Hirsutisme


Rédigé par Charline D. et publié le 22 octobre 2019

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L’hirsutisme est un trouble féminin caractérisé par un développement excessif de la pilosité dans des zones du corps où les poils se développent d’ordinaire que chez les hommes. Par exemple, au niveau du menton. Jusqu’à 15% des femmes sont concernées.

Définition et symptômes de l’Hirsutisme

A propos des poils

Les poils sont utiles. Ils jouent, en effet, un rôle important dans le réchauffement corporel.  Chaque poil est relié à un petit muscle qui permet de dégager de la chaleur en cas de contraction à cause d’un refroidissement. On parle du phénomène de « chair de poule ». Une glande sébacée est associée à chaque poil, l’ensemble forme le follicule pilo-sébacé. La glande sébacée sécrète le sébum qui est évacué par les pores de la peau et permet de la protéger. Par ailleurs, les poils permettent au corps de se refroidir et aident à prévenir la déshydratation en absorbant la sueur.

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A l’exception de la paume des mains et de la plante des pieds, la totalité du corps humain est recouvert de poils. Leur aspect (couleur, épaisseur) varie selon les zones du corps et les caractéristiques de chacun. La pigmentation du poil résulte de l’activité des mélanocytes au niveau de son bulbe. Leur développement est dépendant des variations hormonales. Ainsi, les hommes et les femmes ne disposent pas de la même répartition des poils.

Lorsqu’une fille naît, elle dispose des mêmes capacités de pilosité qu’un garçon. C’est en grandissant que les différences deviennent visibles sous l’action des hormones androgènes (ou masculines). Alors la pilosité varie naturellement selon l’âge. Avant la puberté, une petite fille ou un petit garçon dispose d’une pilosité de base à savoir : les cheveux, les cils, les sourcils et quelques poils sur les bras et les jambes. Lors de la puberté, le taux d’hormones androgènes augmente et la pilosité au niveau des aisselles et du pubis se développe chez les deux sexes. Cependant, le taux d’hormones androgènes est bien moins élevé chez les femmes et reste insuffisant pour permettre le développement de zones pileuses masculines comme le torse, le visage, les cuisses, etc. A noter que chez certaines femmes, notamment d’origine méditerranéenne, un duvet peut se manifester dans les zones dites masculines, par exemple au niveau des joues ou de la lèvre supérieure. On ne parle pas d’hirsutisme dans ce cas, mais juste d’une variabilité inter individuelle. Après la ménopause, le taux d’hormone peut beaucoup varier d’une femme à une autre. Ainsi, certaines peuvent souffrir d’hyperpilosité localisée.

À savoir ! Il est courant que des poils se développent autour du nombril, des mamelons ou à l’intérieur des cuisses chez les femmes en cas de variations hormonales. Par exemple lors de la puberté ou d’un changement de pilule

Qu’est-ce que l’hirsutisme ?

Parmi les diverses anomalies pileuses qui peuvent exister chez une femme, il faut distinguer un simple excès de pilosité de l’hirsutisme.

Un excès simple de pilosité, aussi appelé hypertrichose, correspond au développement excessif de poils, généralement sous forme d’un duvet, dans des régions déjà pileuse chez la femme. Cet excès n’est pas pathologique, en revanche il peut être due à la prise de certains médicaments (corticoïdes, ciclosporine) ou à un surpoids.

L’hirsutisme correspond à un développement anormal et excessif de la pilosité dans des zones où les poils ne se développent pas chez une femme comme par exemple au dessus de la lèvre supérieure, au niveau du menton, dans le dos, sur le ventre, etc.

Ce trouble débute souvent aux alentours de la puberté. L’hirsutisme est lié à un déséquilibre hormonal  (présence excessive d’hormones masculines) qui prend généralement origine dans les ovaires ou les glandes surrénales.

Cette pathologie est généralement liée à des facteurs génétiques, mais elle peut aussi être en lien avec la prise de certains traitements (hormones, stéroïdes anabolisants) ou la présence de certaines pathologies. La cause la plus fréquente d’hirsutisme est le syndrome des ovaires polykystiques. Près de 5% des femmes en sont atteintes.

Quels sont les symptômes ?

Dans la plupart des cas, l’hirsutisme se manifeste dès les premières menstruations, et s’accentue au fil du temps.

Un hirsutisme se traduit par l’apparition de poils longs, épais, durs et très pigmentés, dans des localisations d’ordinaire masculines (menton, joue, aréole des seins, ligne de l’abdomen, haut des cuisses).

D’autres manifestations liées à l’excès d’hormones androgènes peuvent être associées :

  • acné ;
  • chute des cheveux ;
  • irrégularité des règles ;
  • voix plus masculine ;
  • hypertrophie des muscles et du clitoris ;
  • trouble de l’ovulation ;
  • modification du comportement psychosexuel,

Lorsque l’hirsutisme s’accompagne des signes de masculinisation évoqués ci-dessus, on parle de virilisme.

Diagnostic et traitement de l’Hirsutisme

Quel diagnostic ?

L’hirsutisme est diagnostiqué grâce à un bilan médical de la pilosité. Ce bilan permet de choisir le traitement le plus adapté à la patiente.

L’apparition de poils dans des zones masculines chez une femme doit la mener à consulter un dermatologue, un gynécologue ou un endocrinologue. Souvent, un simple interrogatoire associé à un examen clinique permet de poser le diagnostic.

L’excès de pilosité est évalué par le score de Ferriman et Gallwey.  Une cotation de 0 à 4 est attribuée à la pilosité observée dans 9 zones du corps sensibles aux androgènes :

  • La lèvre supérieure ;
  • Le menton ;
  • La poitrine ;
  • Le haut du dos ;
  • Le bas du dos ;
  • L’abdomen inférieur ;
  • L’abdomen supérieur ;
  • Les bras, cuisses et jambes ;
  • Les avant-bras.

Un score égale ou supérieur à 8 permet de mettre en évidence un hirsutisme qui est d’autant plus sévère que le score est élevé.

Selon la cause suspectée, divers examens peuvent être réalisés : bilan hormonal par dosage sanguin, échographie, IRM, etc.

Quel traitement ?

Le traitement dépend de l’origine du trouble. L’hirsutisme peut être révélateur d’une maladie, qu’il faut alors rechercher et prendre en charge. Généralement, il repose sur l’utilisation d’anti androgènes (acétate de cyprotérone). Un traitement cosmétique (épilation, laser) est très souvent associé.

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Lors d’un dérèglement hormonal, une contraception hormonale peut être mise en place, voire un traitement à base d’acétate de cyprotérone dans les cas les plus sévères. L’objectif de ce traitement est de diminuer la production d’androgènes ou de bloquer leur action sur le poil. Il est prescrit en l’absence de toute contre indications, à la plus petite dose possible et le moins longtemps possible en raison d’un risque de survenue de méningiome lorsque l’utilisation est prolongée.

Lorsque c’est un traitement qui est suspecté d’avoir déclenché un hirsutisme, celui-ci est arrêté ou remplacer.

Par ailleurs, il faut souvent envisager en complément, une perte de poids, une augmentation de l’activité physique et un soutien psychologique compte tenu du caractère exposant de la maladie.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Pilosité de la femme : ce qui est normal, ce qui l’est moins. ameli.fr. Consulté le 20 septembre 2019.
– hirsutisme. larousse.fr. Consulté le 20 septembre 2019.
– Hirsutisme (pilosité excessive). chuv.ch. Consulté le 20 septembre 2019.

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