Prématurité : les dangers du budésonide inhalé

Actualités Autres maux (enfants) Maladies infantiles

Rédigé par Estelle B. et publié le 24 février 2018

La prématurité concerne chaque année plus de 50 000 naissances en France, dont 10 % de grands et 5 % de très grands prématurés. Parmi les complications les plus fréquentes, les problèmes respiratoires, et notamment la dysplasie bronchopulmonaire, figurent au premier plan. Différents traitements sont administrés aux nourrissons pour limiter ces complications, mais certains d’entre eux pourraient être dangereux, selon leur mode d’administration.

bébé prématuré budésonide

Prématurité et dysplasie bronchopulmonaire

La dysplasie bronchopulmonaire est l’une des principales complications chroniques associées à la prématurité. Les poumons sont en effet parmi les derniers organes à se développer au cours de la gestation. Les bébés nés prématurément présentent un appareil pulmonaire immature, caractérisé par :

  • Un nombre insuffisant de sacs alvéolaires, au niveau desquels se produisent les échanges gazeux entre l’air extérieur et la circulation sanguine ;
  • Une faible quantité de surfactant (substance complexe tapissant les parois pulmonaires et indispensable à la fonction respiratoire).

L’immaturité de l’appareil respiratoire est fonction du degré de prématurité du nourrisson. Plus l’enfant naît prématurément, plus le développement de son système respiratoire est inachevé et plus le risque de développer une dysplasie bronchopulmonaire est élevé.

Lorsque les nouveaux nés prématurés souffrent de graves problèmes respiratoires à la naissance, une dysplasie bronchopulmonaire (développement anormal des poumons et des bronches) peut s’installer et être à l’origine de complications graves à court, moyen ou long terme :

Lire aussiUn utérus artificiel pour les grands prématurés ?!

Traitements de la dysplasie bronchopulmonaire

Pour prévenir les complications de la dysplasie bronchopulmonaire, différents traitements sont mis en place, le plus souvent dès la naissance et tout au long de l’enfance :

  • Une oxygénothérapie pour apporter une quantité d’oxygène suffisante à l’ensemble de l’organisme ;
  • Des médicaments diurétiques pour éliminer l’eau susceptible de s’accumuler dans les poumons ;
  • Des médicaments bronchodilatateurs pour soulager les symptômes d’asthme ;
  • Des médicaments anti-inflammatoires pour réduire l’inflammation des poumons et prévenir ses conséquences ;
  • Une thérapie nutritionnelle pour prévenir le reflux et les troubles de la déglutition.

Parmi ces thérapies, certaines sont déjà connues pour avoir des effets secondaires graves chez l’enfant. En effet, le principal diurétique utilisé, le furosémide, est susceptible d’entraîner des calculs rénaux, des troubles auditifs et des troubles du taux de calcium à l’origine d’un rachitisme. Plus récemment, d’autres études ont pointé du doigt l’un des anti-inflammatoires prescrits aux prématurés, le budésonide.

Lire aussiRéduction de l’asthme grâce à la vitamine D

Budésonide inhalé : attention danger !

Des études préalables ont suggéré que l’administration intraveineuse ou orale de corticoïdes durant la première semaine de vie pour prévenir le développement d’une dysplasie bronchopulmonaire pouvait altérer le développement cérébral. Mais les données restaient insuffisantes sur l’intérêt de l’utilisation prolongée de corticoïdes sous forme inhalée chez les grands prématurés.

Pour pallier à ce manque de données, des chercheurs ont étudié le cas de 629 enfants, nés entre 23 semaines et 28 semaines de grossesse, répartis en deux groupes :

  • Un groupe a reçu du budésonide (un corticoïde de synthèse) inhalé (2 pulvérisations toutes les 12 heures pendant les 14 premiers jours de vie, puis 1 pulvérisation toutes les 12 heures jusqu’à l’arrêt de l’oxygénothérapie ou l’atteinte des 32 semaines de gestation) ;
  • Un groupe a reçu un placebo.

Parmi les enfants inclus dans l’étude, aucune différence significative n’a été mise en évidence au niveau du développement neurologique à 2 ans entre les deux groupes d’enfants. En revanche, le nombre de décès s’est avéré plus important dans le groupe traité par budésonide, par rapport au groupe placebo. Cette augmentation non significative de la mortalité n’avait pas été anticipée par les chercheurs, mais a conduit à l’arrêt immédiat de l’essai clinique.

Les chercheurs souhaitent désormais mieux comprendre les résultats observés, puisque jusque-là aucun lien n’avait été mis en évidence entre le budésonide administré en inhalation et le risque de mortalité des grands prématurés.

Lire aussiNouveau-né : un gène clé dans l’assimilation du lait maternel

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– La dysplasie bronchopulmonaire. Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. Consulté le 5 février 2018.
– Long-Term Effects of Inhaled Budesonide for Bronchopulmonary Dysplasia. Bassler, D. and al. 2018. N Engl J Med 378:148-57. DOI: 10.1056/NEJMoa1708831.