En France, le marché des compléments alimentaires connaît une croissance constante depuis des années, et s’élevait à plus de 2 milliards d’euros en 2022. Souvent à base de plantes médicinales, ils sont parfois considérés à tort par les consommateurs comme des produits anodins, sans danger. L’ANSES vient d’émettre un avis pour mieux informer les consommateurs sur les bienfaits mais aussi sur les risques des compléments alimentaires à base de plantes. Explications.
118 plantes médicinales présentes dans les compléments alimentaires
Parmi la longue liste de compléments alimentaires proposés au grand public, une majorité renferme des plantes, et notamment des plantes médicinales. Pour nombre de consommateurs, une composition à base de plantes est rassurante et semble parfaitement anodine. Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples et des précautions sont nécessaires avec certaines plantes, ou dans certaines situations.
Parmi les plantes utilisées dans les compléments alimentaires, figurent entre autres des plantes médicinales. Ces plantes sont connues pour leurs vertus thérapeutiques, mais aussi pour leurs effets secondaires, leurs contre-indications et leurs précautions d’emploi. Récemment, l’ANSES a constaté que les consommateurs n’étaient pas toujours suffisamment informés des risques liés à certains compléments alimentaires. Comme ces compléments sont en vente libre, le consommateur ne pense pas toujours aux dangers éventuels. L’ANSES vient donc d’émettre un avis pour renforcer l’information des consommateurs par les professionnels de santé (médecins, pharmaciens).
Les plantes médicinales, des vertus thérapeutiques, mais aussi des risques !
Premier message à retenir, les compléments alimentaires à base de plantes peuvent interagir avec des traitements médicamenteux. La prise de tout médicament, sur une courte durée ou au long cours, doit être précisée au professionnel de santé avant de prendre un complément alimentaire. Pour certains patients fragiles, par exemple, les patients cancéreux avec de multiples traitements ou les personnes âgées avec plusieurs pathologies, un avis médical est fortement recommandé avant de prendre un complément alimentaire. Certaines plantes peuvent interagir avec les principes actifs médicamenteux et ainsi augmenter leur toxicité ou atténuer leur efficacité. Les compléments alimentaires à base de réglisse sont par exemple contre-indiqués chez les patients sous médicaments diurétiques.
Par ailleurs, certaines plantes sont contre-indiquées chez des patients atteints de certaines pathologies chroniques, comme des maladies cardiaques, hépatiques, rénales, gastriques ou biliaires. L’épilepsie par exemple est une contre-indication à la prise d’un complément alimentaire à base de Gingko biloba. D’autres compléments alimentaires sont contre-indiqués ou déconseillés chez les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes. Le marronnier d’Inde à titre d’exemple est strictement réservé à l’adulte et la noix de cola est contre-indiquée pendant la grossesse et l’allaitement.
Être bien conseillé pour prendre un complément alimentaire sans risques
Il est ici impossible de lister de manière exhaustive toutes les contre-indications et précautions d’emploi de tous les compléments alimentaires à base de plantes disponibles. Actuellement, 118 plantes médicinales sont incluses dans des compléments alimentaires et peu d’informations sont disponibles sur les étiquetages et les notices d’utilisation, à la différence des médicaments. Les conseils d’un professionnel de santé sont donc essentiels pour prendre un complément alimentaire en toute sécurité.
Demander à son médecin ou à son pharmacien est un réflexe incontournable à adopter avant toute prise d’un complément alimentaire. Il convient également de ne pas associer plusieurs compléments alimentaires sans l’avis d’un professionnel, car les plantes peuvent également interagir entre elles. Enfin, même si les plantes médicinales sont connues souvent depuis longtemps, des effets secondaires nouveaux peuvent survenir lors de la prise d’un complément alimentaire, en particulier des réactions allergiques parfois sévères. Il faut en parler avec son médecin ou son pharmacien pour que cet effet soit déclaré dans les registres de nutrivigilance. Prendre un complément alimentaire à base de plantes médicinales n’est pas anodin, mais quelques précautions suffisent à le faire en toute sécurité !
Estelle B., Docteur en Pharmacie