Rectorragie


Rédigé par Estelle B. et publié le 12 mai 2022

médecin qui montre un modèle d’intestin anatomique

La rectorragie correspond à une hémorragie digestive, qui a pour origine le rectum, le côlon ou l’anus. Les causes d’une rectorragie sont multiples et entraînent des saignements aux caractéristiques différentes, mais toujours constitués de sang rouge vif non digéré. Selon les caractéristiques de la rectorragie, la prise en charge doit être urgente ou seulement rapide. Dans tous les cas, un diagnostic précis de l’origine des saignements est capital pour mettre en place les traitements adaptés.

Définition et symptômes de la rectorragie

Les hémorragies digestives et les rectorragies

Les hémorragies digestives correspondent à des saignements ayant pour origine l’appareil digestif, c’est-à-dire le tube digestif, les voies biliaires ou pancréatiques. Parmi ces hémorragies, il est possible de citer :

  • Les hématémèses sont des hémorragies au niveau de la partie haute de l’appareil digestif. Le sang est expulsé hors de l’organisme par des vomissements.
  • Les méléna sont des émissions de sang digéré noir et fétide par l’anus, suite à une hémorragie digestive haute.
  • Les saignements d’origine anale sont des émissions de sang rouge, le plus souvent juste après défécation.
  • Les rectorragies.

À savoir ! Les spécialistes distinguent deux types d’hémorragies digestives, les hautes et les basses. Les hémorragies digestives hautes concernent celles qui surviennent en amont de l’angle duodéno-jéjunal. Elles impliquent l’œsophage, l’estomac et le duodénum. Les hémorragies digestives basses surviennent en aval de l’angle duodéno-jéjunal. Ainsi, elles concernent l’intestin grêle, le côlon, le rectum et l’anus.

Les rectorragies, encore appelées les hématochézies, correspondent à des émissions anales de sang rouge vif, non digéré. Leur origine est le plus souvent le rectum, c’est-à-dire la partie terminale du gros intestin. Mais, elles peuvent aussi provenir du côlon ou de l’anus. Étymologiquement, les rectorragies se limitent aux saignements d’origine rectale. Par extension, les rectorragies désignent tout saignement de sang rouge provenant de l’anus.

Les causes de la rectorragie

Principale forme d’hémorragie digestive basse, la rectorragie peut avoir plusieurs causes :

  • L’existence d’un polype au niveau du côlon, d’un cancer colorectal ou d’une tumeur de l’anus ;
  • La diverticulose du côlon, anomalie anatomique acquise du côlon, à l’origine de rectorragies importantes ;
  • Une inflammation du côlon (colite) ou du rectum (rectite), quelle que soit sa forme et son origine :
    • Une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, comme la rectocolite hémorragique ou plus rarement la maladie de Crohn ;
    • Une infection rectale liée à une maladie sexuellement transmissible ;
    • Certaines formes de gastro-entérite ;
    • Une colite ischémique chez les personnes âgées ;
    • Une rectite liée à la radiothérapie dans la zone pelvienne ;
  • Des ulcérations traumatiques rectales, en particulier celles liées à l’usage d’un thermomètre chez les personnes âgées, mais aussi les traumatismes sexuels, consécutifs à un accident ou à une blessure ;
  • Des hémorroïdes, la cause de loin la plus fréquente de rectorragie ;
  • Une fissure anale, fréquente dans les troubles du transit intestinal, en particulier la constipation chronique;
  • Des lésions de grattage des affections cutanées de la région anale, telles que la mycose, l’eczéma ou le psoriasis, qui entraînent des démangeaisons importantes ;
  • Certains traitements médicaux, notamment :
    • Certains médicaments irritants pour la muqueuse rectale ;
    • La prise de médicaments anticoagulants ou d’antiinflammatoires non stéroïdiens ;
    • Un acte de chirurgie digestive.

Dans des contextes plus rares, la présence de sang rouge dans les selles ne résulte pas d’une hémorragie digestive basse, mais d’une hémorragie digestive haute très importante.

Si la rectorragie s’accompagne d’une accélération du transit intestinal, les causes possibles sont alors généralement :

  • Un cancer colique ;
  • Un ulcère gastro-duodénal.

Les symptômes des rectorragies

Les rectorragies se présentent sous la forme de saignements rouge vif au niveau de l’anus, c’est-à-dire la présence de sang dans les selles. L’émission de sang peut survenir en dehors des épisodes de défécation. De même, la quantité de sang peut être très variable. Parfois, il passe inaperçu, tant sa quantité est faible (saignements occultes). Enfin, les saignements peuvent être de différentes natures :

  • Ponctuels ;
  • Intermittents (par exemple uniquement au moment de la défécation) ;
  • Récidivants ;
  • Continus ou chroniques.

L’ensemble de ces caractéristiques est capital pour orienter le diagnostic de la rectorragie et en déterminer la cause. De plus, d’autres symptômes peuvent accompagner la rectorragie comme des troubles du transit, des douleurs abdominales ou des signes généraux (fièvre, fatigue, …).

dessin du colon

Dans tous les cas, quelles que soient les caractéristiques des saignements, il est impératif de consulter un médecin devant toute rectorragie, même ponctuelle. En cas de saignements sont importants, il faut contacter les services d’urgence au plus vite. Lorsque les pertes sanguines sont minimes et imperceptibles du patient, la découverte de la rectorragie peut être tardive, liée à l’apparition de symptômes caractéristiques d’une anémie, comme une faiblesse, une fatigue chronique ou une pâleur.

Diagnostic et traitement des rectorragies

Comment est posé le diagnostic ?

Lors de la consultation médicale, le médecin recueille tous les éléments nécessaires au diagnostic de rectorragie et cherche à en déterminer la cause exacte. Selon l’importance et la fréquence des saignements, il peut être amené à effectuer ou à prescrire un certain nombre d’examens complémentaires, parmi lesquels :

  • Un toucher rectal, à la recherche d’une lésion ou d’une tuméfaction ;
  • Des analyses sanguines, par exemple à la recherche d’une anémie ou d’un syndrome inflammatoire ;
  • Une anuscopie et une rectoscopie, examens de l’anus et du rectum grâce à un endoscope rigide équipé d’une lampe et d’une caméra ;
  • Une coloscopie, examen réalisé sous anesthésie générale pour visualiser les parois du côlon et du rectum ;
  • Un lavement baryté (examen radiologique permettant d’étudier le rectum et le côlon) ;
  • Un scanner abdomino-pelvien ou une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) de la région abdomino-pelvienne.

Par ailleurs, dans certaines circonstances cliniques particulières, d’autres examens peuvent être pratiqués en urgence ou à distance des saignements :

  • La rectosigmoïdectomie est un examen pratiqué si besoin en urgence sans anesthésie après un simple lavement pour étudier le côlon et le sigmoïde (partie terminale du gros intestin juste avant le rectum. Cet examen permet aussi si nécessaire de stopper rapidement une hémorragie par un geste thérapeutique.
  • Une fibroscopie œso-gastro-duodénale si la rectorragie est importante, pour rechercher une hémorragie digestive haute ;
  • Une artériographie digestive (radiographie des artères digestives) ou plus rarement un angioscanner (examen qui visualise les vaisseaux sanguins).

Quels sont les traitements disponibles contre la rectorragie ?

La prise en charge des rectorragies dépend étroitement de leur cause. Un traitement adapté à chaque cause doit être mis en place pour stopper les rectorragies et prévenir leur récidive. En cas de rectorragie importante, une hospitalisation en urgence est impérative pour compenser les pertes sanguines, grâce à des perfusions, voire à une transfusion sanguine.

chirurgiens en train d'opérer

Certaines étapes du traitement des rectorragies peuvent être réalisées dès les examens endoscopiques diagnostiques, notamment :

  • L’ablation d’une lésion ;
  • L’électrocoagulation d’une lésion qui saigne ;
  • La pose de clips chirurgicaux (agrafes qui referment un vaisseau sanguin) pour stopper le saignement ;
  • L’injection de produits hémostatiques.

En fonction de la cause précise de la rectorragie, différentes mesures thérapeutiques peuvent être mises en place, parmi lesquelles :

  • La suppression des médicaments responsables des saignements ;
  • La suppression de la cause des traumatismes ;
  • Le traitement adapté des affections cutanées, d’une fissure anale et des hémorroïdes ;
  • Le traitement d’une tumeur colique, rectale ou anale ;
  • La prise en charge d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ;
  • Une embolisation radiologique guidée par rayons X.

Rédigé par Estelle B. et publié le 29 mai 2018. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences, le 12 mai 2022.

Sources
– Rectorragie (sang dans les selles). ameli.fr. Consulté le 12 mai 2022.

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