Une dyschromie est une anomalie de coloration de la peau. Parmi les dyschromies, on distingue les hyperchromies (taches de rousseur, masque de grossesse, etc.) et les hypochromies (vitiligo, pityriasis versicolor) qui se traduisent par une hyperpigmentation ou au contraire une hypopigmentation de la peau. Une dyschromie peut être isolée et bénigne, ou bien être associée à un syndrome plus sévère. Le diagnostic de ce type d’affection est clinique. La prise en charge d’une dyschromie dépend de son origine. De façon générale, elle consiste à traiter la cause de la dyschromie lorsqu’elle existe, à éviter l’agent responsable du trouble et à utiliser des soins repigmentant ou dépigmentant selon les cas.
Définition et symptômes d’une dyschromie
Une coloration cutanée anormale
Une dyschromie correspond à une modification de la couleur de la peau d’origine pathologique. Ce terme est issu du mot grec « khrôma » qui signifie couleur.
Cette modification de la coloration cutanée résulte d’un excès ou au contraire d’un défaut de pigment de mélatonine. Ainsi, suivant les cas, on parle d’hyperchromie, d’hypochromie voire d’achromie.
La couleur normale de la peau est dépendante de deux paramètres, du phototype de chaque individu et de son exposition solaire.
La couleur dite constitutive correspond au reflet de la pigmentation mélanique qui est génétiquement déterminée, tandis que la couleur inductive est celle obtenue par le bronzage. Par ailleurs, chez une même personne, la pigmentation de la peau varie selon la zone corporelle. Les zones les plus exposées aux rayons du soleil sont plus bronzées, ainsi que les plis et les organes génitaux externes.
La couleur de la peau est essentiellement liée à la présence de mélanine, un pigment dont le rôle majeur est de protéger l’épiderme des rayons ultraviolets.
La présence de macules pigmentées sur la peau est due à l’accumulation de pigment mélanique ou non (tatouage, fer en cas d’hémochromatose) dans l’épiderme ou le derme. Les macules peuvent être localisées, par exemple en cas de masque de grossesse ou chloasma, ou généralisées, notamment en cas de mélanodermie de la maladie d’Addison.
Dans d’autres cas, les macules sont hypochromiques ou achromiques en cas de diminution ou d’absence de mélanocytes dans l’épiderme. Elles se traduisent alors par la présence de tâches claires, par exemple en cas de vitiligo ou de pityriasis versicolor.
Les manifestations d’une dyschromie
Les hyperchromies
Parmi les hyperchromies les plus fréquentes, on trouve les taches de rousseur, aussi appelées éphélides. Les taches n’excèdent pas quelques millimètres et sont de couleur brun clair. Elles sont particulièrement rencontrées chez les individus roux aux yeux bleus. Elles apparaissent dans l’enfance et sont localisées au niveau du visage et des zones exposées au soleil. Leur coloration est accentuée après une exposition solaire.
Les lentigines correspondent à des macules hyper pigmentées de couleur brune-noire de quelques millimètres. L’exposition solaire ne modifie pas leur aspect. Elles sont parfois associées à des syndromes complexes.
Les taches café-au-lait sont des macules brun clair arrondies aux contours plus ou moins réguliers et dont la taille varie de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres.
Les taches mongoliques sont de couleur gris-bleu et de taille variable (quelques millimètres à plusieurs centimètres). Elles sont fréquentes chez les individus asiatiques ou noirs. Les taches mongoliques sont présentes à la naissance et disparaissent dans l’enfance.
Le chloasma ou masque de grossesse correspond à une hyperpigmentation dans la partie supérieure du visage. La tache est généralement bilatérale et asymétrique. Deux origines sont possibles : une stimulation hormonale (grossesse, contraception), ou une stimulation par les ultraviolets. La coloration du chloasma s’accentue en été avec l’exposition solaire.
A noter que lors d’une grossesse, l’hyperpigmentation survient aussi sur la ligne abdominale, les aréoles mammaires, les cicatrices et les muqueuses génitales.
L’hyperpigmentation post-inflammatoire est également un type de dyschromie. En effet, des taches résiduelles peuvent persister après guérison d’une dermatose.
Parmi les hyperchromies d’origine pathologique, on trouve les hypermélanoses métaboliques, dont l’hémochromatose, et les hypermélanoses endocriniennes dont la maladie d’Addison.
Enfin on trouve les dyschromies d’origine exogène. Elles peuvent être volontaires (tatouages) ou accidentelles (argyrie ou intoxication à l’argent par exemple).
Les hypochromies
Un éclaircissement localisé ou diffus de la peau, appelé leucodermie, est dû à un manque de pigment qui peut résulter d’une diminution du nombre de mélanocytes ou d’un défaut de synthèse de mélanine.
Les albinismes oculo-cutanés font partie des hypochromies. Ce sont des maladies génétiques qui associent une hypomélanose en lien avec un défaut de synthèse de mélanine à des troubles oculaires caractéristiques.
Le vitiligo se caractérise par la survenue de taches blanches, disséminées mais dont la confluence peut aboutir à une dépigmentation généralisée.
Il existe également des hypochromies d’origine infectieuse, par exemple le pityriasis versicolor qui est dû à un champignon, ou des hypochromies d’origine inflammatoire en association avec un lupus ou un eczéma.
Enfin, on peut citer les hypochromies par agents chimiques (brûlures) ou physiques (rayon UV, froid).
Dyschromie, diagnostic et traitement
Le diagnostic clinique d’une dyschromie
Le diagnostic d’une dyschromie repose sur un examen clinique des lésions associé à un interrogatoire du patient. En effet, ce dernier est important car certains éléments ne sont pas toujours spontanément indiqués par les patients.
Le médecin essaye de déterminer le caractère congénital ou acquis de l’affection, mais aussi la date de survenue des symptômes, le rôle du rayonnement solaire, les traitements entrepris et leurs résultats et la notion d’une phase inflammatoire précédent l’affection.
Lors de l’examen clinique, la couleur de l’hyperchromie est un élément diagnostic capital :
- Brun – noir, généralement liée à une surcharge en mélanine au niveau de l’épiderme ;
- Gris – bleuté, évoque une hypermélanose dermique ou une surcharge en pigments normalement non présents dans la peau.
Concernant l’hypochromie, le caractère total ou partiel de la décoloration est recherché, ainsi que l’existence de lésions associées (rougeur, papule, etc.).
Traitement de la cause et soins locaux
La prise en charge des hyperchromies inclut plusieurs approches :
- L’éviction, qui est la première des mesures à prendre. Il est recommandé de supprimer toute exposition solaire prolongée et d’utiliser des crèmes solaires adaptées ;
- Les produits dépigmentant, principalement des peroxydes ;
- Un traitement au laser en cas de lésion pigmentaire ou pour les tatouages.
Le traitement des hypochromies repose principalement sur la prise en charge de la cause, par exemple un traitement antifongique en cas de pityriasis versicolor, l’éviction d’un agent dépigmentant, etc.
En cas de vitiligo, plusieurs traitements peuvent être prescrits.
Des dermocorticoïdes ou immunosuppresseurs locaux en cas de vitiligo localisé. Ces médicaments permettent de diminuer l’activité du système immunitaire pour empêcher la destruction des mélanocytes par ce dernier. Ils doivent être appliqués une fois par jour pendant plusieurs mois. La cryothérapie peut également être prescrite pour obtenir une repigmentation. Lorsque le vitiligo est stable et peu étendu, après échec des précédentes thérapeutiques, un traitement chirurgical (greffe de mélanocytes) peut être proposé. Il consiste à greffer au patient ses propres mélanocytes, prélevés sur des zones bien pigmentées. Enfin, la photo-chimiothérapie orale est l’un des seuls traitements qui permet d’espérer une repigmentation des zones lésionnelles d’un vitiligo.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Dyschromie. www.academie-medecine.fr. Consulté le 2 mai 2023.