Le resmeritom face à la stéatose hépatique

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Rédigé par Estelle B. et publié le 15 mars 2024

D’après une étude menée en 2019, près de 17 % des Français seraient touchés par la stéatose hépatique, parfois sans même le savoir. Les personnes les plus touchées par cette maladie seraient les personnes souffrant d’obésité et/ou de diabète de type 2. Actuellement, aucun traitement n’est disponible contre la stéatose hépatique, alors qu’elle constitue un facteur de risque de cancer du foie. Le resméritom est un candidat médicament, dont les dernières données cliniques s’avèrent prometteuses.

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Stéatose hépatique, de la NASH à la MASH

La stéatose hépatique correspond à une accumulation excessive de graisses dans les cellules du foie, les hépatocytes. Initialement, les spécialistes ont décrit une maladie, la NASH, pour stéatose hépatique non alcoolique, pour différencier les stéatoses hépatiques liées ou non à la consommation chronique d’alcool. Plus récemment, les spécialistes ont introduit une autre appellation, la MASH pour stéatose hépatique liée à un dysfonctionnement métabolique. La MASH, très difficile à distinguer sur le plan histologique des atteintes hépatiques liées à l’alcool se caractérise par deux mécanismes :

  • Une lipotoxicité, c’est-à-dire une toxicité des lipides stockés au niveau du foie ;
  • Des lésions inflammatoires des hépatocytes.

La MASH est aujourd’hui considérée comme un facteur de risque majeur de carcinome hépatocellulaire, un cancer du foie. Malheureusement, l’évolution de la MASH est souvent insidieuse, avec des patients qui ne présentent pendant longtemps aucun symptôme hépatique. Face à cette pathologie métabolique, sans doute liée à l’insulinorésistance (la résistance des tissus à l’action de l’insuline), il n’existe actuellement aucun traitement. Des thérapies sont en cours de développement, parmi lesquelles le resmeritom.

Le resmeritom, bientôt le premier traitement contre la stéatose hépatique ?

Le resmeritom est le principal candidat médicament en course pour devenir le premier traitement de la MASH. Dans un essai clinique de phase 3, dont les résultats ont été publiés début 2024 dans la revue scientifique The New England Journal of Medicine, des résultats prometteurs ont été obtenus. Le resmeritom agit sélectivement sur un récepteur des hormones thyroïdiennes, modifiant leur action sur le foie. Les hormones thyroïdiennes exercent de nombreux rôles physiologiques et métaboliques, parmi lesquels une réduction des lipides dans la circulation sanguine et une diminution de la graisse hépatique par décomposition des acides gras.

Dans l’essai clinique de phase 3, 966 patients atteints de MASH confirmée par biopsie hépatique, avec différents stades de fibrose hépatique, ont été répartis aléatoirement en trois groupes :

  • 322 patients ont reçu 80 mg de resmeritom par jour ;
  • 323 patients ont reçu 100 mg de resmeritom par jour ;
  • 321 patients ont reçu un placebo.

À savoir ! La fibrose hépatique correspond à une cicatrisation excessive des tissus hépatiques après une lésion. Elle se manifeste par l’accumulation de tissu conjonctif dans le foie, rendant les tissus hépatiques non fonctionnels.

Une efficacité prometteuse et une tolérance acceptable

Le resmeritom a montré dans cet essai une action contre la fibrose hépatique et une efficacité à réduire l’accumulation de graisses dans le foie. Une amélioration de la MASH sans aggravation de la fibrose hépatique a été observée chez plus d’un patient sur 4 traité par du resmeritom dosé à 80 mg et chez près d’un patient sur trois avec le resmeritom dosé à 100 mg. Chez les patients traités par placebo, seul un patient sur 10 voyait sa MASH se stabiliser. Le resmeritom a même permis de réduire la fibrose hépatique pour environ 1 patient sur 4 dans les deux groupes traités par le resmeritom. Le traitement par le resmeritom permettait également d’améliorer le taux de LDL-cholestérol, le « mauvais » cholestérol.

Des effets secondaires ont été recensés chez une proportion similaire de patients dans les trois groupes de l’essai. Les effets secondaires les plus fréquents avec le resmeritom étaient la diarrhée et les nausées. L’agence américaine du médicament examine actuellement les données des essais cliniques, afin de se positionner pour une éventuelle mise sur le marché du resmeritom dans les prochains mois. Il deviendrait ainsi le premier médicament contre la MASH, contribuant ainsi à lutter activement contre cette maladie métabolique, mais aussi contre le cancer du foie.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Traitement de la MASH : des résultats encourageants pour le resmetirom. pnmvh.org. Consulté le 11 mars 2024.
– A Phase 3, Randomized, Controlled Trial of Resmetirom in NASH with Liver Fibrosis.www.nejm.org. Consulté le && mars 2024.