La dermite séborrhéique est une maladie cutanée inflammatoire chronique, reconnaissable à des plaques rouges recouvertes de squames blancs ou jaunâtres au niveau du visage ou du cuir chevelu. Evoluant par poussées successives, cette maladie peut survenir dès la petite enfance et se poursuit jusqu’à un âge avancé. Après un diagnostic clinique, le traitement associe différents médicaments locaux. Des soins quotidiens adaptés peuvent aussi prévenir les poussées.
Définitions et symptômes de la dermite séborrhéique
Qu’est-ce que c’est ?
La dermite séborrhéique, encore appelée la dermatite séborrhéique, est une maladie cutanée inflammatoire et chronique, caractérisée par des plaques rouges recouvertes de pellicules ou squames grasses, blanches à jaunâtres qui se développent en particulier au niveau des zones où la sécrétion de sébum est maximale (zones séborrhéiques), c’est-à-dire :
- Le cuir chevelu ;
- Le visage ;
- Le long de la ligne des cheveux ;
- Autour des oreilles et dans le conduit auditif ;
- Le sillon entre le nez et les joues ;
- Les lèvres ;
- La zone autour des sourcils.
À savoir ! Le sébum correspond au film lipidique, sécrété par les glandes sébacées de la peau. Il joue plusieurs rôles importants pour la peau : avec la sueur, il protège la peau du dessèchement et il participe à la régulation de la flore cutanée, en favorisant le développement de certaines espèces et en ayant un rôle nourricier pour une partie de la flore
La dermite séborrhéique est une pathologie cutanée fréquente, puisqu’elle touche entre 1 et 3 % des Français, avec un pic de fréquence entre 18 et 40 ans. La maladie se développe le plus souvent dès le plus jeune âge, au cours des trois premiers mois de vie, et persiste tout au long de l’enfance, de l’adolescence, de l’âge adulte et jusqu’à un âge avancé. Les hommes sont plus touchés que les femmes, avec un rapport de fréquence d’une femme pour six hommes.
À savoir ! Chez les nourrissons, survient souvent une dermite séborrhéique particulière, connue sous le nom des croûtes de lait. Les lésions cutanées se retrouvent alors sur le cuir chevelu, mais aussi au niveau des fesses (érythème fessier) et des replis cutanés
La dermite séborrhéique n’est pas contagieuse, mais elle est souvent héréditaire. La fréquence des poussées et l’intensité des symptômes peuvent être aggravées par plusieurs facteurs :
- Le froid ou au contraire la chaleur et l’humidité ;
- Le stress, qu’il soit physique ou émotionnel ;
- La sécrétion excessive de sueur (hypersudation) ;
- L’application de corps gras ou de lotions cutanées à base d’alcool ;
- Une hygiène corporelle insuffisante ;
- Une consommation abusive et chronique d’alcool ;
- Le surpoids et l’obésité ;
- La grossesse ;
- L’immunodépression et le VIH, associé à une forme particulière de dermite séborrhéique ;
- La maladie de Parkinson ou la prise de certains médicaments comme les neuroleptiques ;
- Un cancer de la sphère ORL (cancers de la bouche, du pharynx ou de la gorge).
L’origine exacte de la dermite séborrhéique n’est pas connue. Les spécialistes supposent que le sébum et la prolifération de certaines levures de la flore cutanée, les Malassezia, seraient impliqués dans la physiopathologie des lésions. En se développant de manière anormale dans les zones riches en sébum, les levures Malassezia provoqueraient deux phénomènes complémentaires :
- Une réaction inflammatoire à l’origine des plaques rouges érythémateuses ;
- Une accélération du renouvellement cellulaire à l’origine des squames et pellicules.
Quels symptômes ?
La dermite séborrhéique se développe progressivement et évolue par poussées successives, dont la fréquence peut considérablement varier d’une personne à l’autre. Les principaux signes cliniques comprennent :
- L’apparition de plaques rouges au niveau de certaines zones séborrhéiques de la peau ;
- Le développement de pellicules ou squames blancs à jaunâtre ;
- Parfois des démangeaisons et une sensation de brûlure, en particulier au niveau du cuir chevelu ;
- Plus rarement, une chute de cheveux dans les formes sévères.
Dans les formes les plus sévères, les lésions peuvent s’étendre à d’autres zones de la peau, telles que :
- Le thorax (médaillons ronds et ovales entre les deux mamelons) ;
- Les aisselles ;
- Le haut du dos ;
- Les cils, pouvant entraîner un orgelet (infection du follicule pilo-sébacé du cil, généralement provoqué par un staphylocoque doré), une blépharite (inflammation des paupières) ou une conjonctivite ;
- Les plis cutanés, notamment chez les sujets en surpoids.
Entre les poussées, la peau retrouve peu à peu son aspect normal, mais reste fragile face à toute agression (frottement, produits irritants). Lors d’une nouvelle poussée, les plaques rouges réapparaissent, puis les squames et les pellicules. Chez certaines personnes, seule une zone de la peau est concernée (souvent le cuir chevelu), tandis que chez d’autres personnes, plusieurs zones cutanées sont touchées simultanément.
La dermite séborrhéique est une maladie bénigne, mais elle peut avoir un impact important sur la qualité de vie, en raison des symptômes visibles de la maladie (plaques, squames, pellicules sur les vêtements, …).
Diagnostic et traitements de la dermite séborrhéique
Quel diagnostic ?
La dermite séborrhéique ne nécessite pas systématiquement une consultation médicale, surtout lorsqu’il s’agit d’une forme légère, limitée au cuir chevelu. En revanche, certaines situations nécessitent une consultation médicale pour confirmer le diagnostic et instaurer un traitement adapté :
- Lorsque les mesures d’hygiène corporelle et l’utilisation d’un shampoing antipelliculaire restent sans effet notable sur l’évolution des lésions cutanées ;
- Les plaques s’étendent au visage ou à d’autres zones du corps ;
- Les plaques deviennent suintantes, purulentes, très rouges et/ou douloureuses.
Le diagnostic de la dermite séborrhéique repose sur deux éléments cliniques :
- L’aspect de la peau et des lésions cutanées ;
- La localisation caractéristique des lésions.
Ce diagnostic peut être posé par le médecin traitant ou un dermatologue. Dans la majorité des cas, aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Néanmoins, en cas de lésions très étendues et importantes, le médecin peut rechercher un facteur d’aggravation de la dermite séborrhéique, par exemple :
- Des examens sanguins pour rechercher une immunodépression ;
- Un dépistage du VIH.
Quels traitements ?
Dans les formes légères de dermite séborrhéique, qui restent limitées au cuir chevelu, les patients peuvent utiliser un shampoing spécifique, à base de principes actifs tels que le pyrithione zinc, le piroctone olamine, le sulfure de sélénium ou l’acide salicylique. Ce type de shampoing est disponible sans ordonnance en pharmacie, mais ils sont contre-indiqués :
- Chez les femmes enceintes ;
- Pour certains types de cheveux.
Dans les formes étendues au visage et d’autres zones du corps et/ou lorsque le shampoing reste sans effet, un traitement médical local (shampoings, crèmes, gels moussants, …) devient nécessaire. Plusieurs médicaments peuvent être utilisés :
- Des antifongiques, d’abord appliqués deux fois par semaine, puis une fois par semaine et enfin une fois tous les 15 jours ;
- Des corticoïdes dont l’usage doit rester ponctuel, compte tenu du risque de rechute à l’arrêt et des effets secondaires de ces médicaments (atrophie de la peau, dépigmentation, éruption cutanée ;
- Le gluconate de lithium à l’action anti-inflammatoire ;
- Des shampoings spécifiques ;
- Plus rarement des inhibiteurs de la calcineurine, des immunosuppresseurs puissants réservés aux formes sévères et aux traitements de longue durée.
Le plus souvent, ces traitements doivent être répétés à chaque nouvelle poussée, car ils ne permettent pas de guérir définitivement la dermite séborrhéique.
À savoir ! Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les croûtes de lait peuvent être réduites grâce à l’application en massage d’une huile minérale ou végétale, suivie de l’utilisation d’un shampoing doux seulement deux fois par semaine. Les lésions cutanées peuvent être traitées par une crème à base de corticoïdes, voire d’antifongiques dans les formes plus sévères
Les traitements de la dermite séborrhéique doivent absolument s’accompagner de quelques bonnes habitudes au quotidien, pendant et entre les poussées :
- Une hygiène douce de la peau et des cheveux : supprimer les savons antiseptiques, éviter les cosmétiques parfumés, alcoolisés, gras ou potentiellement irritants pour la peau, privilégier un pain sans savon ou un nettoyant doux ;
- Une toilette du visage deux fois par jour, sans frotter, suivie de l’application d’une crème hydratante et apaisante ;
- Un lavage des cheveux avec un shampoing doux, en supprimant les produits de coiffage et en évitant les colorations capillaires ;
- La réduction des facteurs déclencheurs ou aggravant : le surpoids, le stress, l’hypersudation, l’abus d’alcool, les températures extrêmes ;
- Une protection solaire systématique en cas d’exposition au soleil.
A noter ! Il est absolument indispensable de ne pas se gratter même si c’est difficile !
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Dermatite séborrhéique : que faire ? ameli.fr. Consulté le 3 mars 2021.
– Dermatite séborrhéique de l’adulte : diagnostic et traitement. ameli.fr. Consulté le 3 mars 2021.
– Dermatite séborrhéique. msdmanuals.com. Consulté le 3 mars 2021.