Manger plus tôt pour protéger son cœur ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 3 janvier 2024

Principale cause de mortalité dans le monde, les maladies cardiovasculaires tuent chaque année des millions de personnes et un grand nombre de ces décès seraient attribuables à l’alimentation. Et si l’heure des repas au cours de la journée influençait le risque de développer une maladie cardiovasculaire ? C’est ce que suggère une récente étude selon laquelle manger tardivement serait associé à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Zoom sur les conclusions de ces travaux.

Manger tôt coeur

Lien entre alimentation et santé cardiovasculaire

Principale cause de mortalité dans le monde, les maladies cardiovasculaires tuent chaque année des millions de personnes et un grand nombre de ces décès serait attribuable à l’alimentation.

Il faut dire que l’alimentation moderne joue un rôle prépondérant dans la survenue et l’évolution de ces maladies. Outre la faible qualité nutritionnelle des aliments industriels et ultra-transformés omniprésents dans les rayons des supermarchés, le rythme des prises alimentaires a également son importance.  Ainsi donc, sauter des repas en journée ou prendre des repas tardivement dans la soirée voire manger pendant la nuit n’est pas sans conséquence pour la santé de l’organisme.

À savoir ! Le rythme quotidien des prises alimentaires (repas, collations…) espacées par des périodes de jeûne participe à la synchronisation des horloges internes des différents organes du corps. Ce processus de synchronisation influence les fonctions cardio-métaboliques de l’organisme parmi lesquelles la régulation de la tension artérielle.

Sur la base de ce constat, des scientifiques de l’INRAE, de l’Institut de santé globale de Barcelone, de l’Inserm et de l’université Sorbonne Paris Nord ont souhaité vérifier si l’heure des repas au cours de la journée influençait le risque de développer une maladie cardiovasculaire.

Un risque de maladies cardiovasculaires accru en cas de prise alimentaire tardive

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs se sont appuyés sur les données de 103 389 participants de la cohorte NutriNet-Santé, suivis entre 2009 et 2022. L’âge moyen de cette cohorte composée à 79% de femmes était de 42 ans. L’objectif poursuivi ? Etudier les associations entre les rythmes de prise alimentaire et les maladies cardiovasculaires. Un grand nombre de facteurs de confusion ont ainsi été pris en compte dans le but de réduire au maximum le risque de biais (âge, sexe, situation familiale, qualité nutritionnelle de l’alimentation, mode de vie et cycle du sommeil).

À savoir ! L’étude NutriNet-Santé est une étude de santé publique participative visant à faire avancer la recherche sur les liens entre la nutrition et la santé. Lancée en 2009 par l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN), l’étude a déjà donné lieu à plus de 200 publications scientifiques internationales.
Après analyse des données, les chercheurs ont pu observer les résultats suivants :

  • Risque accru de maladie cardiovasculaire en cas de première prise alimentaire de la journée plus tardive (saut du petit-déjeuner par exemple). Avec une augmentation de 6 % du risque par heure supplémentaire.
  • Risque de maladie cérébro-vasculaire  (accident vasculaire cérébral par exemple) augmenté de 28% en cas de dîner tardif (après 21 h) par rapport à un dîner avant 20h, en particulier chez les femmes.
  • Réduction du risque de maladie cérébro-vasculaire en cas de jeûne nocturne prolongé (entre la dernière prise alimentaire de la journée et la première prise alimentaire du lendemain).

Vers une meilleure prévention des risques de maladies cardiovasculaires

Publiés dans la Nature Communications, ces résultats suggèrent l’importance de l’horaire et du rythme des prises alimentaires au cours de la journée dans la réduction du risque de survenue de maladies cardiovasculaires. Selon cette étude, il conviendrait donc de s’habituer à manger plus tôt pour la première ou la dernière fois de la journée. Par ailleurs, il semblerait bénéfique que la durée du jeûne nocturne soit allongée afin de réduire le risque de maladies cérébro-vasculaires (en mangeant plus tôt à la fois le matin et le soir).

Prochaine étape pour les chercheurs ? Approfondir les recherches sur le sujet à travers l’étude de nouvelles cohortes. A l’heure de la chrononutrition, nul doute que l’enrichissement de ces connaissances permettra à terme de mieux prévenir les risques de maladies cardiovasculaires au sein de la population !

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Manger de bonne heure pourrait réduire le risque cardiovasculaire. lien.source.fr. Consulté le 18 décembre 2023.