychloroquine vont être modifiées pour limiter le risque de malformations congénitales en cas d’exposition in utero, de même que la notice du médicament. Une contraception est recommandée pour toutes les femmes traitées, en âge de procréer. La survenue d’une grossesse sous hydroxychloroquine doit amener à consulter immédiatement un médecin pour évaluer la poursuite ou l’arrêt du traitement.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– L’ANSM rappelle que l’hydroxychloroquine, l’azithromycine et l’ivermectine ne constituent pas des traitements du Covid-19. ansm.sante.fr. Consulté le 10 avril 2023.
– Les enfants exposés à l’hydroxychloroquine pendant la grossesse de leur mère courent un risque plus élevé de malformation grave à la naissance. ansm.sante.fr. Consulté le 10 avril 2023.