Maladie cœliaque : Comment mieux la dépister ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 4 décembre 2021

Zoom sur les recommandations de l’Académie nationale de pharmacie pour dépister la maladie cœliaque et de sa prise en charge.

Mieux dépister la maladie cœliaque

La maladie cœliaque souvent confondue avec l’intolérance au gluten

En octobre dernier, l’Académie nationale de pharmacie organisait un grand débat relatif aux relations pharmacien-patient sur le thème de l’intolérance au gluten. Il faut dire que sur les 7% des français se déclarant « intolérants au gluten », seulement 1 % d’entre eux souffre en fait d’une pathologie qu’on appelle « maladie cœliaque ».

À savoir ! On estime que 700 000 sujets seraient atteints de la maladie cœliaque en France mais seulement 10 à 20 % des cas seraient diagnostiqués.

La maladie cœliaque désigne une pathologie auto-immune intestinale qui se manifeste par une intolérance au gluten chez des sujets génétiquement prédisposés. Les patients souffrant de maladie cœliaque ne possèdent pas les enzymes nécessaires pour dégrader correctement le gluten lors de la digestion. Les éléments issus de la mauvaise dégradation du gluten sont alors à l’origine d’une réaction inflammatoire anormale pouvant conduire à terme à des lésions de la paroi intérieure de l’intestin.

Si le diagnostic s’avère relativement simple à poser chez le petit enfant à l’occasion de la diversification alimentaire, il est en revanche beaucoup plus ardu chez l’enfant plus âgé et chez l’adulte. Plus variables, les symptômes sont en effet chez eux moins parlants et pas forcément digestifs. D’où le risque que la maladie cœliaque passe inaperçue.

Par ailleurs, l’intolérance au gluten déclarée par les autres 6% de français pourrait être en fait une « sensibilité au gluten non-cœliaque » liée à la présence dans le blé d’un oligosaccharide (sucre) non digestible appelé fructane. C’est son absorption qui entraînerait des symptômes voisins de ceux de la maladie cœliaque chez certaines personnes. Un mauvais diagnostic de maladie cœliaque risque donc contraindre le patient à suivre des régimes alimentaires inappropriés. D’où la nécessité de bien différencier ces intolérances et de poser rapidement le bon diagnostic médical.

Comment établir le bon diagnostic ?

Dans ce contexte, l’Académie de pharmacie a récemment publié un communiqué contenant des recommandations pour établir un meilleur diagnostic de la maladie cœliaque. Ces recommandations s’appuient sur une démarche diagnostique codifiée et validée en 2020 par l’ESPGHAN (Société européenne de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques).

Cette démarche diagnostique préconise de démarrer par la recherche d’anticorps sériques spécifiques de la maladie dans le sang, les immunoglobulines IgA antitransglutaminase  et des IgA totales pour éliminer un déficit en IgA.

À savoir ! Au cours de la maladie cœliaque, on observe parfois un déficit en IgA. Ce phénomène a pour conséquence une fausse négativité des IgA antitransglutaminase. En revanche, un taux normal d’IgA plasmatiques avec des IgA antitransglutaminase normales permet d’écarter le diagnostic de maladie cœliaque active.

Pour l’Académie de pharmacie, chacun a son rôle à jouer pour un meilleur dépistage de la maladie cœliaque. Elle exhorte donc les patients et le grand public à se montrer vigilants si l’enfant développe des troubles digestifs et/ou que sa courbe de croissance se casse après la diversification alimentaire et l’introduction du gluten. Les adultes sont quant à eux invités à réaliser un test de dépistage avant de démarrer un régime sans gluten, en prenant conseil auprès d’un médecin ou d’un pharmacien,

À savoir ! Un régime sans gluten risque de rendre faussement négatifs les examens permettant le diagnostic de maladie cœliaque, aussi bien les autotests de dépistage que le dosage des IgA antitransglutaminases.

S’agissant des professionnels de santé, l’Académie de pharmacie les encourage à se montrer attentifs aux signes cliniques évocateurs de la maladie cœliaque rapportés par les patients, et à les « accompagner dans leur quête diagnostique ». L’éducation thérapeutique des patients pourra ainsi se faire grâce à différents outils mis à leur disposition comme des autotests validés et des supports pédagogiques. Pour un accompagnement quotidien optimal, il sera judicieux d’orienter les personnes intolérantes au gluten vers des structures appropriées comme l’Association française des intolérants au gluten.

Mieux dépister la maladie cœliaque et mieux former

Dans son communiqué, l’Académie s’adresse également aux pouvoir publics en leur suggérant de mettre en place un dépistage plus systématique de cette pathologie qu’elle estime « sous-diagnostiquée». L’utilisation d’autotests « supervisés » ou la création d’un Journée nationale de dépistage dans les pharmacies pourraient constituer des options intéressantes. L’Académie demande par ailleurs :

  • De garantir la qualité et la validité des tests diagnostiques, en particulier des autotests, qui doivent être basés sur les deux marqueurs recommandés.
  • De rendre publique la liste des autotests validés scientifiquement

L’Académie de pharmacie conclut enfin sur la nécessité  de mieux former les professionnels de santé sur le sujet de la maladie cœliaque au cours de leur parcours.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Intolérance au gluten Ne pas passer à côté d’une maladie cœliaque Mieux la dépister, c’est possible. acadpharm.org. Consulté le 2 décembre 2021.
– Intolérance au gluten : établir le bon diagnostic. egora.fr. Consulté le 2 décembre 2021.
– Si c’était le gluten ? Ne pas passer à côté d’un diagnostic utile devant une forme atypique. afdiag.fr. Consulté le 2 décembre 2021.
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