Une hernie inguinale correspond à la présence d’une grosseur sous-cutanée localisée au niveau de l’aine. Elle peut être présente dès la naissance dans le cas de la hernie inguinale congénitale, ou survenir suite à certaines affections ou à des efforts répétés. Elle nécessite un diagnostic et une prise en charge adaptée pour limiter le risque de complications, dont la plus grave est l’étranglement de la hernie.
Définition et symptômes de la hernie inguinale
Qu’est-ce qu’une hernie inguinale ?
Le terme médical de hernie désigne le passage d’un organe à travers un orifice naturel, provoquant l’apparition d’une grosseur anormale. Au niveau de l’abdomen, plusieurs types de hernies sont distinguées :
- La hernie inguinale marquée par la présence d’une grosseur juste au-dessus du pli de l’aine. L’aine est la partie du corps assurant la jonction entre l’abdomen et la cuisse ;
- La hernie crurale caractérisée par la présence d’une grosseur juste en-dessous du pli de l’aine ;
- La hernie ombilicale quand la hernie est située au niveau du nombril ;
- La hernie inguino-scrotale, lorsque la hernie inguinale descend dans les bourses ;
- La hernie de la ligne blanche ou hernie épigastrique touche la paroi antérieure de l’abdomen.
À savoir ! Il ne faut pas confondre une hernie inguinale avec une hernie discale ! La hernie inguinale est située dans le pli de l’aine, alors que la hernie discale est localisée au niveau de la colonne vertébrale. Les causes, les symptômes et les conséquences sont totalement différents entre ces deux pathologies
Une hernie inguinale apparaît lorsque l’un des organes présents dans l’abdomen, généralement l’intestin, sort de son emplacement habituel, à savoir la cavité abdominale. Cette situation peut se produire dans plusieurs contextes :
- L’orifice inguinal est trop distendu. Ce dernier, situé au niveau de l’aine dans la paroi abdominale, permet d’ordinaire le passage des divers vaisseaux et ligaments irriguant le membre inférieur. Si l’orifice est trop large, l’intestin peut également s’y faufiler !
- Un orifice se crée suite à la rupture de la paroi abdominale, le plus souvent en raison d’efforts répétés au niveau de la région abdominale (sportifs de haut niveau ou port répété de charges lourdes par exemple).
Lorsqu’une hernie inguinale est présente à la naissance ou apparaît dans les premières semaines de vie, on parle de hernie inguinale congénitale. Chez les petits garçons, la hernie résulte d’une absence de fermeture du canal péritonéo-vaginal qui assure la migration des testicules dans les bourses. Chez les petites filles, c’est l’absence de fermeture du canal de Nück (qui assure le passage de l’ovaire) qui provoque la hernie inguinale. On estime que 2 à 5% des nouveau-nés seraient atteints de cette affection.
Cependant, dans la majorité des cas, la hernie inguinale est dite acquise : elle apparaît chez l’adulte. Certaines personnes ont un risque accru de développer une hernie inguinale :
- Les personnes sollicitant beaucoup la sangle abdominale : sportifs de haut niveau, personnes portant régulièrement des charges lourdes ;
- Les personnes atteintes d’une toux chronique ;
- Les personnes souffrant de constipation chronique ;
- Les personnes en surpoids ou obèses.
Selon les mécanismes en cause, une hernie inguinale peut être :
- Directe, faisant suite à une déchirure de muscles abdominaux affaiblis ;
- Indirecte lorsque la hernie est présente dans l’orifice inguinal profond avec des différences anatomiques entre les deux sexes.
Enfin, la hernie inguinale peut toucher un seul côté (hernie unilatérale), ou plus rarement les deux côtés (hernie bilatérale).
La hernie inguinale, une pathologie réservée aux hommes ?
Les hernies inguinales représentent 75 % des hernies abdominales. La cure de hernie inguinale (traitement chirurgicale de la hernie) est l’une des interventions les plus fréquentes en chirurgie viscérale.
Très fréquente dans la population, elle touche plus fréquemment les hommes, même si les femmes ne sont pas épargnées. En effet, les opérations pour hernie inguinale concernent près d’un homme sur trois au cours de sa vie. Les hernies crurales, situées dans le haut de la cuisse, plus douloureuses et qui comportent plus de risque de complications, concernent quant à elles davantage les femmes.
Hernie inguinale, la douleur comme principal symptôme
Dans les premiers stades de développement de la hernie inguinale, il est fréquent de ne ressentir aucun symptôme, mais la grosseur est généralement visible et palpable au niveau de l’aine. Puis, la grosseur se développe et les premiers symptômes apparaissent, d’abord ponctuels lors d’un effort physique ou d’un épisode de toux, puis de plus en plus constants au cours de la journée.
Trois symptômes dominent dans la hernie inguinale :
- La sensation de pesanteur ;
- La gêne ;
- La douleur pelvienne.
La douleur est souvent majorée en position debout et s’accentue au fil de la journée.
Les complications de la hernie inguinale, de la hernie testiculaire à l’étranglement de la hernie
Chez les hommes, la hernie inguinale peut descendre vers le testicule et provoquer une hernie testiculaire. Chez les femmes, la hernie inguinale peut descendre dans la grande lèvre génitale au niveau de la vulve. Dans les deux cas, les douleurs restent les symptômes prédominants.
En l’absence de traitement chirurgical, une hernie inguinale peut se compliquer. Elle peut grossir et devenir tellement volumineuse qu’il n’est plus possible de la réintégrer dans la cavité abdominale. Les spécialistes parlent alors de hernie inguinale irréductible. La complication la plus grave est l’étranglement de la hernie inguinale, qui peut être à l’origine d’une occlusion intestinale aigüe. L’occlusion se manifeste par des symptômes importants :
- Des douleurs permanentes et vives à l’aine ;
- Des nausées et des vomissements ;
- Un ballonnement abdominal ;
- Un arrêt des gaz.
La hernie inguinale étranglée est une urgence chirurgicale.
Diagnostic et traitement d’une hernie inguinale
Quel est le diagnostic ?
Un examen clinique lors d’une consultation chez le médecin traitant suffit à établir le diagnostic d’une hernie inguinale dans la majorité des cas. Le médecin procède à un examen du patient en position allongée, puis debout. Une palpation des régions inguinales droite et gauche permet de mettre en évidence les deux caractéristiques d’une hernie :
- Elle est visible et son volume augmente lors d’effort de « poussée », autrement dit en cas de toux ou de soulèvement de charges ;
- Elle disparaît lorsque le médecin appuie doucement dessus.
Plus rarement, le diagnostic nécessite des examens complémentaires d’imagerie, une échographie pelvienne, voire un scanner abdomino-pelvien.
Une fois le diagnostic établi, le médecin dirige le patient vers un chirurgien spécialisé en chirurgie viscérale. Si la hernie n’entraîne pas ou peu de symptômes, une simple surveillance peut être recommandée dans un premier temps. En revanche, lorsque les symptômes sont présents et s’aggravent, le chirurgien programme une intervention chirurgicale.
Le traitement chirurgical de la hernie inguinale
Le seul traitement d’une hernie inguinale est chirurgical. Plusieurs techniques de chirurgie viscérale peuvent être envisagées selon l’emplacement de la hernie, son volume et l’importance des symptômes. L’objectif de la prise en charge est de replacer le morceau d’intestin dans la cavité abdominale et réparer la paroi de l’abdomen.
Deux techniques chirurgicales peuvent être appliquées :
- La coelioscopie avec de petites incisions est la méthode privilégiée en raison des suites opératoires plus simples et un rétablissement rapide. Elle nécessite une anesthésie générale ;
- La laparotomie requiert une incision plus large au niveau de la région inguinale. Cette intervention peut être pratiquée sous anesthésie locale, loco-régionale ou générale.
Le contenu de la hernie est d’abord replacé au sein de la cavité abdominale puis la paroi de l’abdomen est consolidée (soit avec des sutures, soit par la pose d’une prothèse (filet ou plaque prothétique)) afin de limiter le risque de récidives.
Lorsque l’intervention est programmée, elle est réalisée en ambulatoire. Le patient peut regagner à son domicile le jour même de l’intervention. En cas d’étranglement de la hernie, l’intervention est effectuée en urgence et le patient peut rester hospitalisé plusieurs jours. Généralement, la technique employée dans ce contexte est la laparotomie sous anesthésie générale. Par ailleurs, le chirurgien est parfois dans l’obligation de retirer une partie de l’intestin. Les suites opératoires sont alors plus longues et parfois plus complexes.
À savoir ! Chez le nourrisson, la hernie est opérée via une incision au niveau du pli de l’aine et aucun renfort de la paroi n’est nécessaire. L’opération est programmée dans les premières années de vie, en fonction de l’importance de la hernie.
En post-opératoire, attention au risque de récidive de la hernie inguinale
Dans la grande majorité des cas, les suites opératoires sont simples et les complications restent rares :
- Hématome au niveau de l’abdomen ;
- Fièvre ou malaise ;
- Douleurs persistantes ;
- Infection de la cicatrice (écoulements, fièvre) ;
- Perte de sensibilité momentanée de la zone opérée ou des testicules ;
- Douleur d’un mollet (risque de phlébite) ;
- Douleur thoracique et essoufflement (risque d’embolie pulmonaire).
Pour les patients exerçant une activité professionnelle, le médecin prescrit un arrêt de travail dont la durée dépend de plusieurs paramètres comme l’âge du patient, la technique chirurgicale utilisée (arrêt plus court en cas de coelioscopie), la nature de l’activité professionnelle (arrêt plus long en cas de travail physique), l’état de santé du patient, si la hernie est bilatérale ou non. Souvent, la durée de l’arrêt de travail est comprise entre une et six semaines.
La conduite d’un véhicule ainsi que le port de charges sont à éviter les 7 jours suivants l’opération.
Enfin, c’est le médecin qui décide de la reprise des activités sportives ou de loisirs. Souvent, les activités physiques telles que le vélo, la natation ou le jogging, peuvent être reprises de manière progressive après deux semaines de repos. Concernant les activités physiques plus intenses ou comportant des mouvements à risque, il est conseillé d’attendre 2 à 3 mois.
Ces précautions sont importantes, car le risque de récidives n’est pas nul. Après un traitement chirurgical, il existe un risque de récidive compris entre 2 et 5%.
Peut-on prévenir la hernie inguinale ? Les mouvements à éviter
Il n’existe pas de méthodes spécifiques pour prévenir l’apparition d’une hernie inguinale ou sa récidive après une première opération. Mais il est possible de limiter ou d’éviter les facteurs qui la favorisent. Par exemple, il peut être conseillé :
- De contrôler son poids corporel pour éviter le surpoids ;
- De réguler son transit intestinal pour limiter la constipation chronique ;
- De limiter le port répété de charges lourdes. Pour certains métiers à risque, des sangles abdominales peuvent être conseillées pour limiter la sollicitation des muscles abdominaux ;
- De pratiquer une activité physique adaptée à sa condition physique. Un effort trop intense peut avoir des conséquences négatives.
Au moindre doute, il est important d’en parler sans attendre à son médecin. Il pourra conseiller sur les mouvements à éviter et surveiller l’existence d’une hernie.
– Reconnaitre une hernie inguinale. www.ameli.fr. Consulté le 26 juillet 2023.