Paracétamol pendant la grossesse : attention prudence !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 2 juin 2021

Peut-on prendre du paracétamol pendant la grossesse ? Pendant la grossesse, la prise de médicaments doit se faire avec la plus extrême vigilance pour préserver le fœtus. A l’heure actuelle, le paracétamol peut être utilisé pendant toute la grossesse à la posologie usuelle chez l’adulte. Mais de plus en plus d’études suggèrent que la prise prolongée de ce médicament pendant la grossesse pourrait avoir des conséquences sur la santé et le développement de l’enfant. Une récente méta-analyse s’est justement penchée sur ce sujet.

Paracétamol pendant la grossesse

Paracétamol et grossesse

Depuis plusieurs années, les épidémiologistes observent une augmentation de certains troubles chez l’enfant :

  • Les troubles du spectre de l’autisme ;
  • Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Mais les causes de cette tendance évolutive restent encore mal comprises. Les chercheurs s’intéressent notamment à l’effet possible de certains médicaments pris par la mère au cours de la grossesse.

Parmi les médicaments pointés du doigt, figure le paracétamol, un médicament largement utilisé dans le traitement des douleurs légères à modérées et autorisé pendant toute la grossesse à la posologie usuelle de l’adulte (1 grammes toutes les 6 heures). Il y a quelques années, plusieurs études avaient déjà suggéré que la prise prolongée de paracétamol pendant la grossesse pourrait augmenter le risque de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant.

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Une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux après une exposition in utero

Afin de faire la lumière sur ce sujet, des chercheurs ont récemment mené une méta-analyse prenant en compte les résultats de six études de cohorte menées dans six pays européens : le Danemark, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. L’ensemble de ces cohortes représentaient un total de près de 74 000 enfants. Sur l’ensemble des femmes enceintes suivies, entre 14 % et 56 % avaient pris du paracétamol au cours de leur grossesse.

L’analyse de l’ensemble des données a permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants, âgés de 4 à 12 ans, dont les mères avaient pris du paracétamol pendant la grossesse. Ce surrisque s’élevait à :

  • 19 % pour les troubles du spectre autistique ;
  • 21 % pour les troubles de l’attention.

Ce résultat s’observait à la fois pour les filles et les garçons. En revanche, la prise de paracétamol après la naissance (et jusqu’aux 18 mois de l’enfant) n’était associée à aucune augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux.

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Une utilisation raisonnée et raisonnable du paracétamol pendant la grossesse

De tels résultats doivent-ils amener les autorités de santé publique et les sociétés savantes à déconseiller voire interdire le paracétamol pendant la grossesse ? Selon les auteurs de l’étude, l’efficacité et la tolérance du paracétamol pendant la grossesse ne sont absolument pas à remettre en cause, d’autant plus que les autres médicaments antalgiques, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens, sont déconseillés voire interdits pendant la grossesse, en raison de leurs effets tératogènes.

En revanche, il semble nécessaire de mieux informer les femmes enceintes sur les risques liés à une prise prolongée ou récurrente de paracétamol pendant la grossesse. Les femmes enceintes doivent recourir au paracétamol, à la dose la plus faible possible, sur une durée aussi courte que possible et aussi rarement que possible.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Prenatal and postnatal exposure to acetaminophen in relation to autism spectrum and attention-deficit and hyperactivity symptoms in childhood: Meta-analysis in six European population-based cohorts. link.springer.com. Consulté le 2 juin 2021.