Le stress au travail, un fléau marquant de la société moderne, serait-il capable d’impacter notre durée de vie ? Déjà pointé du doigt pour expliquer des écarts dans l’espérance de vie, une étude récente suggère que ce stress influencerait négativement le risque de mortalité, chez les hommes atteint d’une maladie cardiovasculaire ou métabolique.
Le stress au travail, facteur déterminant de l’espérance de vie
Nombreux sont les scientifiques qui cherchent à comprendre ce qui détermine précisément l’espérance de vie d’une personne. Les facteurs capables d’influencer la durée de vie sont nombreux. Dans les pays industrialisés, les études épidémiologiques mettent en évidence des écarts importants d’espérance de vie, qu’il est parfois difficile d’expliquer.
Une étude récente menée aux USA a suggéré que 10 à 38 % des écarts d’espérance de vie pourraient être expliqués par le stress au travail. Sur les 10 facteurs de stress au travail pris en compte, les plus délétères pour l’espérance de vie étaient les suivants :
- Le risque de plan social et de licenciements ;
- La précarité de l’emploi ;
- Les horaires décalés, en particulier chez les femmes.
Ainsi, le stress au travail pourrait impacter plus fortement l’espérance de vie que le niveau socio-économique ou le lieu de vie.
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Stress au travail et risque de mortalité cardiovasculaire
Dans ce contexte, des chercheurs se sont intéressés à l’impact du stress au travail sur le risque de mortalité cardiovasculaire, la mortalité cardiovasculaire étant la deuxième cause de décès en France et la première à l’échelle mondiale.
L’étude a été menée sur 7 cohortes européennes (Finlande, France, Suède, Royaume-Uni) entre 1985 et 2002. Des questionnaires spécifiques ont permis d’évaluer deux aspects du stress au travail :
- Une tension entre la demande de travail et le contrôle ;
- Un déséquilibre entre l’effort fourni et la récompense.
Différents paramètres, considérés comme des facteurs de risque cardiovasculaire, ont été déterminés au moment de l’inclusion des participants dans l’étude, notamment :
- La tension artérielle ;
- Le taux sanguin de cholestérol ;
- Le statut tabagique ;
- L’Indice de Masse Corporelle (IMC) ;
- Le niveau d’activité physique ;
- La consommation d’alcool.
Au final, 102 633 participants ont été suivis sur une durée moyenne de 13,9 ans et 3 841 sont décédés au cours de l’étude.
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Un effet marqué chez les hommes avec une maladie cardiovasculaire
Les résultats de cette étude ont montré que, chez les hommes présentant une maladie cardiovasculaire ou métabolique (comme le diabète à l’inclusion, ceux qui avaient un travail stressant avaient un taux de mortalité supérieur, et ce indépendamment de leur mode de vie. Ce risque de mortalité restait significativement plus élevé, après ajustement des différents facteurs de risque cardiovasculaire.
Cet impact du stress au travail sur le risque de mortalité était par ailleurs plus important chez les fumeurs. Les autres facteurs de risque cardiovasculaire influençaient moins l’effet du stress au travail. L’effet délétère du stress au travail sur le risque de mortalité restait significatif même chez les hommes ayant une maladie cardiovasculaire ou métabolique contrôlée grâce aux traitements et aux règles hygiéno-diététiques.
Parallèlement, chez les femmes et les personnes sans maladie cardiovasculaire ou métabolique préexistante, l’association entre un travail stressant et un risque de mortalité était faible ou absente.
Chez les hommes préalablement atteints d’une maladie cardiovasculaire ou métabolique, le stress au travail influencerait donc nettement le risque de mortalité, indépendamment du risque cardiovasculaire, des traitements et du mode de vie.
Cette étude est la plus vaste menée à ce jour pour évaluer l’impact du stress au travail sur la mortalité, en lien avec certaines pathologies chroniques. Elle apporte de nouvelles preuves de l’importance de limiter le stress lié au travail pour préserver la santé.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie