Selon l’INED, un enfant sur 30 en France est conçu grâce à une technique de Procréation Médicalement Assistée (PMA). Depuis la première Fécondation In Vitro (FIV) française dans les années 80, la question de l’impact de ces techniques sur la santé des enfants reste ouverte et suscite l’intérêt des chercheurs. Dans ce contexte, une récente étude internationale suggère que les enfants nés grâce à une technique de PMA auraient un risque majoré de développer une hypertension artérielle.
PMA et santé de l’enfant
De plus en plus d’enfants naissent en France grâce à des techniques de Procréation Médicalement Assistée, ou Assistance Médicale à la Procréation (AMP). Depuis plusieurs années, des chercheurs se penchent sur les éventuels effets des techniques utilisées en PMA sur la santé des enfants à court, moyen et long terme. Dans ce contexte, des chercheurs se sont récemment penchés sur le risque d’hypertension artérielle chez les enfants conçus par PMA.
Dans cette étude, les chercheurs ont inclus 54 enfants conçus par Procréation Médicalement Assistée, dont ils ont comparé les données médicales avec celles de 43 enfants conçus naturellement, de même âge et de même sexe. En moyenne, les enfants conçus par PMA étaient âgés de 16,5 ans et les enfants conçus naturellement de 17,4 ans. L’Indice de Masse Corporelle (IMC) moyen entre les deux groupes était similaire.
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Un risque accru d’hypertension artérielle à l’issue de la PMA
A leur inclusion dans l’étude et 5 ans plus tard, plusieurs critères ont été pris en compte pour chaque participant :
- Des critères d’évaluation de l’hypertension artérielle et de la fonction vasculaire (dilatation des vaisseaux sanguins, pouls, aspect des carotides et des artères, pression artérielle) ;
- Des critères biologiques (lipides, fonction rénale, statut inflammatoire, …) ;
- Des critères liés à la naissance (âge gestationnel, poids de naissance, âge maternel, IMC et risque cardiovasculaire maternels).
Au moment de l’inclusion, les caractéristiques biologiques et liées à la naissance étaient similaires quel que soit le mode de conception de l’enfant. En revanche, les critères de l’hypertension artérielle et de l’état vasculaire s’avéraient différents chez les enfants conçus par PMA et chez les enfants conçus naturellement.
Après 5 ans de suivi, cette différence persistait et était toujours significative. Huit enfants conçus par PMA présentaient ainsi des valeurs correspondantes à un diagnostic d’hypertension artérielle (et pouvaient donc être considérés comme hypertendus), contre seulement 1 dans le groupe des enfants conçus naturellement. De plus, la pression artérielle s’avérait beaucoup plus variable chez les enfants conçus par PMA.
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Un risque cardiovasculaire à surveiller
D’après les résultats de cette étude, les enfants conçus par PMA pourraient présenter un vieillissement vasculaire précoce, qui persisterait dans le temps. Ces résultats viennent appuyer de précédentes données recueillies par ces chercheurs, suggérant que la PMA pourrait influencer l’épigénétique associée au risque cardiovasculaire.
Compte-tenu du faible effectif d’enfants inclus dans l’étude, il est actuellement difficile de généraliser ces résultats à l’ensemble des enfants nés grâce à une technique de PMA. De plus, ces données n’indiquent pas quelle était la nature de la technique de procréation utilisée (insémination ou FIV par exemple).
Néanmoins, ces travaux révèlent l’importance de surveiller la tension artérielle des enfants et adolescents conçus par PMA, un critère qui pourrait constituer un bon indicateur d’un risque cardiovasculaire plus marqué que celui des jeunes conçus naturellement !
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie