Un phlegmon amygdalien correspond à la formation d’un abcès autour de l’une ou des deux amygdales. Son origine est infectieuse. Il représente l’une des complications redoutées de l’angine ou de l’amygdalite. Le phlegmon amygdalien est une urgence vitale. Il se traduit par un ensemble de symptômes dont des maux de gorge, une fièvre importante, un œdème voire des difficultés respiratoires. Le diagnostic est clinique et confirmé par divers examens complémentaires si besoin. La prise en charge d’un phlegmon amygdalien peut nécessiter une hospitalisation. Selon le stade d’évolution de l’affection plusieurs traitements sont prescrits : antibiotiques par voie orale ou intraveineuse, drainage chirurgical ou incision de l’abcès (amygdalectomie).
Définition et symptômes d’un phlegmon amygdalien
Un abcès douloureux des amygdales
La gorge est composée d’un pharynx et d’un larynx.
Le pharynx est le conduit qui permet de faire communiquer la bouche et le nez à l’œsophage et au larynx localisé juste en dessous. Ainsi, il assure le passage des aliments de la bouche vers l’œsophage, et de l’air vers le larynx (puis la trachée et les poumons).
Les amygdales, aussi appelées amygdales palatines, sont présentes à l’entrée du pharynx, de part et d’autre de la luette. Ces deux petits organes en forme d’amande ont un rôle dans la défense de l’organisme face aux divers germes qui peuvent entrer par la bouche ou le nez.
Le larynx permet de relier le pharynx à la trachée à hauteur des cordes vocales. Le larynx abrite l’épiglotte qui permet de protéger le larynx en basculant en arrière pendant la déglutition. Le passage des aliments dans le larynx et la trachée est alors bloqué.
Cependant, les amygdales qui ont normalement pour but de stopper les germes entrants dans l’organisme peuvent parfois s’infecter. Ces atteintes très fréquentes, à savoir les angines et les amygdalites, touchent majoritairement les enfants qui ont des amygdales plus volumineuses et un système immunitaire moins mature que les adultes.
Le phlegmon amygdalien est une complication douloureuse de l’angine et de l’amygdalite non ou mal soignées. Il correspond à la formation d’un amas de pus (abcès) au niveau des amygdales. On parle d’abcès amygdalien ou péri amygdalien. Dans la plupart des cas, le streptocoque bêta-hémolytique (SGA) est impliqué.
Plusieurs facteurs de risque sont connus, par exemple une mauvaise hygiène dentaire, des antécédents d’abcès amygdalien ou encore le tabagisme. Le phlegmon amygdalien survient plus volontiers chez les adolescents et les adultes jeunes.
Les signes infectieux du phlegmon amygdalien
Les principales manifestations d’un phlegmon amygdalien sont :
– Un œdème au niveau du voile du palais qui peut contrarier la respiration et la déglutition ;
– Une fièvre pouvant atteindre 40°C ;
– Des maux de gorge principalement unilatéraux ;
– Une douleur au niveau de l’oreille qui irradie de la gorge ;
– Une hyper salivation ;
– Une halitose, autrement dit une mauvaise haleine ;
– Un gonflement des ganglions lymphatiques présents dans le cou ;
– Des difficultés pour s’exprimer. Le patient parle comme s’il avait une patate chaude dans la bouche ;
– Une rougeur des amygdales avec la présence de plaques blanchâtres ;
– De la fatigue associée à une altération de l’état de santé général ;
– Un trismus, à savoir la contraction involontaire des muscles de la mâchoire qui rend difficile l’ouverture de la bouche.
Les complications à craindre suite à un phlegmon amygdalien sont une infection para-pharyngée (abcès au niveau du cou), une cellulite cervicale profonde, une dyspnée obstructive ou une septicémie.
Phlegmon amygdalien, diagnostic et traitement
Le diagnostic clinique du phlegmon amygdalien
Le diagnostic d’un phlegmon amygdalien repose sur l’examen clinique du médecin, et plus particulièrement la visualisation directe de l’abcès amygdalien.
Lorsque l’affection obstrue les voies respiratoires, le patient est directement adressé aux urgences ORL pour une prise en charge précoce.
Des examens complémentaires sont parfois nécessaires afin d’adapter le traitement et d’évaluer le risque de complications : Un bilan biologique, un scanner, une analyse du pus obtenu par ponction au niveau de l’abcès, des hémocultures.
Une prise en charge en urgence
Un phlegmon amygdalien est une urgence médicale pouvant nécessiter une hospitalisation. Le traitement administré dépend de l’évolution et du risque de complication de l’affection.
En l’absence de signe de complications, une antibiothérapie par voie orale est généralement suffisante. Du paracétamol peut être associé pour soulager les douleurs et lutter contre la fièvre.
En complément du traitement médicamenteux, plusieurs conseils peuvent être appliqués pour soulager les maux de gorge :
– Mettre sa voix au repos en ne parlant qu’en cas de nécessité et en évitant de crier ou de chanter ;
– Conserver la gorge humide en buvant suffisamment d’eau et en humidifiant l’air ;
– Fuir l’utilisation des décongestionnants nasaux en cas de rhume qui dessèchent les cordes vocales ;
– Éviter les endroits enfumés ;
– Réaliser des gargarismes plusieurs fois par jour avec des infusions à base de sauge, de thym ou de camomille ;
– Ne pas recourir au miel qui favorise la sécrétion d’acide gastrique ;
– Ne pas consommer de boissons trop froides ou trop chaudes ;
– Faire des inhalations d’eucalyptus, pas plus d’une vingtaine de minutes.
Lorsque l’œdème est important, la prescription d’une corticothérapie de courte durée est nécessaire.
Pour les cas où le phlegmon amygdalien est trop volumineux ou engendre une obstruction des voies respiratoires, un traitement chirurgical est incontournable. Il nécessite l’hospitalisation du patient pendant plusieurs jours.
Plusieurs méthodes peuvent être proposées : un drainage chirurgical de l’abcès, une excision de l’abcès ou une amygdalectomie (ablation des amygdales). Dans tous les cas, une antibiothérapie est systématiquement associée.
En cas d’amygdalectomie, quelques précautions sont à prendre en post-opératoire. Il est notamment préférable d’éviter les aliments potentiellement irritants ou blessants pour la gorge, par exemple l’alcool, les boissons gazeuses, les plats épicés, etc. Les soupes, le riz et les pâtes sont à privilégier pendant la convalescence. Le patient doit aussi boire de l’eau très régulièrement pour éviter la déshydratation et le dessèchement de la gorge.
Prévenir un phlegmon amygdalien
En plus de la lutte contre les divers facteurs de risque à savoir l’arrêt du tabagisme et une bonne hygiène dentaire, il est préférable de respecter plusieurs règles d’hygiène fondamentales afin d’éviter toute propagation des germes :
1 – De façon générale, un lavage des mains régulier à l’eau et au savon est conseillé, mais d’autant plus avant et après un contact avec un malade ;
2- En cas d’éternuement ou de toux se couvrir la bouche et le nez avec un mouchoir (ou sa manche) ;
3- Préférer les mouchoirs à usage unique pour se moucher ;
4- Nettoyé tout objet utilisé ou manipulé par une personne malade ;
5- Éviter de partager les objets du quotidien (couverts ou brosse à dents par exemple) ;
6 –Aérer son habitation au minimum 1 fois dans la journée ;
7 –Ne pas surchauffer son intérieur. Maintenir autour des 19°C la température de l’habitation.
Par ailleurs, le meilleur moyen de prévenir un phlegmon amygdalien est de correctement prendre en charge, par un traitement adapté, une angine.
Charline D., Docteur en pharmacie
