Selon les estimations, environ 100 000 femmes en âge de procréer en France sont épileptiques. En cas de grossesse, certains traitements antiépileptiques ne peuvent plus être prescrits, en raison du risque de malformations congénitales. En juin 2018, se fut le cas du valproate de sodium. Il n’est plus possible de le prescrire chez les femmes en âge de procréer. Aujourd’hui, un autre antiépileptique fait l’objet d’une attention particulière des autorités de santé publique : le topiramate. Grossesse et topiramate, quelques explications.
Topiramate et grossesse
Les traitements prescrits contre les épilepsies présentent pour certains des risques de malformations congénitales, en cas de prise pendant la grossesse. Le cas du valproate de sodium a été fortement médiatisé il y a quelques années. Les autorités de santé publique on finit par l’interdire aux femmes en âge de procréer. Mais d’autres médicaments antiépileptiques pourraient présenter des risques, notamment le topiramate.
Le topiramate est indiqué dans le traitement des épilepsies, généralisées ou partielles, seul ou en association avec d’autres antiépileptiques. Il peut également être prescrit dans le traitement de fond de la migraine chez l’adulte. Plusieurs études ont mis en évidence que l’utilisation du topiramate pendant la grossesse exposait les enfants à plusieurs risques majeurs :
– Des malformations congénitales. (fentes des lèvres et du palais (fentes labio-palatines), atteintes des organes génitaux, diminution de la taille de la tête et du cerveau (microcéphalie)) ;
– Un petit poids de naissance ;
– Des troubles neuro-développementaux, comme des troubles du spectre de l’autisme (TSA) ou une déficience intellectuelle.
Une prescription plus encadrée chez les femmes en âge de procréer
Face à de telles données, l’ANSM a demandé aux autorités de santé européennes de se pencher sur l’ensemble des données disponibles concernant le topiramate utilisé pendant la grossesse. Cet examen des connaissances actuelles pourra permettre de réévaluer le rapport bénéfice/risque du topiramate chez la femme en âge de procréer, à la fois pour traiter l’épilepsie et la migraine.
Dans l’intervalle, l’ANSM a décidé de modifier les conditions de prescription et de délivrance du topiramate (et donc de toutes les spécialités médicamenteuses qui en contiennent) chez les femmes, de la puberté à la ménopause. A compter du 2 novembre 2022, le topiramate ne pourra être prescrit la première fois à une jeune fille ou une femme en âge de procréer que par un neurologue ou un pédiatre. Cette initiation de traitement ne pourra avoir lieu qu’après la signature d’un accord de soins, attestant que la femme a bien reçu l’ensemble des informations concernant les risques encourus par le fœtus en cas d’exposition pendant la grossesse.
Anticiper le projet de grossesse avec le neurologue
Puis à compter du 2 mai 2023, cette restriction de prescription s’étendra aux femmes déjà sous traitement par le topiramate. Chaque année, les femmes devront signer un nouvel accord de soins au moment de la prescription par le médecin spécialiste. L’ANSM rappelle par ailleurs que le topiramate est déjà contre-indiqué chez les femmes enceintes ou les femmes en âge de procréer n’ayant pas de méthode de contraception efficace. Seules les femmes enceintes épileptiques dont l’épilepsie ne peut être traitée par un autre médicament peuvent se voir prescrire du topiramate, en l’absence d’alternative thérapeutique.
Pour obtenir le médicament à base de topiramate en pharmacie, les femmes en âge de procréer devront présenter la prescription annuelle du neurologue ou du pédiatre, ainsi que l’accord de soin signé. En cas de projet de grossesse, il est conseillé aux femmes de s’adresser à leur neurologue pour faire le point sur leur traitement et évaluer les alternatives thérapeutiques possibles. Aucun traitement antiépileptique ne doit être arrêté sans avis médical.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Épilepsie et grossesse. epibretagne.org. Consulté le 10 octobre 2022.