Qu’est-ce qui explique la constante survenue d’infections nosocomiales, infections contractées en établissement de santé ? Selon la dernière enquête nationale de prévalence (ENP) des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé, 1 patient hospitalisé sur 20 est touché par une infection liée aux soins de santé et 4 200 décès lui sont attribuables chaque année. Focus sur les résultats de cette enquête réalisée tous les 5 ans par Santé Publique France.
Quel est le bilan global de cette sixième enquête ?
Pour mesurer la prévalence des infections nosocomiales, Santé Publique France a collecté les données de 80 988 patients admis dans 403 établissements de santé.
Les infections nosocomiales montrent, pour la première fois, une fréquence qui ne diminue plus puisqu’entre 2012 et 2017, elle s’est stabilisée autour de 5 %. Entre 2006 et 2012, cette fréquence avait diminué de 10 %.
Les causes principales de ces infections ? Des mesures d’hygiène insuffisantes, résistance grandissante des bactéries aux antibiotiques, ou encore vulnérabilité de certains patients.
L’enquête montre cependant des disparités puisque la fréquence de ces infections a augmenté de :
- 35 % dans les services de chirurgie et de réanimation ;
- 12 % dans les courts séjours.
À savoir ! Selon Santé Publique France, cette augmentation dans les services de chirurgie est cohérente avec les données de l’étude réalisée par Raisin (Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales) en 2016. On observe une augmentation d’incidence des infections en site opératoire dans les interventions en chirurgie orthopédique (prothèses du genou) et en chirurgie des varices des membres inférieurs. De plus, les infections contractées dans le cas d’une chirurgie digestive ou en gynécologie obstétrique, également en augmentation, pourraient être favorisées par des facteurs de risque liés au tabagisme, au diabète et à l’hypertension artérielle.
Cette fréquence a diminué de :
- 25 % dans les soins de longue durée ;
- 19% dans les soins de réadaptation.
Du côté du profil des personnes touchées, on remarque que ce sont les patients âgés de 65 ans à 84 ans qui sont les plus susceptibles d’être infectés avec un risque 2,5 fois plus important par rapport à la population totale.
De plus, les patients avec un dispositif invasif (comme une sonde urinaire, un cathéter, une assistance respiratoire) présentent un risque d’infection 4,6 fois supérieur à celui des patients sans dispositif de ce type.
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Les infections nosocomiales les plus courantes et les actions à améliorer
Les infections les plus fréquentes correspondent à :
- Des infections urinaires (comme des cystites, pyélonéphrite etc…) dans plus de 28 % des cas ;
- Des infections liées à une intervention chirurgicale dans 16 % des cas ;
- Des pneumonies dans 15 % des cas ;
- Des bactériémies (présence de bactéries dans le sang) dans 10 % des cas.
Même si leur proportion diminue depuis 5 ans, les principales bactéries en cause sont les entérobactéries, comme Escherichia coli, qui sont responsables de 25 % des cas d’infections. Juste après, on retrouve le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) qui se voit imputer 13 % des cas d’infections.
Par ailleurs, ce rapport montre que les infections dues aux staphylocoques dorés résistants à l’antibiotique méticilline (SARM) continuent de diminuer avec une baisse de 7,5 % entre 2012 et 2017.
« Cela montre que les efforts quotidiens dans les hôpitaux, notamment d’hygiène des mains, portent leurs fruits » souligne Bruno Coignard, responsable de la direction des maladies infectieuses de l’agence sanitaire Santé publique.
15 % des patients hospitalisés reçoivent un traitement antibiotique : une proportion qui diminue seulement de 1,2 % par rapport à 2012 et qui reste encore trop importante.
« Il faut poursuivre les actions en faveur du bon usage des antibiotiques. La France par rapport à ses voisins européens consomme beaucoup d’antibiotiques, donc on peut faire des progrès en la matière » ajoute le Dr Coignard.
En parallèle, Santé publique France a réorganisé les dispositifs liés à la prévention et à la surveillance des infections associées aux soins via cinq missions nationales. Cette nouvelle organisation élargit le périmètre au domaine médico-social et aux soins de ville.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Infections associées aux soins : où en sommes-nous en 2017 ? Nouvelles données, nouvelle organisation. Santé Publique France. Consulté le 14 juin 2018.