Morsures de chien : les enfants en première ligne

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Rédigé par Isabelle V. et publié le 2 juin 2017

Les morsures de chien sont fréquentes. Entre les enfants et les chiens, c’est souvent une grande histoire d’amour. Cependant, parfois, la cohabitation tourne mal. Avec le retour des beaux jours, les activités de plein air en famille battent leur plein et la surveillance des parents peut se relâcher. Il faut s’attendre, comme chaque année, à une augmentation du nombre de morsures chez les plus petits. Pourtant avec quelques mesures éducatives et de la vigilance, certains drames seraient évités…

Morsure du chien

Morsures de chien chez l’enfant : état des lieux

En 20 ans, les morsures  de chien ont provoqué le décès de 33 personnes dans l’hexagone ; 22 avaient moins de 15 ans, 16 moins de 5 ans. C’est dire si les enfants sont concernés par le problème. On estime que chaque année, plusieurs milliers de personnes passent aux urgences ou sont hospitalisées suite à une agression canine.

Entre 2009 et 2010, l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) en partenariat avec Zoopsy, une association de vétérinaires comportementalistes, a mené une enquête sur ce phénomène.

Plusieurs services d’urgence d’hôpitaux français ont été recrutés ; 485 personnes mordues ont été interrogées. Parmi elles, 36 % avaient moins de 15 ans. Pour les plus jeunes, le questionnaire était présenté aux parents.

Il ressort de l’étude que :

  1. Dans 78% des cas le chien en cause était connu (pour 36% des cas, il s’agissait du chien de la famille) ;
  2. 69% des canidés n’avaient jamais mordu avant ;
  3. 74% étaient des mâles (mais lorsque les femelles mordent la gravité de la morsure est équivalente à celle des mâles) ;
  4. Dans 64% des morsures de chien pour les 0-4 ans et 78% pour les 5-9 ans, l’accident s’est produit hors de la présence d’un adulte ;
  5. Les enfants sont plus souvent mordus au niveau du visage ou du crâne (64% des cas – les adultes sont touchés de préférence au bras).

Sans surprise, plus le chien était de grande taille, plus la blessure était grave. Le top 3 des races impliquées était le Berger allemand suivi du Labrador et du Jack Russel, mais il s’agit aussi des races les plus représentées à cette époque en France.

Aux dire des témoins, le chien avait mordu sans raison apparente (42% des cas) ou parce que l’enfant l’avait surpris ou énervé.

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Les différents types d’agressions canines

L’agressivité fait partie du comportement naturel du chien ; c’est même pour elle que l’homme l’a domestiqué, afin de garder sa maison et chasser les intrus. Les vétérinaires comportementalistes classent les agressions canines en différentes catégories. Elles découlent des situations particulières qui sont intéressantes à connaître dans un but préventif.

On retrouve :

  1. Des agressions hiérarchiques : c’est le chien « chef de meute » qui réprimande un membre de la famille jugé inférieur. Ce type d’agression peut être réglée par un recadrage hiérarchique ;
  2. Des agressions par irritation : c’est l’animal agacé qui donne un coup de dent. Cette agression peut facilement se systématiser, donnant l’impression que l’animal mord « pour rien » ;
  3. Des agressions par peur : il s’agit alors d’un chien craintif qui se trouve aculé et ne trouve d’autre solution que l’attaque. Les morsures sont souvent sérieuses car l’animal ne se contrôle pas ;
  4. Des agressions territoriales ou maternelles : pour défendre sa maison ou son jardin (c’est la morsure du facteur ou de l’employé du gaz) ou ses petits ;
  5. Le comportement de prédation : extrêmement grave car c’est la mise à mort qui est recherchée. Cette agression concerne surtout les petits chiens ou les chats, parfois les jeunes enfants.

Certaines morsures se déclenchent dans un contexte de compétition entre l’enfant et le chien, par exemple autour de la nourriture (le bambin qui se promène avec un gâteau ou s’approche de la gamelle) ou pour l’accès aux genoux du maître préféré. Un chien souffrant d’une pathologie douloureuse comme une otite ou de l’arthrose est également plus susceptible de mordre.

Généralement, la morsure est précédée de signaux de menace : retroussement des babines et grognements. Ces avertissements sont importants à connaître et détecter.

A savoir ! En France, tout chien mordeur doit subir une évaluation comportementale chez un vétérinaire habilité. Cet examen obligatoire a pour but d’évaluer le risque de récidive et de le prévenir.

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Conseils aux parents

Pour éviter les accidents, il incombe aux maîtres d’éduquer leur chien… et aux parents d’éduquer leurs enfants.

En présence d’un chien, la vigilance des parents s’impose. Il peut parfois être plus prudent d’enfermer le chien dans une pièce quand la surveillance n’est pas possible (fête, présence de nombreux enfants…). Certains enfants sont attirés par les chiens, cependant des règles s’imposent. Il faut les leur inculquer dès que leur âge le permet :

  1. On ne dérange pas un chien qui dort, qui est dans son panier ou qui mange.
  2. On n’approche pas un chien inconnu, sauf si son maître est présent et qu’il en a donné l’autorisation.
  3. On ne poursuit pas un chien qui s’enfuit. On ne va pas le chercher sous un meuble.
  4. En cas de grognements, on arrête toute interaction avec le chien.
  5. Lors des jeux, on évite de coller sa tête à celle du chien.

Ces conseils sont certes quelque peu anxiogènes, cependant un chien n’est pas un jouet, ni une machine ; c’est un être vivant avec des réactions répondant à un schéma comportemental codifié. Rassurons tout de même les parents qui aiment les chiens : la plupart de ces animaux adorent les enfants et se révèlent des compagnons de jeux… inépuisables.

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Isabelle V., Journaliste scientifique

– Facteurs de gravité des morsures de chien aux urgences. Santé publique France. – Consulté le 2 juin 2017.

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