Interdiction des plombages au mercure : les femmes enceintes et les enfants d’abord !

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Rédigé par Julie P. et publié le 19 juillet 2018

Le débat autour de la toxicité des amalgames dentaires, ou plombages, à base de mercure suscite, depuis de nombreuses années, de vives réactions de la part de ses défenseurs (dentistes) ou de ses opposants (associations). Même si cette controverse n’est pas terminée, l’Union européenne a décidé, ce 1er juillet, d’interdire progressivement les plombages au mercure, l’une des premières sources de la pollution environnementale de ce métal.

Une dentiste nettoie les dents d'une patiente dans une clinique dentaire

Le mercure : une menace sanitaire et environnementale ?

Le mercure est un métal lourd très toxique pour la santé humaine.

Sous sa forme de méthyle mercure, présent dans certains poissons (daurades, espadons, marlin, requin et thon) et les fruits de mer, il est très dangereux pour l’organisme et notamment le système nerveux, le système endocrinien et les reins.

À savoir ! Il est recommandé aux femmes enceintes ou allaitantes et aux jeunes enfants de consommer différentes espèces de poissons en excluant, à titre de précaution, la consommation de poissons susceptibles de présenter des niveaux plus élevés de méthyle mercure.

Du côté de l’environnement, cette substance non biodégradable représente une menace très importante à l’échelle mondiale. Ses origines anthropiques sont diverses : combustion du charbon et de pétrole, incinération, activités industrielles ou l’orpaillage illégal.

L’utilisation des plombages au mercure représente l’exposition au mercure la plus importante (hors exposition industrielle) et constitue une source significative de pollution.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le mercure et ses composés représentent l’un des dix groupes de produits chimiques extrêmement préoccupants pour la santé publique.

Dans le cadre des amalgames dentaires, les dangers sur l’exposition au mercure restent très controversés.

À savoir ! Un amalgame d’argent est un produit composé d’environ 50 % de poudre d’alliages d’argent, d’étain, de cuivre et de zinc et de 50 % de mercure. Une fois malaxé, il se forme une pâte qui durcit dans la cavité nettoyée de la lésion carieuse et devient pratiquement aussi résistante que les tissus dentaires. On l’utilise depuis 150 ans. Les substituts aux plombages sont les résines composites dont la couleur se rapproche de celles des dents. Leur durée de vie est de 6 ans contre 20 ans pour un plombage.

Pour l’Association Dentaire Française (ADF), « les effets toxiques du mercure n’apparaissent que pour des doses beaucoup plus élevées que celles qui sont susceptibles d’être libérées par les obturations à l’amalgame d’argent. Le seuil de risque n’apparaît que dans le cas de restaurations multiples (plus de 10 obturations) et si elles sont très volumineuses ».

D’un autre côté, les associations de consommateurs, comme « Non au mercure dentaire », avancent qu’il existe une corrélation entre les plombages et la survenue de maladies neurologiques comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson.

Cependant, la mise en place de cette nouvelle réglementation est davantage justifiée par des raisons environnementales comme le souligne le règlement du Parlement Européen : « L’utilisation du mercure dans les amalgames dentaires représente l’utilisation de mercure la plus importante dans l’Union et constitue une source significative de pollution. […] Par ailleurs, il y a lieu de prendre des mesures spécifiques de protection de la santé à titre préventif pour les membres vulnérables de la population, tels que les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes ».

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Que dit la nouvelle réglementation sur les plombages au mercure?

Désormais, le nouveau règlement européen interdit le recours aux plombages au mercure, dès le 1er juillet 2018, pour soigner les caries des enfants de moins de 15 ans et des femmes enceintes ou allaitantes. Cependant, la législation ne se ferme pas totalement à certains cas rencontrés dans la pratique de soins dentaires et le texte précise « qu’à moins que le praticien de l’art dentaire ne le juge strictement nécessaire en raison des besoins médicaux spécifiques du patient ».

Dans ce cas-ci, le praticien devra, à compter du 1er janvier 2019, utiliser des capsules pré-dosées et non plus du mercure en vrac. Cette mesure est déjà obligatoire en France depuis 2001.

Le nouveau texte de loi précise également que :

  • Le recours au plombage à base de mercure est permis si les lésions carieuses sont importantes et s’il existe des risques carieux majeurs (chez les personnes, par exemple, ne produisant pas assez de salive).
  • Chaque État membre présentera d’ici une année un plan national relatif aux mesures qu’il entend appliquer pour éliminer, pas à pas, l’usage des amalgames dentaires.
  • Les gérants des établissements de soins dentaires au sein desquels des amalgames dentaires sont utilisés (ou retirés) devront s’équiper pour récupérer l’ensemble des éléments incluant du mercure (y compris dans leurs eaux usées). Ces matériaux seront ensuite collectés et traités par un établissement agréé.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Les plombages au mercure interdits chez les enfants et les femmes enceintes. France Info.. Consulté le 17 juillet 2018.
– RÈGLEMENT (UE) 2017/852 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 17 mai 2017
relatif au mercure et abrogeant le règlement (CE) no 1102/2008.
JO UE.. Consulté le 17 juillet 2018.
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