L’hypocondrie est un trouble anxieux défini comme étant une préoccupation excessive de son état de santé. Cette affection se manifeste par une focalisation de l’attention du patient sur toutes les manifestations qui confirment son idée d’être malade, malgré des avis médicaux rassurants. L’hypocondrie peut être associée à la survenue d’une dépression, à l’apparition de Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) et à un trouble anxieux chronique.
Le diagnostic repose sur l’expertise d’un psychiatre. Une psychothérapie adaptée est nécessaire pour soigner l’hypochondrie. La prise en charge psychologique du patient peut être associée à la prescription d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques en cas de symptômes dépressifs ou anxieux associés.
Définition et symptômes de l’hypochondrie
L’hypochondrie, une maladie imaginaire ?
L’hypocondrie est un trouble anxieux caractérisé par la crainte permanente et irrationnelle d’être malade. L’hypochondriaque qui est excessivement à l’écoute de son corps tente d’interpréter la moindre observation comme un signe de maladie grave. Une angoisse permanente qui conduit à une relation pathologique avec le corps. Le patient hypochondriaque reste persuadé de souffrir d’un mal, inexistant, bien que les examens médicaux ne révèlent rien d’anormal.
L’hypocondrie peut apparaître à tout âge mais touche plus volontiers les individus à tempérament anxieux. L’exemple type de l’hypocondriaque est bien Argan, Malade Imaginaire de Molière. Plusieurs facteurs de stress psychosociaux comme la mort d’un proche ou un choc psychologique peuvent être des éléments déclencheurs de l’hypochondrie. En effet, un événement traumatisant comme la maladie d’un proche, par exemple, peut favoriser le développement d’une forme d’anxiété liée aux maladies. Le patient craint de revivre le même traumatisme, d’autant plus lorsqu’il y a eu un retard de diagnostic pour le proche. Parfois, c’est plutôt une carence affective qui va faire naître chez le patient l’idée inconsciente que le fait d’être malade permet d’attirer l’attention de ses proches. Enfin, plus récemment, la pandémie de COVID19 a aussi pu favoriser le développement des phobies de ce type.
À savoir ! Bien que le patient hypochondriaque imagine à tort qu’il est malade, l’hypocondrie quant à elle est bel et bien une pathologie à ne pas négliger.
Au cœur des préoccupations du sujet hypocondriaque, la maladie peut prendre plus d’ampleur et devenir chronique.
Il existe différents types d’hypocondrie :
- Hypocondrie névrotique
- Hypocondrie délirante
- Hypocondrie du sujet âgé
Chez les jeunes, une hypocondrie délirante peut être accompagnée de schizophrénie. Dans le cas de sujets plus âgés, il arrive que l’hypocondrie prenne la forme de délires mélancoliques voire de démences.
A l’heure actuelle, de nouvelles formes d’hypocondrie voient le jour, on parle des cybercondriaques. Grâce à internet, les hypochondriaques accèdent à une information médicale, plus ou moins vérifiée, en quelques clics. En recherchant leur symptôme, ils optent eux-mêmes pour les médicaments et aliments à consommer et finissent par s’inventer leur propre médecine.
À savoir ! Aucune information médicale dispensée en dehors des consultations médicales ne permet de remplacer l’avis d’un professionnel de santé.
Dans le DSM V (Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux) qui est le manuel de référence en psychiatrie, le terme hypocondrie laisse progressivement place à une nouvelle nomination, à savoir le « trouble d’anxiété de maladie », classé parmi les « troubles de symptômes somatiques ».
Quelle attitude annonce une éventuelle hypocondrie ?
L’hypocondriaque interprète des sensations corporelles normales comme des signes irréfutables de maladie grave.
Le patient hypochondriaque :
- Est persuadé d’avoir une maladie grave. Tous les jours, le patient hypochondriaque contrôle son corps à la recherche d’un éventuel signe physique (douleur, bouton, etc.). ;
- A des rendez-vous médicaux très réguliers avec des spécialistes. Souvent, plusieurs spécialistes d’une même discipline sont consultés dans l’espoir de trouver celui qui aura les mêmes conclusions que le patient ;
- Se renseigne énormément sur internet vis-à-vis des éventuels signes physiques qu’il a repérés. Le patient s’improvise médecin en réalisant son propre diagnostic à partir de ses observations ;
- A une peur panique de souffrir ou de mourir, ce qui peut par exemple lui générer des insomnies ;
- N’est rassuré que temporairement avec les résultats des divers examens médicaux pratiqués ;
- S’auto médique beaucoup. Le patient est donc sans cesse tenté par la prise de médicament, considérée comme une protection ;
- Peut être victime d’attaque de panique à un stade plus avancé de la maladie.
A noter ! Lorsqu’un parent est hypochondriaque, les enfants ont plus de risque de le devenir également par imitation.
Hypochondrie, diagnostic et traitement
Le diagnostic clinique de l’hypochondrie
Le diagnostic de l’hypochondrie est psychiatrique.
L’Association Psychiatrique Américaine a clairement énuméré les critères symptomatiques sur lesquels repose le diagnostic d’hypocondrie. Seule une consultation chez un professionnel de santé permet de renseigner sur la présence éventuelle de la pathologie. Le psychologue ou le psychiatre a alors recours à un diagnostic différentiel pour tenter de détecter la possibilité d’une affection médicale générale. Un diagnostic de Troubles Obsessionnels-Compulsifs ou de troubles paniques peuvent appuyer le diagnostic d’hypocondrie. Les critères symptomatiques énoncés par le DSM sont les suivants :
- Préoccupation sur la santé qui dure depuis au moins six mois;
- Préoccupation qui perdure même après consultation avec un médecin spécialiste et des résultats d’examens négatifs;
- Impact négatif sur la vie sociale et professionnelle au quotidien.
À savoir ! Les symptômes psychiques sont souvent associés à des troubles physiques. Dans certains cas extrêmes, l’hypocondrie peut devenir invalidante pour le patient.
La psychothérapie pour l’hypochondrie
La prise en charge d’une hypochondrie est similaire à celle des phobies. Elle repose sur la prise en charge de la maladie en elle-même mais aussi de l’ensemble des troubles qui y sont liés, comme la dépression ou l’anxiété.
Les psychothérapies cognitives et comportementales (TCC) sont les traitements de première intention pour traiter l’hypochondrie. Les TCC permettent au patient de comprendre les mécanismes de pensées négatives à l’origine de ses comportements inadaptés, ici, la peur obsessionnelle et irrationnelle d’être malade. L’objectif est de parvenir progressivement avec l’aide du thérapeute à dépasser les symptômes qui font souffrir le patient via l’apprentissage et le renforcement de comportements adaptés. Une séance dure, en général, entre 30 minutes et 1 heure à raison de 1 à 2 séances par semaine selon les besoins de chacun. Ce type de thérapie est bref. Les séances s’étalent sur quelques semaines à plusieurs mois en fonction de l’ancienneté et de la gravité du trouble. A noter qu’il est essentiel pour le patient de déterminer l’origine de ses angoisses afin de pouvoir y mettre un terme plus efficacement. La psychothérapie permet cette introspection.
À savoir ! Le suivi médical d’un patient hypocondriaque demande une écoute particulière de la part du praticien. Celui-ci doit faire preuve de beaucoup d’empathie.
Un traitement médicamenteux (antidépresseurs, anxiolytiques) peut être mis en place ponctuellement pour soulager les symptômes liés à la dépression ou l’anxiété. A noter que les anxiolytiques de type benzodiazépines ont une action plus rapide que les antidépresseurs, mais exposent à un plus grand risque de dépendance et d’effets indésirables (somnolence, pertes de mémoire, ralentissement moteur, etc.)
Par ailleurs, des séances de relaxation et une bonne hygiène de vie aideront considérablement à apaiser l’anxiété du malade.
Publié le 11 avril 2018 par Lina R., Journaliste scientifique, Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 12 décembre 2022