Intolérance au gluten ou maladie cœliaque


Rédigé par Charline D. et publié le 18 juillet 2024

intolérance gluten

La maladie cœliaque, encore appelée l’intolérance au gluten ou l’entéropathie au gluten, est une maladie intestinale auto-immune, liée à l’ingestion d’aliments contenant du gluten. Elle ne doit pas être confondue avec d’autres maladies liées au gluten, comme l’allergie au gluten ou la sensibilité au gluten non cœliaque (SNBC). Dans la maladie cœliaque, l’éviction totale du gluten de l’alimentation est un point clé de la prise en charge.

Qu’est-ce que la maladie cœliaque ou intolérance au gluten ?

La maladie cœliaque, également appelée l’intolérance au gluten, est une maladie intestinale chronique, d’origine auto-immune associée à l’ingestion d’aliments contenant du gluten. Cette maladie peut toucher les enfants comme les adultes à tous les âges de la vie. D’après les estimations, environ 1 % de la population européenne et jusqu’à 2 % de la population mondiale seraient touchés par la maladie cœliaque. La maladie peut toucher les hommes comme les femmes, mais les femmes seraient trois fois plus concernées que les hommes par cette pathologie intestinale.

La maladie cœliaque est marquée par une atteinte progressive de l’intestin grêle, en lien à une réaction auto-immune de l’intestin à l’ingestion de gluten. Ainsi, lors de l’absorption des nutriments qui contiennent du gluten, le système immunitaire des patients réagit à la protéine de gluten (la gliadine) par la production de plusieurs anticorps. Le gluten est constitué, entre autres, de deux types de protéines, les gliadines, en cause dans la maladie cœliaque, et les gluténines. Elles sont présentes dans : les divers blés, l’orge, le seigle, ou les espèces hybrides de ces variétés.

Les lésions intestinales provoquées par les réactions auto-immunes successives provoquent à terme la disparition des villosités intestinales, à savoir les replis de la muqueuse au niveau de l’intestin qui permettent d’augmenter l’absorption des nutriments (vitamines, minéraux, glucides, lipides).

 femme avec une intolérance au gluten

D’où vient la maladie cœliaque ?

Les causes précises de la maladie cœliaque restent encore mal connues à ce jour, mais les chercheurs mettent en cause deux types de mécanismes :

  • Un mécanisme auto-immun;
  • Une prédisposition génétique. En effet, 95 % des patients sont porteurs d’un ou deux gènes particuliers (HLA-DQ2 et/ou HLA-DQ8). Néanmoins, tous les porteurs de ces gènes ne développent pas la maladie.

D’autres facteurs pourraient intervenir dans le développement de l’intolérance au gluten, notamment des facteurs environnementaux et des comorbidités. Certaines maladies semblent en effet favoriser l’apparition d’une maladie cœliaque, notamment :

Par ailleurs, des recherches sont menées sur les aliments transformés et ultra transformés qui pourraient favoriser le développement de la maladie cœliaque.

Intolérance au gluten, hypersensibilité au gluten ou allergie au gluten ?

Quand on parle de gluten et de maladie cœliaque, nombreuses sont les personnes à se dire intolérantes au gluten. Attention cependant, il existe en réalité différentes maladies liées au gluten et qu’il convient de ne pas confondre :

  • La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une maladie auto-immune, avec une prédisposition génétique. Son apparition est progressive et associée à l’apparition de lésions intestinales ;
  • L’hypersensibilité au gluten correspond à la survenue de troubles digestifs mineurs (ballonnements, gêne) en cas de consommation d’aliments riches en gluten. Elle est souvent associée au syndrome du côlon irritable ;
  • Les allergies au gluten, qui sont généralement des allergies au blé et à ses dérivés, sont des réactions allergiques, plus ou moins graves, et entraînant des symptômes allergiques (eczéma, urticaire, rhinite, œdème de Quincke, …). A nouveau, aucune lésion intestinale n’est retrouvée dans ce contexte.

À savoir ! Les spécialistes décrivent une forme particulière de maladie liée au gluten, la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC). Cette pathologie ressemble à l’hypersensibilité au gluten, avec des patients qui décrivent des symptômes intestinaux et non intestinaux, après la consommation d’aliments riches en gluten.

Il est essentiel de différencier la maladie cœliaque des autres maladies liées au gluten, afin de mettre en place la prise en charge la plus adaptée.

Comment reconnaître la maladie cœliaque ?

Contrairement aux idées reçues, l’intolérance au gluten reste longtemps silencieuse, sans symptômes, puis avec des signes très mineurs, qui passent souvent inaperçus. Ainsi, les patients intolérants au gluten restent longtemps, parfois toute leur vie, sans symptôme. Ce phénomène explique pourquoi les patients sont diagnostiqués souvent tardivement, généralement au moins 10 ans après le début de la maladie.

Lorsqu’ils existent, les symptômes de la maladie cœliaque sont digestifs. Par ailleurs, ils varient selon l’âge de survenue de la maladie.

Chez le nourrisson, les premiers symptômes de l’intolérance au gluten se développent quelques semaines après l’introduction du gluten dans l’alimentation. Ils se traduisent par la survenue de diarrhées chroniques (pendant plus de 15 jours) avec des selles abondantes. Le nouveau-né manque d’appétit, et il est moins actif. Parfois, son poids diminue, et sa croissance peut être perturbée.

Chez l’enfant, on peut voir deux types de symptômes :

  • Les troubles digestifs, type diarrhée chronique ou intermittente associée à des nausées, vomissement, et éventuellement un manque d’appétit. Parfois, le jeune patient se plaint également de douleurs abdominales ou de gaz intestinaux ;
  • Les troubles non digestifs comme une perte de poids ou un retard de croissance, une fatigue chronique, une irritabilité, une anémie en lien avec un manque de fer, un retard de puberté, une aménorrhée, des aphtes à répétition, une dermatite (démangeaisons et apparition de cloques).

Chez l’adulte, il existe également :

  • Les manifestations digestives dont une diarrhée chronique ou parfois au contraire une constipation, des douleurs abdominales, des ballonnements, des flatulences et une perte de poids ;
  • Les manifestations non digestives comme une fatigue prolongée, une anémie liée à un manque de fer ou de vitamine B9, des aphtes à répétition, une dermatite herpétiforme (démangeaisons cutanées et poussées de cloques groupées en bouquets), une fracture en lien avec une ostéoporose, une stérilité inexpliquée ou une neuropathie périphérique (atteintes des nerfs des membres).

Les lésions intestinales provoquant la disparition des villosités intestinales altèrent l’absorption des nutriments, ce qui explique la survenue des symptômes non digestifs. Tous ces signes ne sont pas spécifiques de la maladie cœliaque. Ils peuvent révéler une autre pathologie. La présence de tels signes doit amener à consulter pour en rechercher la cause.

Comment établit-on le diagnostic d’une maladie cœliaque ?

D’après l’Association Française des intolérants au gluten (AFDIAG), seulement 10 à 20 % des patients touchés seraient diagnostiqués. A l’inverse, de nombreuses personnes se disent intolérantes au gluten, alors qu’elles souffrent d’une hypersensibilité et non d’une maladie cœliaque. Le diagnostic médical de la maladie est donc essentiel pour s’assurer de l’existence ou non de lésions intestinales. Sans traitement, l’intolérance au gluten expose en effet à des risques plus importants de cancers du tube digestif, de stérilité, d’ostéoporose, de cancers des voies aérodigestives supérieures et du foie, et de retard de croissance chez l’enfant.

Une intolérance au gluten est évoquée lorsque le patient présente les symptômes caractéristiques de la maladie, et qu’ils sont inexpliqués par une autre pathologie. Cette maladie est d’autant plus suspectée si il existe un parent proche du patient atteint de la maladie cœliaque.

L’établissement du diagnostic nécessite des tests complémentaires effectués par un médecin gastro-entérologue. Une prise de sang permet de mettre en évidence les anticorps spécifiques de la maladie cœliaque. Des tests génétiques permettent de mettre en évidence une éventuelle prédisposition génétique.

La confirmation du diagnostic d’intolérance au gluten nécessite des biopsies de l’intestin grêle lors d’une endoscopie digestive haute, qui permet de mettre en évidence les lésions intestinales. L’endoscopie digestive haute permet, en effet, d’observer la partie supérieure de l’appareil digestif, à savoir l’œsophage, l’estomac et le duodénum (partie haute de l’intestin grêle). On parle également d’ « endoscopie gastroduodénale » ou de « fibroscopie gastroduodénale ».

Quels sont les traitements de l’intolérance au gluten ?

Le traitement de la maladie cœliaque repose sur une éviction totale du gluten de l’alimentation. Bien que contraignante, cette mesure diététique reste le seul traitement efficace sur l’intolérance, par ailleurs, il est dépourvu d’effet indésirable et évite la survenue de complications. Le régime sans gluten est un traitement à vie qui impose l’éviction de nombreux aliments. Attention, ce régime n’est indiqué qu’après la confirmation du diagnostic de maladie cœliaque. Il n’est pas conseillé sans avis médical préalable. Pour ces patients, le régime sans gluten n’est pas un effet de mode, mais une véritable nécessité pour leur santé.

Le régime sans gluten consiste à exclure de l’alimentation du patient tous les aliments contenant du gluten, à savoir : les blés, l’orge, le seigle et les céréales hybrides. Ainsi, il est interdit de consommer :

  • Du pain, des viennoiseries et des pâtisseries ;
  • Des pâtes ;
  • Des biscuits ;
  • La majorité des céréales conçues pour le petit-déjeuner ;
  • Les aliments frits ou panés ;
  • Les pains de viande (ou poisson) composés de farine ou de chapelure ;
  • Les soupes industrielles ;
  • Les desserts ou sauces à base de farine de blé ;
  • La bière.

A noter ! Le gluten est également présent dans la charcuterie, le sucre glace, les mélanges d’épices et d’assaisonnements, et les médicaments. Adopter un régime 100 % sans gluten nécessite de bien décrypter les étiquettes et de fréquenter assidument les rayons sans gluten.

À savoir ! Depuis quelques années, le règlement européen fixe la composition des aliments convenant aux patients intolérants au gluten. Ainsi, les aliments pouvant être consommés disposent de la mention « sans gluten » sur l’emballage.

Les aliments contenant du gluten peuvent être remplacés par du riz, du maïs, du sarrasin, des pommes de terre, etc. Un suivi diététique et nutritionnel est recommandé pour couvrir les besoins nutritionnels en éliminant le gluten.

En complément du régime sans gluten, pilier de la prise en charge, d’autres traitements peuvent être nécessaires en fonction des conséquences de la maladie :

  • Une supplémentation en fer en cas d’anémie ;
  • Une supplémentation en vitamine D pour prévenir l’ostéoporose ;
  • Une réadaptation nutritionnelle en cas de malnutrition associée dans les formes sévères.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Intolérance au gluten (maladie cœliaque). www.ameli.fr. Consulté le 10 juillet 2024.
– Sensibilité au gluten non cœliaque : Comment la diagnostiquer et la distinguer de la maladie cœliaque. www.celiac.ca. Consulté le 10 juillet 2024.

 

 


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