L’anisométropie est le terme médical employé pour désigner une inégalité de pouvoir de réfraction entre les deux yeux d’un même individu. Ce déséquilibre doit être corrigé rapidement afin d’éviter que d’autres troubles de la vision (par exemple l’amblyopie) s’installent. Le diagnostic est ophtalmique. La prise en charge repose sur le port de verres correcteurs si la différence entre les deux yeux n’est pas trop importante, ou sur le port de lentilles ou de chirurgie réfractive en cas de déséquilibre plus important.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que l’anisométropie ?
Les personnes qui n’ont aucun défaut de vision sont qualifiées d’ « emmétropes ». Dans le cas contraire, on parle d’amétropie avec divers troubles de réfraction dont :
- La myopie qui se traduit par une vision éloignée floue ;
- L’hypermétropie caractérisée par une vision proche floue ;
- L’astigmatisme lorsque les objets sont déformés.
La myopie
La myopie est un trouble de la vision fréquent qui correspond à une vision floue de loin. Elle touche, en effet, un Français sur quatre. Ce trouble survient lorsque l’image se forme en avant de la rétine.
Un œil est constitué d’une partie bombée, la cornée, qui joue le rôle de « première lentille », ainsi que d’une membrane protectrice. La lumière passe ensuite par un petit trou noir, la pupille, avant de rencontrer une « seconde lentille », le cristallin. Le cristallin a pour rôle d’accommoder la vision de l’objet observé, quelle que soit sa distance de l’œil. Pour que la vision de cet objet soit nette, il faut que son image soit précisément projetée sur la rétine.
Si l’image se forme en avant de la rétine, la vision de cette image est rendue floue et l’individu est myope.
La vision d’un individu est caractérisée par le punctum remotum. C’est le point le plus éloigné de l’œil pouvant être vu nettement. Normalement, à savoir chez une personne n’ayant aucun problème de vue, ce point se situe à une distance infinie. Chez un individu myope, il est à distance d’environ 5 mètres. C’est pour cette raison qu’un individu myope ne voit pas de loin.
L’hypermétropie
L’hypermétropie est une anomalie de la vision très répandue, notamment chez l’enfant se traduisant par une perception floue des objets situés à proximité.
Dans le cas d’un œil normal, également qualifié d’ « emmétrope », les rayons lumineux se concentrent sur la rétine et une image nette en résulte. Lorsque l’image ne se forme pas au niveau de la rétine, on parle d’œil amétrope (myope ou hypermétrope) et la vision est floue. Dans le cas d’un individu souffrant d’hypermétropie, l’image se forme en arrière de la rétine, autrement dit quand l’œil n’est pas suffisamment convergeant.
L’astigmatisme
L’astigmatisme est une anomalie très fréquente de la cornée.
En effet, chez les patients présentant cette anomalie, la cornée qui est la membrane superficielle de l’œil va avoir une forme plutôt ovale (ballon de rugby) au lieu d’être ronde. En conséquence, les rayons lumineux ne vont pas converger en un seul et même point de la rétine comme d’ordinaire, mais après ou avant, ce qui va aboutir à une image déformée et donc, à une vision floue aussi bien de près que de loin.
Lorsque les deux yeux sont emmétropes ou amétropes, on parle d’isométropie. En revanche, quand un œil est emmétrope et l’autre amétrope, ou que les deux yeux n’ont pas le même type d’amétropie (par exemple l’un est myope et le second hypermétrope), c’est une anisométropie.
Il existe deux types d’anisométropie : anisométropie axile ou anisométropie d’indice.
L’anisométropie axile se manifeste lorsque qu’un œil est plus allongé que l’autre. Un œil dit « normal » a une longueur de 23 mm. Pour toute longueur d’œil supérieure, les rayons lumineux qui permettent la formation de l’image ne peuvent pas atteindre la rétine.
Une anisométropie d’indice est liée à une différence de puissance optique entre les deux yeux.
Plusieurs facteurs peuvent être impliqués dans l’apparition d’une anisométropie :
- Une prédisposition génétique ;
- La présence d’une pathologie oculaire, par exemple la cataracte congénitale unilatérale ;
- Des troubles de la cornée, de la paupière ou de la rétine.
Symptômes, diagnostic et traitement
Quels symptômes ?
Outre les troubles visuels, les symptômes d’une anisométropie peuvent être divers : maux de tête, nausées, fatigue, photophobie, etc.
Sans prise en charge rapide et adaptée, plusieurs complications peuvent survenir :
- Une amblyopie qui est la complication la plus fréquente de l’anisométropie. Un patient sur deux est concerné. L’amblyopie est une atteinte visuelle entraînant une baisse de l’acuité visuelle d’un œil, généralement celui qui présente le défaut de vision le plus marqué ;
- Une aniséiconie qui se traduit par une taille de projection des images sur la rétine différentes entre les deux yeux. Elle peut entraîner un trouble de la vision binoculaire.
Quel diagnostic ?
Le diagnostic est ophtalmologique. En effet, la ou les anomalies visuelles sont diagnostiquées grâce à la mesure précise de l’acuité visuelle et un fond de l’œil. Selon les résultats, l’acuité visuelle est classée en trois groupes : profonde, moyenne et légère.
Un examen du fond de l’œil est utile pour observer les structures de l’œil en arrière du cristallin, et plus particulièrement la rétine. C’est un examen indolore réalisé par un ophtalmologiste. Il sert à dépister certaines atteintes oculaires (rétinopathie diabétique, dégénérescence maculaire liée à l’âge, etc.).
À savoir ! Un dépistage de l’amblyopie (et du strabisme) est recommandé chez tous les enfants avant l’entrée à l’école.
Quel traitement ?
Pour traiter une anisométropie, il faut corriger le défaut visuel de l’œil ou des yeux concernés. Diverses options sont envisageables.
Lorsque la différence entre les deux yeux est faible, le port de lunettes avec un verre correcteur adapté à chaque œil est possible. En effet, la différence de correction et d’épaisseur des verres peut être inconfortable pour le patient lors des mouvements oculaires.
Quand la différence de vision est trop importante, il est préférable d’utiliser des lentilles de contact (à partir de 12 ans) ou de recourir à une intervention chirurgicale.
En cas d’amblyopie, le traitement de cette dernière consiste à cacher l’œil sain pour forcer celui qui voit mal à travailler. C’est un traitement long et contraignant pour les petits, mais efficace. Un traitement bien suivi et mis en place précocement permet de récupérer une bonne vision.
Un contrôle ophtalmologique régulier est nécessaire afin de s’assurer que la vue de l’œil sain occulté ne baisse pas. C’est également pour cette raison que l’œil sain ne doit pas être recouvert 24h sur 24, ou uniquement sur de courtes durées.
Des séances d’orthoptie peuvent être prescrites en complément dans certains cas afin de compléter la rééducation.
Parfois, le fait de cacher l’œil sain ne suffit pas, par exemple en cas d’anomalie oculaire. Dans ce cas, on parle d’amblyopie fonctionnelle. Une chirurgie doit être envisagée en complément du cache de l’œil.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Anisométropie. OOREKA SANTE. Consulté le 22 juin 2020.