Pour bien vieillir, il est essentiel de rester autant actif que possible, et donc mobile ! Comment préserver au mieux cette mobilité ? Comment les professionnels de santé peuvent-ils contribuer à réduire la perte de mobilité ? Des questions qui font partie des enjeux d’une récente étude, publiée dans la revue scientifique British Medical Journal.
Bien vieillir et perte de mobilité chez les séniors
L’étude est un essai clinique contrôlé, randomisé, incluant 16 sites dans 11 pays européens. Elle s’est déroulée entre janvier 2016 et octobre 2019. Son objectif principal était de déterminer si une intervention pluridisciplinaire pouvait prévenir la perte de mobilité chez 1 519 personnes âgées (dont 1 088 femmes, âge moyen 78,9 ans) :
- Présentant une fragilité physique ;
- Une sarcopénie (perte de masse et de force musculaire ayant un impact fonctionnel).
L’intervention pluridisciplinaire reposait sur trois volets complémentaires :
- L’activité physique ;
- Les aides technologiques ;
- Le conseil nutritionnel.
L’intérêt d’une approche pluridisciplinaire personnalisée
Aléatoirement, les chercheurs ont divisé les participants en deux groupes :
- 760 participants ont bénéficié d’une approche pluridisciplinaire adaptée. Elle consistait en la pratique d’une activité physique d’intensité modérée deux fois par semaine en centre sportif. S’ajoutaient quatre séances par semaine à la maison et des conseils nutritionnels personnalisés ;
- 759 participants ont bénéficié des conseils habituels donnés aux personnes âgées en bonne santé. Il s’agit de conseils sur le bien vieillir pendant un mois.
L’ensemble des participants de l’étude ont été suivis sur une période totale de 36 mois. L’analyse des résultats a mis en évidence que près de 47 % des participants ayant bénéficié d’une approche pluridisciplinaire étaient touchés par une perte de mobilité, contre près de 53 % dans le groupe contrôle. A l’inverse, 21 % des participants avec l’approche pluridisciplinaire présentaient une perte de mobilité persistante, contre 25 % dans le groupe contrôle.
Détecter au plus tôt les séniors les plus fragiles
L’écart entre les deux groupes en termes de perte de mobilité se maintenait à 24 puis 36 mois, toujours en faveur de l’approche pluridisciplinaire. Chez les femmes, la perte de force de préhension était plus faible dans le groupe approche pluridisciplinaire, par rapport au groupe contrôle à 24 mois de suivi. Enfin, les événements indésirables survenaient chez 39 % des participants du groupe approche pluridisciplinaire, contre 36 % dans le groupe contrôle.
A l’issue de l’étude, les chercheurs concluent à un effet significatif de l’approche pluridisciplinaire pour réduire l’incidence de la perte de mobilité chez les personnes âgées, fragiles et prédisposées à ce risque. Il apparaît donc primordial de détecter précocement la fragilité physique et la sarcopénie chez les séniors, pour les orienter au plus tôt vers la prise en charge la plus adaptée. Cette prise en charge pourra permettre de préserver leur mobilité et donc leur autonomie pour bien vieillir.
Estelle B., Docteur en Pharmacie