La trichotillomanie


Rédigé par Florence D-L. et publié le 16 février 2023

Perte de cheveux trichotillomanie

La trichotillomanie, aussi appelée trichomanie, est un trouble psychologique assez méconnu du grand public et des professionnels de santé. Une personne atteinte de trichotillomanie arrache de manière répétée, et parfois sans même en avoir réellement conscience, ses cheveux ou ses poils, ce qui provoque parfois l’apparition de véritables zones d’alopécie sur le cuir chevelu, le visage ou le corps. S’arracher les cheveux devient un besoin, une nécessité, une urgence, peu importe les conséquences que cela peut avoir sur le quotidien. Les trichotillomanes ont tendance à ne pas parler de leur problème et de leurs symptômes à leurs proches, ce qui peut retarder le diagnostic et la prise en charge.

Définitions et symptômes

La trichotillomanie est un trouble psychologique défini par l’arrachage répété des cheveux ou des poils. Ce trouble conduit à la perte des cheveux ou des poils, aussi appelée alopécie. Autrement dit, la personne trichotillomane peut devenir complètement chauve ou imberbe par endroits.

Le terme “trichotillomanie” a été utilisé pour la première fois en 1889 par le dermatologue français François Henri Hallopeau. L’origine étymologique du mot est grecque : “tricho” signifie “poil”, “tillo” signifie “épiler” et “manie” signifie “folie”.

La trichotillomanie est une affection psychologique chronique qui se manifeste sous forme de crises, de quelques minutes à quelques heures. Certains patients arrachent leurs cheveux ou leurs poils de façon totalement automatique et inconsciente, tandis que d’autres patients ont conscience de ce qu’ils sont en train d’infliger à leur corps, mais sans pour autant pouvoir s’arrêter de le faire.

Tous les cheveux et poils peuvent être concernés par la trichotillomanie. Par exemple, certains trichotillomanes s’arrachent les cils et les sourcils. Les hommes peuvent s’arracher les poils de la barbe ou du torse.

À savoir ! Dans certains cas, la personne trichotillomane arrache les cheveux ou les poils d’autres personnes ou d’animaux. Il est également possible de voir une personne trichotillomane arracher les “poils” d’un pull ou d’une couverture par exemple.

Comment classer la trichotillomanie parmi les autres troubles psychologiques ?

La trichotillomanie est un trouble psychologique reconnu, qui apparaît dans le manuel DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), l’ouvrage de référence dans le diagnostic et la classification des pathologies mentales.

La trichotillomanie présente plusieurs points communs avec les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), notamment le fait d’essayer, le plus souvent sans succès, de diminuer ou de stopper l’arrachage des cheveux ou des poils.

La trichotillomanie est généralement apparentée à d’autres troubles du comportement, appelés comportements répétitifs centrés sur le corps (CRCC). Parmi ces troubles, citons l’onychotillomanie qui consiste à se ronger les ongles et la dermatillomanie au cours de laquelle la personne se gratte la peau et toutes les petites imperfections qui peuvent s’y trouver.

Qui est concerné ?

La trichotillomanie concernerait entre 1 et 2% de la population. L’épidémiologie de ce trouble psychologique est difficile à obtenir car les trichotillomanes consultent peu, ou alors consultent pour un autre trouble dermatologique ou psychologique associé.

L’immense majorité des trichotillomanes sont des femmes.

À savoir ! La trichotillomanie apparaît généralement dans l’enfance ou à l’adolescence, mais elle peut se développer à tout âge, par exemple après un traumatisme.

Quels sont les symptômes ?

Dans les cas les plus extrêmes, la trichotillomanie entraîne l’apparition d’une alopécie, c’est-à-dire la perte des cheveux et des poils. Dans les cas plus modérés, les cheveux ou les poils peuvent être légèrement clairsemés. Dans tous les cas, l’atteinte esthétique peut être majeure, avec des conséquences sur le quotidien et les relations familiales, amicales, professionnelles.

Perte de cheveux importante trichotillomanie

À savoir ! Les personnes trichotillomanes cherchent généralement à cacher leur alopécie naissante ou avérée, par différents moyens, un foulard, un chapeau, une perruque ou du maquillage dans le cas des sourcils.

Quels sont les troubles psychologiques associés ?

Une personne atteinte de trichotillomanie présente souvent d’autres troubles psychologiques :

De plus, la trichotillomanie est parfois associée à la trichophagie, un trouble psychologique au cours duquel la personne ingère les cheveux ou les poils qu’elle a arrachés. Avaler ses cheveux n’est pas sans risque et peut conduire à la formation d’un amas compact dans l’estomac appelé trichobézoard.

Quelles sont les causes de la trichotillomanie ?

On ne connaît pas la cause exacte de la trichotillomanie. Chaque trichotillomane a sa propre histoire, son propre parcours qui le pousse à s’arracher les cheveux ou les poils et à avoir du mal à s’arrêter.

Il arrive que la personne s’arrache les cheveux pour soulager un stress, une inquiétude, une angoisse. Après la crise, la personne ressent généralement de la satisfaction, mais cela ne dure qu’un temps, car ensuite arrive souvent la gêne, la honte, voire la culpabilité.

La trichotillomanie se développe parfois en réponse à un traumatisme vécu par la personne.

L’ennui est une autre cause possible dans l’origine d’une crise.

Comment prendre en charge la trichotillomanie ?

Peu de personnes atteintes de trichotillomanie consultent directement un psychologue ou un psychiatre. Dans un premier temps, c’est souvent le médecin généraliste ou le dermatologue qui est consulté, notamment pour résoudre le problème d’alopécie. L’errance médicale peut être longue avant d’identifier clairement la trichotillomanie chez un patient, d’autant que de nombreuses personnes nient qu’elles s’arrachent les cheveux.

Le diagnostic de la trichotillomanie est clinique et se base sur plusieurs critères énoncés dans le manuel DSM.

Comment traiter la trichotillomanie ?

La psychothérapie est le traitement de choix de la trichotillomanie. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) aident le patient à prendre conscience de son problème, à identifier les facteurs qui déclenchent ou qui favorisent ses crises, et enfin à remplacer l’arrachage des cheveux par d’autres gestes ou comportements, par exemple s’occuper les mains.

Chez certains patients, la gestion du stress est un élément important de la prise en charge. Elle passe par différentes méthodes : méditation, sophrologie, hypnose, etc. La combinaison de plusieurs techniques est parfois nécessaire pour aller mieux et apprendre à affronter les situations de stress sans avoir à s’arracher les cheveux ou les poils.

Femme consultant un spécialiste pour la trichotillomanie

À savoir ! Des médicaments peuvent être prescrits au cas par cas, notamment certains antidépresseurs et anxiolytiques, mais toujours en complément d’une psychothérapie, sous peine d’échec.

Le rôle des proches

Le trichotillomane s’arrache les cheveux ou les poils lorsqu’il est seul et cherche à cacher son alopécie par tous les moyens, de telle sorte que les proches peuvent mettre du temps à se rendre compte que quelque chose ne va pas.

Les proches se sentent parfois impuissants face à la trichotillomanie, soit parce que la personne atteinte nie l’évidence, soit parce que leurs remarques ne permettent pas d’empêcher les crises et ne font qu’accroître l’isolement de la personne.

L’essentiel est de faire preuve de patience, d’écoute et d’empathie.

Florence D.-L., Docteur en pharmacie

Sources
– Trichotillomanie. msdmanuals.com. Consulté le 10 janvier 2023
– Trichotillomanie. afcrcc.com. Consulté le 10 janvier 2023

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