Pour un meilleur usage des médicaments anti-douleur ?

Par |Publié le : 25 janvier 2025|Dernière mise à jour : 27 janvier 2025|4 min de lecture|

Appel à la vigilance par rapport au risque de surdosage en paracétamol, limitation de certains médicaments en vente libre, alerte sur les risques liés à la prise de médicaments opioïdes, … les messages de santé publique se multiplient pour promouvoir le bon usage des médicaments anti-douleur. Dans ce contexte, le début de l’année 2025 est marqué par la mise en place de deux nouvelles mesures concernant l’une des classes de médicaments antalgiques, les antalgiques de palier II.

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Quels sont les médicaments anti-douleur ?

Qu’il s’agisse d’une douleur aiguë ou d’une douleur chronique, face à la douleur nociceptive (liée à une lésion douloureuse), les médicaments antalgiques sont l’un des piliers de la prise en charge de la douleur. Les médicaments antalgiques sont répartis en trois catégories :

  • Les antalgiques de palier I, non opiacés, pour les douleurs légères à moyennes. Y figurent entre autres le paracétamol et l’ibuprofène ;
  • Les antalgiques de palier II pour les douleurs moyennes à sévères, avec par exemple le tramadol ou la codéine ;
  • Les antalgiques de palier III, pour les douleurs sévères à très sévères, qui comprennent différents dérivés de la morphine.
À savoir !La douleur nociceptive n’est pas la seule forme de douleur. D’autres douleurs peuvent être ressenties par les patients, notamment les douleurs neuropathiques. Ces douleurs, non liées à une lésion douloureuse, ne répondent pas aux médicaments antalgiques classiques et nécessitent d’autres traitements pour être soulagées.

Les difficultés rencontrées pour évaluer et soulager les douleurs – parfois chroniques et invalidantes – des patients, ainsi que le mode d’action de certains antalgiques favorisent les risques de mésusage : surdosage, association de plusieurs antalgiques, dépendance aux opiacés, etc.

Le bon usage des antalgiques, indispensable pour bien soulager les douleurs

Face à ces risques, les professionnels de santé ont un rôle clé pour promouvoir auprès des patients un bon usage des médicaments antalgiques, selon trois principes clés :

  • Le bon antalgique, c’est-à-dire l’antalgique le plus adapté à la douleur du patient (nature, durée et intensité de la douleur) ;
  • Au bon dosage, c’est-à-dire avec la posologie recommandée ;
  • Sur la bonne durée, en fonction des douleurs du patient.

En dehors des douleurs bénignes et ponctuelles, par exemple un mal de tête passager ou des douleurs liées à un épisode pseudo-grippal, il est fortement recommandé de consulter le médecin pour une prise en charge adaptée et personnalisée de la douleur. Le médecin pourra rechercher la cause de la douleur, préciser sa nature, évaluer son intensité et prescrire les traitements (médicaments ou autres) les plus adaptés pour soulager le patient efficacement. L’automédication doit être autant que possible évitée.

À savoir !Pour des patients douloureux chroniques, il existe des centres dédiés à la prise en charge de la douleur, les CETD, Centres d’Evaluation et de Traitement de la Douleur. Des équipes spécialisées y prennent en charge les patients dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire qui peut intégrer des approches médicamenteuses et non médicamenteuses.

Un entretien sur les antalgiques proposé par le pharmacien

Les autorités de santé publique mettent régulièrement en œuvre des campagnes d’information et de sensibilisation sur le bon usage des médicaments antalgiques. Parallèlement, de nouvelles initiatives permettent aussi de lutter plus spécifiquement contre le mésusage de certains antalgiques, en particulier les médicaments opioïdes. Ces médicaments, tous dérivés plus ou moins lointains de la morphine, appartiennent aux antalgiques de palier II et de palier III. Ils sont associés à un risque de dépendance et d’accoutumance.

Le début de l’année 2025 est marqué par la mise en place de deux nouvelles mesures visant à réduire le mésusage des opioïdes de palier II, principalement le tramadol et la codéine, mais aussi la poudre d’opium et la dihydrocodéine :

  • A partir de janvier 2025, les pharmaciens peuvent proposer aux patients ayant une prescription de médicaments antalgiques de palier II un entretien pharmaceutique sur le bon usage de ces médicaments. Cet entretien, qui dure quelques minutes, est pris en charge à 70 % par l’Assurance maladie (les 30 % restants sont pris en charge par les organismes complémentaires).
  • A partir de mars 2025, les ordonnances de tramadol et de codéine devront être des ordonnances sécurisées et auront une durée limitée à 3 mois.

Favoriser le bon usage des médicaments antalgiques limite le risque d’effets secondaires liés au traitement de la douleur et peut permettre de réévaluer le traitement antalgique pour un soulagement plus efficace des douleurs du patient.

Sources
– Accompagnement des patients sous traitement antalgique de palier II . www.ameli.fr. Consulté le 13 janvier 2025.
– Risques liés à l’usage d’opioïdes . www.quebec.ca. Consulté le 13 janvier 2025.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.