En France, le marché des compléments alimentaires représentait en 2020 un chiffre de plus de 2,1 milliards d’euros, un marché qui connait une croissance constante depuis des années. Chaque année, les gammes de compléments alimentaires ne cessent de s’élargir, augmentant les choix possibles pour les consommateurs. Mais les compléments alimentaires sont-ils vraiment utiles pour la santé ? Est-il possible de les consommer sans risque ? L’ANSES a récemment fait le point sur ces questions.
Compléments alimentaires, un marché en constant essor
Le marché des compléments alimentaires ne cesse de se déployer, ciblant tous les domaines de la santé et du bien-être. La multitude des produits proposés aux consommateurs peut rendre complexe le choix. Surtout, elle interpelle sur la question de l’utilité de ces produits en vente libre, dans les pharmacies, les parapharmacies, les magasins spécialisés mais aussi dans les supermarchés ou sur internet.
Les compléments alimentaires répondent à une réglementation européenne moins contraignante que celle des médicaments. Ils se définissent comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter un régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis de compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité ».
Compléments alimentaires vs alimentation équilibrée
Cette définition des compléments alimentaires pose plusieurs questions, et soulève notamment celle de l’utilité de ces produits pour des consommateurs ayant une alimentation saine, équilibrée et diversifiée. La prise d’un complément alimentaire devrait se limiter aux personnes présentant un déséquilibre alimentaire, lié à une alimentation mal équilibrée, une carence physiologique ou une augmentation de certains besoins nutritionnels. Pour une personne en bonne santé, une alimentation saine et équilibrée devrait suffire à couvrir ses besoins nutritionnels au quotidien.
Bien sûr, il existe différentes situations où un complément alimentaire peut s’avérer utile voire nécessaire, par exemple :
- La grossesse, pendant laquelle une supplémentation en folates ou vitamine B9 est systématiquement recommandée pour prévenir une malformation congénitale grave ;
- Les pathologies chroniques, qui peuvent provoquer des carences nutritionnelles qui nécessitent d’être compensées ;
- Des troubles de l’alimentation, qui peuvent entraîner des déficits nutritionnels parfois importants.
Un usage qui peut présenter des risques pour la santé
Dans toutes ces situations, le besoin d’un complément alimentaire ou d’une supplémentation nutritionnelle est évalué par le médecin, sur la base d’éléments cliniques et biologiques. Faut-il alors limiter le recours aux compléments alimentaires aux seules prescriptions médicales ? Actuellement, les compléments alimentaires sont en vente libre et accessibles même en dehors de tout conseil d’un professionnel de santé.
Pourtant, l’usage des compléments alimentaires n’est pas anodin. Certains compléments alimentaires peuvent interférer avec des traitements médicamenteux et en compromettre l’efficacité thérapeutique. D’autres compléments alimentaires peuvent entraîner un surdosage en certains nutriments, par exemple en vitamines ou en sels minéraux, à l’origine d’effets indésirables parfois graves. A titre d’exemple, le scorbut est une pathologie liée à une carence en vitamine C, mais l’excès de vitamine C peut provoquer des calculs rénaux, altérant la fonction rénale.
L’usage des compléments alimentaires doit donc se faire de manière raisonnée, avec les conseils d’un professionnel de santé et en ayant recours à des compléments alimentaires de qualité, répondant à la réglementation européenne. Enfin, il doit rester ponctuel, limité à quelques semaines et sans multiplier les compléments alimentaires. L’alimentation équilibrée et diversifiée doit rester l’objectif premier pour couvrir les besoins nutritionnels de l’organisme.
Estelle B., Docteur en Pharmacie