Une dyslipidémie est une anomalie du bilan lipidique qui se traduit le plus souvent par une élévation du cholestérol plasmatique, des triglycérides ou par un taux de cholestérol HDL bas. Ces anomalies contribuent à l’apparition de l’athérosclérose. Leurs causes peuvent être primitives et donc génétiques, ou secondaires. Le diagnostic repose sur le dosage des taux plasmatiques de cholestérol et de triglycérides. En première intention, la prise en charge repose sur une adaptation alimentaire et une activité physique adaptée. Si ces mesures ne suffisent pas, des médicaments hypolipémiants sont prescrits.
Définition et symptômes de la dyslipidémie
Qu’est-ce qu’une dyslipidémie ?
Le terme dyslipidémie désigne une anomalie qualitative ou quantitative d’un ou plusieurs paramètres lipidiques comme le cholestérol total, le HDL cholestérol, le LDL cholestérol et les triglycérides.
Le cholestérol est à la fois fabriqué par le foie et apporté par l’alimentation. On peut ainsi doser :
- Le taux de cholestérol total ;
- Le LDL cholestérol (« mauvais cholestérol »), c’est-à-dire celui qui augmente le risque cardiovasculaire en se déposant sur la paroi des artères lorsqu’il est présent en trop grande quantité ;
- Le HDL cholestérol qui permet l’élimination dans le foie du cholestérol circulant.
Les triglycérides sont uniquement apportés par l’alimentation et sont stockés dans les cellules adipeuses pour constituer les réserves de l’organisme.
Pour être en bonne santé, le cholestérol total doit être inférieur à 2,2 g/L, le LDL cholestérol inférieur ou égal à 1,6 g/L et le HDL cholestérol supérieur à 0,4 g/L. Le taux normal de triglycérides est compris entre 1,5 et 2 g/L.
Les dyslipidémies comprennent :
- Les hyperlipidémies, c’est-à-dire une augmentation du taux de lipides dans le sang. Elles sont essentiellement représentées par une hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie. Ces affections peuvent majorer les risques cardiovasculaires ;
- Les hypolipidémies, autrement dit une diminution du taux de lipides sanguins. On trouve essentiellement l’hypocholestérolémie. Mise à part certaines pathologies génétiques rares, elles sont dues à une insuffisance alimentaire ou à une pathologie du tube digestif diminuant l’absorption des lipides alimentaires. Elles sont très rares.
Une dyslipidémie peut être primaire ou secondaire.
Les causes primaires sont d’origine génétique, en lien avec une ou plusieurs anomalies génétiques qui peuvent entraîner : une surproduction ou une élimination insuffisante des triglycérides ou du LDL cholestérol, ou encore, une production insuffisante ou une élimination excessive du cholestérol HDL.
Les causes secondaires sont les plus fréquentes chez l’adulte avec en tête la sédentarité associée à un apport alimentaire trop riche en calories et en graisses. Il existe d’autres causes secondaires : le diabète sucré, l’abus d’alcool, une maladie rénale chronique, une hypothyroïdie, une cirrhose biliaire primitive et certains médicaments (bétabloquants, rétinoïdes, glucocorticoïdes, œstrogènes, etc.).
A noter ! Le tabagisme, les stéroïdes anabolisants, l’infection par le VIH et le syndrome néphrotique (atteinte rénale) font partie des causes secondaires qui peuvent être responsables d’un taux bas de HDL cholestérol.
Quels symptômes ?
Une dyslipidémie est normalement asymptomatique, mais peut induire à long terme des complications vasculaires symptomatiques dont une coronaropathie (atteinte des artères coronaires), un AVC ou une artériopathie périphérique.
Des concentrations trop élevées en triglycérides peuvent être responsables de pancréatite aiguë voire d’une hépatosplénomégalie (augmentation du volume de la rate et du foie), de paresthésies (sensation de fourmillement), de dyspnée (difficultés respiratoires) et de confusion. A noter qu’une hypertriglycéridémie sévère donne un aspect laiteux au sérum, visible dans le tube de prélèvement pour le bilan lipidique.
Des concentrations trop importantes de LDL cholestérol peuvent provoquer des arcs cornéens (opacité formant un anneau couleur gris-blanchâtre à la périphérie de la cornée) et des xanthomes tendineux (lésion cutanée jaunâtre constituée de cellules riches en graisses) au niveau du tendon d’Achille, du coude, des genoux ou des mains.
Diagnostic et traitement de la dyslipidémie
Quel diagnostic ?
Le diagnostic d’une dyslipidémie repose sur le bilan lipidique réalisé sur un prélèvement sanguin. Divers paramètres sont dosés dont le cholestérol total, le LDL cholestérol, le HDL cholestérol et les triglycérides. Une dyslipidémie peut donc être découverte fortuitement, à l’occasion d’analyses sanguines de routine ou en cas de signes cliniques caractéristiques ou de complications.
Les troubles lipidiques dits primaires sont suspectés en cas de :
- Signes cliniques caractéristiques ;
- L’apparition d’une maladie athéroscléreuse prématurée, avant l’âge de 60 ans ;
- Antécédents familiaux de maladie athéroscléreuse ;
- Taux sanguin de cholestérol supérieur à 6,2 mmol/L.
À savoir ! Les dosages lipidiques se font habituellement à jeun (depuis environ 12 heures), pour que les résultats soient les plus exacts et reproductibles. Ils doivent également être réalisés à distance de toute manifestation due à une pathologie aiguë.
Chez les patients ayant une dyslipidémie récemment diagnostiquée, une recherche de causes secondaires est quasi systématique. Particulièrement, lorsque l’un des paramètres lipidiques s’est aggravé sans raison apparente. Pour cela, plusieurs dosages sont effectués à la recherche d’une pathologie sous-jacente : glycémie à jeun, enzymes hépatiques, créatinine, TSH et protéine urinaire.
A noter ! Toute réalisation d’un bilan lipidique est associée à une évaluation des autres facteurs de risque cardiovasculaire (diabète, tabagisme, hypertension artérielle, antécédents familiaux de coronaropathie). En effet, la prise en compte du risque cardiovasculaire est utile dans le choix du traitement à mettre en place.
Quel traitement ?
L’objectif du traitement d’une dyslipidémie est de prévenir les maladies cardiovasculaires comme les syndromes coronariens aigus, les AVC, les accidents ischémiques ou les artériopathies.
À savoir ! La prise en charge est indiquée aussi bien chez les patients souffrant déjà de l’une de ces pathologies, auquel cas on parle de prévention secondaire, que chez ceux qui en sont exempts (prévention primaire).
Le traitement de première intention est une modification du mode de vie qui associe une prise en charge diététique adaptée et de l’exercice. Il est indispensable d’arrêter de fumer en cas de tabagisme.
Il est conseillé aux patients de faire trois repas par jour, sans grignotage et en s’hydratant régulièrement.
Divers aliments sont à éviter : les fritures, les charcuteries, les pâtisseries, les viennoiseries, les biscuits apéritifs, les abats et les viandes grasses (mouton, agneau, porc et morceaux gras du bœuf). D’autres sont à limiter : beurre, œufs, foie et fromage. Il est en revanche conseillé de consommer : du poisson au moins trois fois par semaine, des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes), des fruits, des légumes, des viandes maigres et des légumineuses.
L’activité physique doit être régulière, soit l’équivalent de 30 minutes de marche par jour.
Généralement, ces mesures sont prescrites seules dans un premier temps pour les dyslipidémies de risque faible à modéré. En cas de risque élevé, un traitement hypolipémiant est automatiquement prescrit en complément.
Les statines (fluvastatine, pravastatine, simvastatine, atorvastatine et rosuvastatine) représentent le traitement médicamenteux de premier choix dans l’hypercholestérolémie isolée. La dose est choisie selon le taux de LDL cholestérol et le risque cardiovasculaire du patient. Lorsque l’objectif cible n’est pas atteint avec la dose maximale de statine, une association avec l’ézétimibe ou la cholestyramine est recommandée. En cas d’intolérance aux statines, il est possible de débuter le traitement directement avec l’ézétimibe.
Quelques semaines après le début du traitement, entre 12 et 24, un nouveau bilan lipidique est prescrit afin de vérifier l’obtention des valeurs cibles et la nécessité d’une éventuelle adaptation de posologie. Tant que l’objectif n’est pas atteint, des bilans sont nécessaires régulièrement. Dès la concentration cible atteinte, une consultation et un bilan annuel suffisent.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Dyslipidémie. Larousse. Consulté le 14 novembre 2020.
– Dyslipidémie. Le manuel MSD . Consulté le 14 novembre 2020.