Un emphysème pulmonaire, ou emphysème, est une affection des alvéoles pulmonaires, les petits sacs constituant les poumons et permettant les échanges gazeux lors de la respiration. Elle se traduit par une augmentation du volume des alvéoles jusqu’à la destruction de leur paroi élastique. Cette pathologie est à l’origine de difficultés respiratoires. Sa principale cause est le tabac. L’emphysème est incurable, cependant une prise en charge adaptée permet de ralentir la progression de la maladie et de prévenir les complications.
Définition et symptômes
Rappels anatomiques
L’appareil respiratoire est constitué des voies nasales, de la trachée et des deux poumons. Le rôle de ces derniers est de fournir de l’oxygène à notre organisme, tout en évacuant le dioxyde de carbone. Ils sont localisés dans la poitrine de part et d’autre du cœur.
Un poumon est divisé en plusieurs lobes, séparés les uns des autres par des cloisons appelées scissures. On compte deux lobes pour le poumon droit et trois pour le gauche. Chaque lobe contient les bronches, elles même constituées d’alvéoles (petites poches) reliées entre elles par les bronchioles. Les bronches sont connectées à la trachée.
Au cours de la respiration, l’air arrive donc par la trachée, passe dans les bronches puis les bronchioles et enfin les alvéoles. Une fois dans les alvéoles, le dioxygène contenu dans l’air inspiré traverse leur paroi pour aller dans le sang et être distribué à tout l’organisme. Dans le sens inverse, c’est le dioxyde de carbone qui circule, évacué par les cellules de l’organisme, il repasse via les alvéoles puis les bronches pour s’échapper de la trachée puis la bouche et le nez. On parle alors d’expiration.
Qu’est-ce qu’un emphysème pulmonaire ?
Un emphysème pulmonaire est une affection caractérisée par une augmentation du volume ou une dilatation des alvéoles pulmonaires aboutissant à la destruction de leur paroi.
À savoir ! Les alvéoles pulmonaires sont des sacs localisés à l’extrémité des bronchioles dont la paroi fine et perméable permet les échanges gazeux entre le sang et l’air.
En cas d’emphysème, les alvéoles se dilatent de manière progressive, et ne parviennent plus à fonctionner correctement. En effet, lors de l’expiration, les alvéoles sont dans l’incapacité de se vider totalement de l’air qu’elles contiennent. La quantité d’oxygène envoyée à l’organisme réduit, et la respiration devient difficile.
Un emphysème pulmonaire peut avoir diverses causes. Il survient généralement après une inflammation chronique des poumons et des bronches : bronchite chronique, BPCO (Bronchite chronique obstructive). Ces pathologies sont elles mêmes consécutives au tabagisme. En effet, l’inflammation est à l’origine d’un afflux de globules blancs chargés en élastase, une enzyme responsable de la destruction de l’élastine des alvéoles. Or, c’est l’élastine qui confère à la paroi des alvéoles pulmonaires l’élasticité indispensable à leur bon fonctionnement.
À noter ! Une maladie génétique rare liée à un déficit en alpha-1-antitrypsine (substance luttant contre la destruction de l’élastine au niveau des alvéoles) est responsable d’environ 3% des cas d’emphysème. On parle dans ce cas, d’emphysème « juvénile », car il survient généralement dans la quarantaine.
On distingue plusieurs types d’emphysème :
- Panlobulaire lorsqu’il détruit les alvéoles et les vaisseaux sanguins environnant. Il est lié au vieillissement pulmonaire, et survient chez le sujet âgé ;
- Centrolobulaire lorsqu’il n’y a que les alvéoles qui sont impactées. Ce type d’emphysème est une complication de la BPCO, et donc d’un tabagisme ;
- Paralésionel quand l’emphysème se développe au niveau d’une cicatrice témoignant d’une ancienne pathologie pulmonaire comme la tuberculose, par exemple.
Quels symptômes ?
Un emphysème pulmonaire se traduit par des difficultés respiratoires, parfois invalidantes.
Divers symptômes peuvent traduire l’atteinte pulmonaire provoquée par un emphysème :
- Dyspnée (sensation de manque d’air) qui évolue vers un essoufflement au moindre effort, ce qui limite toute activité ;
- Oppression thoracique ;
- Fatigue ;
- Toux chronique ;
- Pâleur ;
- Respiration rapide et incomplète ;
- Expiration prolongée.
Lorsque l’emphysème s’aggrave, d’autres symptômes caractéristiques apparaissent :
- Coloration bleue (ou cyanose) des lèvres due au manque d’oxygène ;
- Sifflements ou « râles bronchiques » perceptible à l’auscultation ;
- Distension thoracique visible sur une radiographie thoracique. Le thorax prend la forme d’un entonnoir du fait du blocage des muscles respiratoires pendant l’inspiration.
La principale complication est l’insuffisance respiratoire chronique, qui engendre rapidement une insuffisance cardiaque également.
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Lorsqu’un emphysème est suspecté, plusieurs examens médicaux sont nécessaires pour confirmer le diagnostic.
Tout d’abord, le médecin interroge son patient et l’examine. Les questions posées au patient concernent un éventuel tabagisme (dans le cas ou le patient n’a pas de pathologies pulmonaires connues), ses symptômes (essoufflement, toux, etc.) et ses antécédents médicaux.
Ensuite, la gravité de l’essoufflement est évaluée par le médecin. Il peut éventuellement réaliser un test respiratoire ou spirométrie qui consiste à demander au patient de souffler le plus fort possible et le plus longtemps possible dans un tube relié à un appareil. Il peut être demandé au patient de réitérer l’opération après inhalation d’un médicament bronchodilatateur. Ce test mesure la capacité du patient à expirer tout l’air présent dans ses poumons : le VEMS ou le volume expiratoire maximal par seconde. Cet examen est indispensable pour évaluer le type d’essoufflement et l’importance de l’emphysème. Il conditionne la démarche thérapeutique à suivre.
La spirométrie peut être complétée par un autre test : la pléthysmographie. Il permet de calculer les volumes respiratoires, et notamment le volume pulmonaire résiduel, autrement dit la quantité d’air restant dans les poumons après l’expiration.
Enfin, une radiographie des poumons est réalisée afin de rechercher une distension du thorax. Un scanner thoracique permet de préciser les zones pulmonaires affectées par l’emphysème. Il est souvent utilisé pour suivre l’évolution, voir l’extension, de l’emphysème au fil du temps.
Un bilan cardiaque est systématique effectué dans le but d’évaluer le retentissement cardiaque de l’affection. Il comprend une échographie cardiaque et un électrocardiogramme.
À noter ! D’autres examens complémentaires, par exemple une prise de sang peuvent être réalisés afin de détecter d’éventuelles pathologies associées.
Quel traitement ?
Un emphysème pulmonaire est incurable. Les alvéoles dégradées n’ont pas la capacité de se régénérer. La prise en charge vise donc à ralentir l’évolution de la maladie et à limiter les complications.
La première des mesures indispensables est l’arrêt du tabac pour les fumeurs. En cas de dépendance, un traitement de substitution nicotinique peut être prescrit. Plusieurs dosages et plusieurs formes (patchs, gommes, spray, comprimés) de substituts existent pour accompagner chaque type de fumeur vers le sevrage. Ils permettent, en effet, de diminuer les symptômes de manque de nicotine, (irritabilité, troubles du sommeil, difficulté de concentration, etc.) et augmentent les chances de réussite dans l’arrêt du tabac.
Il faut également éviter : tous les lieux enfumés et de respirer des substances nocives (produits chimiques, allergènes). Une réorientation professionnelle doit parfois être envisagée.
La prise en charge vise ensuite à soulager le patient en traitant ses symptômes : activité physique régulière et adaptée, kinésithérapie respiratoire, médicaments bronchodilatateurs, corticostéroïdes (contre l’inflammation), antibiotiques (contre d’éventuelles infections), inhalation d’oxygène voire transplantation pulmonaire dans certains cas.
La vaccination antigrippale et antipneumococcique est préconisée.
Charline D., Docteur en pharmacie