Hémorragie digestive


Rédigé par Charline D. et publié le 17 juin 2022

appareil digestif

Une hémorragie digestive est une urgence vitale, elle correspond à un saignement du tube digestif. Elle peut être haute ou basse selon l’organe affecté. L’ulcère gastroduodénal représente une cause majeure d’hémorragie digestive. Bien que pouvant survenir à tout âge, l’hémorragie digestive concerne plus volontiers les personnes âgées suivant un traitement au long cours (anticoagulants, anti-inflammatoire, etc.).

Hémorragie digestive, définition et symptômes

Une hémorragie digestive correspond comme son nom le suggère à un saignement de l’appareil digestif.

On distingue les hémorragies digestives hautes et les hémorragies digestives basses. Les premières sont localisées en amont de l’angle duodénojéjunal et peuvent concerner l’œsophage, l’estomac ou le premier segment de l’intestin grêle, tandis que les secondes sont situées en aval et affectent surtout le côlon et le rectum.

illustration du tube digestif

80% des hémorragies digestives sont hautes. On estime qu’il y a environ 143 cas d’hémorragie digestive pour 100 000 habitants, par an, en France. L’âge moyen des patients concernés par l’affection est de 60 à 70 ans.

Hémorragies digestives hautes et basses

Les hémorragies digestives hautes sont plutôt causées par les ulcères gastroduodénaux ou les varices œsophagiennes. De manière générale, le taux de mortalité des hémorragies digestives hautes oscille entre 2 et 10%. Celui-ci est plus important en cas de pathologie associée. A noter que les hémorragies digestives hautes chez une personne hospitalisée ou liées à une rupture de varice sont plus graves, leur taux de mortalité est compris entre 15 et 25%.

Les hémorragies digestives basses font plus volontiers suite à des troubles colorectaux comme les hémorroïdes, fissures anales ou cancers recto-coliques. Le taux de mortalité des hémorragies digestives basses varie entre 2 et 8%, voire parfois jusqu’à 25% lorsqu’elles surviennent chez des individus hospitalisés.

Plus rarement, le saignement peut provenir des voies biliaires et pancréatiques.

Symptômes de l’hémorragie digestive

Les hémorragies digestives provoquent des saignements associés à d’autres symptômes :

  • Des selles noirâtres ;
  • Une anémie caractérisée par une pâleur et une fatigue importante lorsque l’hémorragie est progressive ;
  • Un état de choc en cas d’hémorragie rapide et massive.

On parle de méléna en cas de sang digéré (couleur noir) dans les selles et d’hématémèse lorsque les vomissements sont ensanglantés. Lorsque le sang retrouvé dans les selles est rouge, donc non digéré, on parle plutôt de rectorragie ou d’hématochézie.

Diagnostic et traitement des saignements du tube digestif

Le diagnostic repose sur la réalisation de bilans sanguins en urgence complétés par des explorations endoscopiques afin de déterminer l’origine du saignement.

La prise en charge a pour objectif l’arrêt du saignement. Elle peut être chirurgicale ou médicamenteuse selon l’origine du saignement

Le diagnostic d’une hémorragie digestive nécessite une hospitalisation au cours de laquelle sont réalisés divers examens :

  • Recueil des symptômes (pâleur, sueurs, sensation de malaise, etc.) ;
  • Mesure de la pression artérielle et du pouls ;
  • Analyse sanguine comprenant une numération de la formule sanguine, une détermination du groupe sanguin, la recherche d’agglutinine irrégulière (RAI), un bilan d’hémostase, un ionogramme sanguin ;
  • Recherche d’éventuels troubles de la conscience ;
  • Endoscopie œsogastroduodénale réalisée en systématique pour les hémorragies digestives hautes ou les hémorragies digestives massives.

Comment est prise en charge une hémorragie digestive ?

L’hémorragie digestive représente une urgence médicale. Sa prise en charge implique des mesures d’urgence immédiates, voire de réanimation, et l’instauration d’un traitement par voie intraveineuse.

Hémostase endoscopique

Dans les heures (2 à 24 heures) qui suivent la prise en charge du patient, une hémostase endoscopique (injection d’adrénaline ou pose de clips ou électrocoagulation thermique) sous anesthésie générale doit être réalisée. En cas d’échec de celle-ci, un traitement radiologique par embolisation de l’artère peut être envisagé.

Autres examens et traitements médicamenteux

Concernant les hémorragies digestives massives dont l’endoscopie n’a pas permis de mettre en évidence une cause, un angioscanner est pratiqué. Cet examen est en effet capable de rendre visibles les vaisseaux sanguins passés inaperçus à la radiographie. Dès que l’origine du saignement est localisée, une artériographie thérapeutique permet d’emboliser le vaisseau abîmé. Parfois, une coloscopie en urgence peut être réalisée.

Lorsqu’aucune exploration endoscopique n’a permis d’identifier l’origine de l’hémorragie, l’intestin grêle peut être exploré via vidéocapsule endoscopique ou entéroscanner.

En plus de l’hémostase endoscopique, la prise en charge médicamenteuse d’un ulcère gastroduodénal hémorragique implique la prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons.

La prise en charge d’une rupture de varice œsophagienne repose sur l’administration de vasopressine. Certaines varices peuvent être obstruées par l’injection de cyanoacrylate (une colle).

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Hémorragie digestive ou gastrorragie. concilio.com. Consulté le 17 juin 2022.
– Hémorragie digestive. snfge.org. Consulté le 17 juin 2022.

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