Insomnie et génétique : quels liens ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 21 mars 2019

Pour 16% des Français, chaque nuit est synonyme d’insomnies. Le stress et l’anxiété sont des facteurs clefs empêchant l’endormissement. Cependant, pour ces personnes souffrant d’insomnies chroniques, la clef de leur trouble se trouve, en partie, dans leur génome. Zoom sur les liens étroits reliant insomnies et ADN.

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Un trouble du sommeil concernant 956 gènes

Si vous êtes touchés par l’insomnie, il est fort probable que d’autres personnes de votre famille soient également affectées.

Une étude de 2015 menée par la faculté de médecine de l’université de Virginia Commonwealth à Richmond, au sein de familles, avait déjà montré que l’héritabilité de l’insomnie était de 59% chez les femmes et de 38% chez les hommes.

Pour les chercheurs, le risque d’insomnies porté par la génétique est d’au moins 30%.

Certaines preuves suggèrent que les gènes impliqués sont ceux impliqués dans la synthèse de :

  • Protéine régulant l’horloge biologique ;
  • Neurotransmetteurs impliqués dans la fonction du sommeil.

Une nouvelle étude internationale, publiée dans la revue Nature Genetics, a permis de montrer, en analysant le génome de 1,3 million de patients, que 956 gènes répartis sur 202 sites du génome sont associés à l’insomnie. C’est une étude inédite montrant le lien entre insomnie et génétique.

Les résultats indiquent que ces gènes sont impliqués dans différentes régions cérébrales comme le cortex frontal et les noyaux sous-corticaux du cerveau.

Ces gènes ont un rôle important dans la fonctionnalité des axones, prolongements des neurones qui conduisent le signal électrique. Après les structures cérébrales, les chercheurs ont également mis en évidence que les cellules cérébrales les plus impliquées dans la genèse de l’insomnie sont les neurones striataux et les neurones hypothalamiques.

« Les gènes les plus vulnérables sont ceux régulant l’humeur, l’anxiété et la faculté de gérer ces émotions » souligne Joelle Adrien neurobiologiste à l’INSERM au microphone de France Culture.

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L’influence du stress sur ces gènes de susceptibilité

En parallèle de cet inventaire des gènes impliqués dans l’insomnie, les scientifiques ont mis en évidence, une fois de plus, que la protéolyse (destruction des protéines), médiée par l’ubiquitine, est associée à l’insomnie.

À savoir ! L’ubiquitine est une petite protéine présente dans toutes les cellules. Sa fonction principale est de marquer d’autres protéines en vue de leur protéolyse.

Pour les auteurs de l’étude, les influences environnementales peuvent également façonner la manière dont ces gènes sont exprimés, liant les événements de la vie à l’insomnie.

Les événements stressants de la vie (surmenage professionnel, difficultés conjugales, décès d’une personne chère, etc.) peuvent modifier les gènes exprimés dans nos cellules sans modifier directement le code génétique.

Ce phénomène, nommé l’épigénétique, touche également les gènes impliqués dans la survenue de l’insomnie.

À savoir ! Les modifications épigénétiques sont des modifications de l’activité des gènes n’impliquant pas des modifications de l’ADN (comme les mutations). Ces modifications, induites pas l’environnement, sont réversibles et transmissibles lors de la division cellulaire.

Après avoir identifié ces centaines de localisations génétiques qui pourraient contribuer au risque global de développer une insomnie, les chercheurs espèrent :

  • Mettre en place un diagnostic individuel pour mieux prendre en charge (avec un traitement médicamenteux ou un autre type de thérapie) chaque patient insomniaque ;
  • Mettre au point de nouveaux agents pharmacologiques ciblant des neurones spécifiques impliqués dans l’insomnie;
  • Repenser la prise en charge de l’insomnie dans son ensemble car elle est associée à un fort risque de diabète de type 2, de problèmes cardiovasculaires, de dépression et de problèmes métaboliques (prise de poids).

Cette mise en évidence des facteurs génétiques est un véritable espoir pour les patients souffrant d’insomnie, le deuxième trouble mental le plus fréquent dans le monde.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Insomnies et prédispositions génétiques. Le Journal des Sciences. France Culture. Consulté le 18 mars 2019.
– Is insomnia genetic ? Medical News today. Y. Hewings-Martin. Consulté le 18 mars 2019.
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