Jeûne intermittent : des bienfaits réels, mais pas pour tout le monde

Par |Publié le : 29 mai 2025|Dernière mise à jour : 21 mai 2025|4 min de lecture|

Alterner les phases de jeûne et de prise alimentaire : le principe du jeûne intermittent paraît simple, presque ancestral. De nombreuses études ont mis en évidence des bénéfices pour la santé, notamment en matière de perte de poids. Mais cette pratique n’est pas anodine, et certaines précautions s’imposent, rappelle le Dr Julien Rousseaux, médecin nutritionniste au sein du groupe Elsan.

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Une pratique naturelle… et modulable

Le jeûne intermittent consiste à prolonger la période sans alimentation au-delà des 8 à 10 heures habituelles entre deux repas. Durant cette phase, le corps utilise d’abord ses réserves de glycogène (sucre) stockées dans le foie et les muscles, puis puise dans d’autres réserves, comme les graisses, pour continuer à fonctionner. Le format le plus connu est le « 16/8 » : 16 heures de jeûne, puis 8 heures où l’on peut s’alimenter. Autre variante : le « 5:2 », qui repose sur deux journées hebdomadaires très basses en apports énergétiques.

« Le jeûne est un processus physiologique de base, souligne le Dr Rousseaux. Notre corps est parfaitement capable de fonctionner sans apport continu de nourriture. » Il insiste aussi sur la souplesse du dispositif : « Ces rythmes peuvent s’adapter au mode de vie de chacun. Ce n’est pas une contrainte figée, mais un outil que l’on peut modeler. »

Des bénéfices démontrés à court terme

Le principal atout du jeûne intermittent est sa capacité à réduire les apports énergétiques sur la semaine, simplement parce que les personnes mangent moins. Cela favorise la perte de poids, diminue le périmètre abdominal et permet de déstocker les graisses présentes dans le foie, notamment en cas de stéatose hépatique (surcharge du foie en graisse).

« Ces effets bénéfiques sont bien réels, mais observés sur des durées courtes, précise le médecin. Les données sur les effets à long terme, notamment en prévention cardiovasculaire, sont encore limitées. » Il ajoute que pour certains patients en surpoids, notamment en amont d’une intervention chirurgicale, ce type de jeûne peut être intéressant pour diminuer la taille du foie.

Prudence pour certains publics

Le jeûne intermittent n’est pas conseillé à tout le monde. Il est contre-indiqué chez les jeunes enfants, dont les besoins énergétiques sont élevés et les réserves faibles. Il nécessite aussi un ajustement des traitements chez les personnes diabétiques sous insuline. En dehors de ces situations, il peut être pratiqué sans encadrement médical par un adulte en bonne santé.
Il reste toutefois important de ne pas transformer cette pratique en contrainte.

« Le piège, c’est de ne plus écouter sa faim et de s’imposer des règles rigides, comme ne pas manger même en cas de vraie sensation de faim », avertit le spécialiste. Selon lui, « ce sont précisément ces mécanismes qui peuvent favoriser l’effet yo-yo et la reprise de poids sur le long terme. »

Pour une approche durable, privilégier le jeûne spontané

Si l’on souhaite intégrer le jeûne intermittent dans une hygiène de vie durable, mieux vaut éviter les approches trop strictes. « L’écoute des sensations alimentaires reste le meilleur guide. Si je n’ai pas faim le matin, je peux sauter le petit-déjeuner, mais sans que cela devienne une règle fixe », conseille le Dr Rousseaux. Il évoque aussi les bénéfices d’un « jeûne spontané » qui permet de se reconnecter à soi-même, sans se couper des moments sociaux ni générer de déséquilibres.

L’activité physique est tout à fait compatible avec le jeûne. « Le corps va s’adapter, il sait puiser dans ses réserves. Ce type de jeûne n’empêche en rien la pratique d’un sport régulier », précise le médecin. En revanche, mieux vaut ne pas commencer un jeûne un jour de compétition sportive intensive.

Enfin, côté boissons, l’eau, le thé ou le café non sucrés sont autorisés pendant les périodes de jeûne. Ce qui permet de rester hydraté et de réduire les effets indésirables passagers comme les maux de tête ou l’haleine chargée. Le tout est d’éviter toute boisson sucrée, y compris les jus de fruits naturels : « Qu’il soit ajouté ou non, le sucre interrompt le jeûne », conclut le médecin.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.