D’après les estimations des autorités de santé publique, un Français sur trois souffrirait de douleurs chroniques. Parmi les alternatives aux médicaments, la vitamine D pourrait-elle soulager certaines de ces douleurs ? Un thème abordé lors du 23ème Congrès de la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD), qui s’est tenu du 22 au 24 novembre 2023 à Saint Malo.
Carence en vitamine D et symptômes douloureux
L’une des sessions du dernier congrès de la SFETD s’est attardée sur les liens entre la vitamine D et les douleurs. En effet, dans les multiples symptômes associés à la carence en vitamine D, qui touche en France 7 % des adultes et 4 % des enfants, se retrouvent :
- Des douleurs musculaires avec parfois des crampes musculaires ;
- Des douleurs osseuses ;
- Des troubles locomoteurs chez les jeunes enfants ;
- Une marche douloureuse chez les enfants et les adolescents ;
- De la fatigue.
A partir de ce constat, assurer une bonne couverture des besoins en vitamine D suffit-il à prévenir les douleurs de l’appareil locomoteur ? Une supplémentation en vitamine D peut-elle soulager les douleurs chroniques ? En 2020, une revue systématique de littérature avait fait le point sur l’effet de la vitamine D sur les douleurs chroniques de l’adulte.
Pas d’effet de la vitamine D sur les douleurs chroniques
Sur l’ensemble des données publiées sur les liens entre vitamine D et douleurs chroniques, les chercheurs ont retenu 10 études menées sur 811 participants. Ces études variaient selon la nature des douleurs, les doses de vitamine D utilisées et les autres traitements entrepris pour soulager les douleurs. L’analyse menée sur l’ensemble des données n’a pas permis d’observer un effet significatif de la supplémentation en vitamine D sur les douleurs chroniques de l’adulte. Pour les auteurs, il reste néanmoins à déterminer si la supplémentation en vitamine D peut avoir un effet bénéfique sur certains symptômes douloureux spécifiques.
Ces données concluent à l’absence d’effet global de la supplémentation en vitamine D sur les douleurs chroniques. Pour autant, la carence en vitamine D peut provoquer des douleurs. Il faut donc a minima s’assurer que chaque patient a un statut vitaminique correct, pour éviter que ses douleurs soient au moins partiellement liées au déficit ou à la carence en vitamine D. Face au patient douloureux, le dosage de la vitamine D permet de savoir s’il est ou non carencé et ainsi d’envisager une supplémentation pour rétablir un statut vitaminique correct. En effet, si la carence en vitamine D est responsable d’un panel de symptômes, l’excès de vitamine D peut s’avérer dangereux.
Supplémenter en vitamine D seulement en cas de carence avérée
Avoir des apports excessifs en vitamine D expose les patients au risque d’hypervitaminose D. L’hypervitaminose D, l’excès de vitamine D, peut gravement nuire à la santé. En effet, elle peut provoquer une augmentation des taux sanguins de calcium et de phosphates, à l’origine de symptômes graves, parfois mortels :
- Une soif intense ;
- Une augmentation du volume des urines ;
- Une anorexie ;
- Une constipation ;
- Une faiblesse musculaire ;
- De la fatigue ;
- Des nausées et des vomissements ;
- Des troubles de la conscience (confusion mentale) ;
- Des troubles rénaux.
Chez une personne en bonne santé, les apports en vitamine D sont normalement assurés par l’exposition au soleil et la consommation d’aliments riches en vitamine D (poissons gras, œufs, huiles de poisson). Avant de débuter une quelconque supplémentation, un avis médical et le dosage de la vitamine D sont essentiels pour se prémunir des conséquences de l’hypervitaminose D. Et un statut vitaminique correct en vitamine D peut contribuer à limiter les douleurs.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– La vitamine D pour le traitement des troubles douloureux chroniques chez les adultes. www.cochrane.org. Consulté le 30 novembre 2023.
– Supplémentation orale en vitamine D : des erreurs à l’origine de surdoses dangereuses www.prescrire.org. Consulté le 30 novembre 2023.
Nous aurions apprécié que vous mentionniez le problème (chez un nombre croissant d’entre nous) posé par « la barrière intestinale »: dans certains cas, l’intestin (abîmé par une maltraitance en début de vie?) ne peut pas prendre dans le bol alimentaire tous les éléments dont il a besoin. D’où problème dose ingérée / dose assimilée par le corps…
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