La crise des opioïdes aux États-Unis a révélé les dangers liés à l’usage de ces substances. En Europe, bien que le contexte soit différent, le rapport européen sur les drogues 2024 soulève une augmentation de la consommation des opioïdes de synthèse. Ces analgésiques puissants peuvent entraîner une dépendance rapide et présenter des risques graves. L’Union européenne renforce ses efforts pour prévenir les méfaits associés à ces produits et protéger les populations.
Les opioïdes : des substances puissantes mais addictives
Les opioïdes, qu’ils soient naturels ou synthétiques, agissent en se fixant sur des récepteurs spécifiques du cerveau. Ils bloquent ainsi la perception douloureuse, tout en induisant une sensation de soulagement, voire d’euphorie. Ces effets sont très utiles dans les anesthésies ou contre la douleur. Mais ils peuvent mener à un usage détourné et une dépendance rapide.
Le potentiel addictif
- Tolérance : avec le temps, le corps s’habitue à la substance, nécessitant des doses de plus en plus élevées pour obtenir le même effet.
- Addiction : un usage répété, en dehors d’un cadre médical, peut conduire à une dépendance, caractérisée par un besoin compulsif de consommer malgré les conséquences négatives.
- Syndrome de sevrage : l’arrêt brutal des opioïdes peut provoquer des symptômes intenses, tels que des douleurs musculaires, des nausées ou une agitation.
Le risque de surdose aux opioïdes : un enjeu majeur
Les opioïdes de synthèse présentent un risque majeur de surdose en raison de leur puissance. Le fentanyl, par exemple, est 50 à 100 fois plus fort que la morphine, tandis que certains nitazènes, comme l’isotonitazène, peuvent l’être jusqu’à 500 fois. Une infime quantité suffit à provoquer une dépression respiratoire, cause principale de décès par overdose.
Facteurs aggravants
- Composition incertaine : contrairement aux opioïdes prescrits, ceux présents sur le marché de la drogue ne bénéficient d’aucun contrôle.
- Concentration variable : Les produits vendus en dehors du circuit médical peuvent contenir des doses très inégales, augmentant le risque d’une prise excessive involontaire.
- Mélanges dangereux : Les substances illicites peuvent être coupées avec d’autres molécules, comme les benzodiazépines (benzo-dope) ou de la xylazine (tranq-dope), amplifiant leur toxicité.
Le cas des nitazènes
Depuis 2019, les nitazènes, opioïdes de synthèse très puissants, ont été signalés dans 20 pays européens. En 2023, de nombreux cas d’intoxications liées à ces substances ont été rapportés en France et en Irlande, où ils étaient parfois vendus comme de l’héroïne.
À savoir ! Les opioïdes de synthèse, comme le fentanyl, peuvent être écoulés sous forme de comprimés falsifiés imitant les médicaments autorisés. Cela peut tromper les consommateurs et augmenter les risques d’intoxication accidentelle.
La situation des opioïdes en Europe en 2024
Les opioïdes de synthèse occupent actuellement une place limitée sur le marché des drogues en Europe, mais leur impact est hausse. La consommation de ses substances très puissantes représente une grande partie de la mortalité associée à la consommation de stupéfiants. En 2022, 163 décès liés au fentanyl et à ses dérivés ont été enregistrés en Europe, principalement dans les pays baltes. En 2023, des opioïdes de synthèse ont été identifiés dans au moins 16 États membres de l’UE. Cette même année, sept nouvelles molécules, dont six de la classe des nitazènes, ont été identifiées.
Face à ces défis, l’Europe déploie plusieurs mesures pour protéger les populations :
- Surveillance renforcée : le système d’alerte précoce de l’UE permet de détecter rapidement l’apparition de nouvelles substances dangereuses et d’avertir au plus vite en cas de danger.
- Diffusion de la naloxone : cet antidote, qui bloque les effets des opioïdes lors d’une surdose, est de plus en plus disponible auprès des associations et accessible aux consommateurs.
- Campagnes de sensibilisation : des opérations de prévention visent à informer le public sur les risques des opioïdes, notamment ceux vendus en dehors des circuits légaux.
La consommation des opioïdes de synthèse représente une problématique croissante en Europe. Si leur rôle en médecine reste essentiel, leur potentiel addictif et les dangers associés à leur usage détourné exigent une vigilance accrue. Grâce à des outils de prévention, une meilleure régulation et une sensibilisation renforcée, l’Europe s’efforce de limiter leur impact sur la santé publique et de réduire les risques pour les personnes atteintes par cette addiction.
– Héroïne et autres opioïdes : Rapport 2024. www.euda.europa.eu. Consulté le 18 novembre 2024.
– ANSM : Alerte sur les opioïdes de synthèse. ansm.sante.fr. Consulté le 18 novembre 2024.