Profitons des huiles essentielles pour contourner l’antibiorésistance !

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Rédigé par Lucie B. et publié le 28 juillet 2017

L’antibiorésistance ou plus simplement, la résistance aux antibiotiques, est une des menaces les plus importantes pesant sur la santé humaine mondiale. Les inquiétudes au niveau de la communauté scientifique ne cessent d’augmenter vu les difficultés à combattre des bactéries de plus en plus virulentes. Bien loin de toutes ces tensions, de nouveaux essais cliniques profitant des vertus thérapeutiques de certaines plantes ont émergé sur le sol méditerranéen…

Les huiles essentielles dans la lutte contre l'antibiorésistance

La résistance aux antibiotiques : une menace mondiale en nette progression

Depuis la brillante découverte de la pénicilline (1er antibiotique) par Fleming en 1928, les antibiotiques sont toujours utilisés pour soulager des épidémies infectieuses. Les individus atteints de certaines infections ont très vite compris l’importance de ces médicaments pour éviter des situations ultérieures gravissimes telles que le décès.

De ce fait, ces petites substances naturelles ou synthétiques ont connu un succès fulgurant mais… tellement immense que leur usage abusif est devenu inefficace pour lutter contre des bactéries de plus en plus résistantes. Pourquoi ? Parce que les antibiotiques ont aussi servi pour soigner des symptômes autres qu’infectieux, ce qui a favorisé le développement de nouvelles compétences par les bactéries.

Ainsi, l’augmentation de l’antibiorésistance est un fait mais les options thérapeutiques s’épuisent très rapidement. Le temps est alors compté quand on sait en plus que l’antibiorésistance se dresse aujourd’hui au premier rang des principales causes de mortalité au monde.

Une des préoccupations actuelles de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) est l’installation de nouvelles épidémies dans les pays développés, qui ne s’étaient jusqu’ici, jamais répandues.

Dans un communiqué de presse paru en Février 2017, l’OMS a donc décidé de dresser une première liste contenant les agents pathogènes contre lesquels il serait urgent d’agir.

Trois grandes catégories sont représentées dans cette liste selon le degré d’urgence d’avoir de nouveaux antibiotiques : critique, élevée ou moyenne.

Liste OMS des agents pathogènes selon le degré de priorité

Priorité 1 : CRITIQUEPriorité 2 : ÉLEVÉEPriorité 3 : MOYENNE
1. Acinetobacter baumannii, résistance aux carbapénèmes
2. Pseudomonas aeruginosa, résistance aux carbapénèmes
3. Enterobacteriaceae, résistance aux carbapénèmes, production de BLSE (β-lactamases à spectre étendu)
1. Enterococcus faecium, résistance à la vancomycine
2. Staphylococcus aureus, résistance à la méthicylline, résistance intermédiaire ou complète à la vancomycine
3. Helicobacter pylori, résistance à la clarithromycine
4. Campylobacter spp., résistance aux fluoroquinolones
5. Salmonellae, résistance aux fluoroquinolones
6. Neisseria gonorrhoeae, résistance aux céphalosporines, résistance aux fluoroquinolones
1. Streptococcus pneumoniae, insensible à la pénicilline
2. Haemophilus influenzae, résistance à l’ampicilline
3. Shigella spp., résistance aux fluoroquinolones

 

Ainsi, la création de cette liste mondiale a pour objectif non seulement d’orienter les équipes de recherche-développement travaillant sur le sujet mais aussi d’inciter à engager de nouveaux investissements.

Néanmoins, cette mesure est loin de pouvoir résoudre le problème qui se pose à l’heure actuelle. Apporter une véritable solution thérapeutique pour faire reculer la mortalité est ce qu’attendent vraiment les experts médicaux et patients !

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Un effet synergique observé à partir de la combinaison huiles essentielles/antibiotiques

Dans ce contexte d’épidémie infectieuse, nous sommes loin de pouvoir imaginer que certaines plantes médicinales pourraient aussi être utilisées pour lutter contre ces nombreuses bactéries. Mais pourtant, c’est ce qui a traversé l’esprit d’un brillant chercheur marocain, Adnane Remmal, qui consacre sa carrière entière à l’étude de l’antibiorésistance.

Fort de ses qualités, le mois dernier, à Venise, ce microbiologiste a même reçu le Prix européen de l’inventeur 2017 à l’Office européen des brevets. Et comment ? En tirant profit de la richesse des huiles essentielles pour lutter contre la résistance aux antibiotiques !

Les plantes aromatiques, à partir desquelles sont préparées les huiles essentielles se répandent aussi bien et aussi vite que les épices méditerranéennes.  De puissantes propriétés antimicrobiennes, antifongiques ou antiparasitaires leur sont souvent octroyées. Mais malheureusement, utilisées seules, ces huiles peuvent être à l’origine de certains effets secondaires indésirables.

Afin d’éviter ces désagréments, ce chercheur a donc décidé de les associer aux antibiotiques pour justement combattre la résistance des bactéries. En effet, cette nouvelle combinaison permettrait de former un puissant complexe moléculaire qui serait difficilement reconnaissable par la bactérie.

A noter ! Certaines plantes aromatiques comme le carvacrol, le thym, la marjolaine et l’origan sont connues pour détruire efficacement les bactéries.

Par ailleurs, mises à part les propriétés thérapeutiques, la conception de ces nouveaux médicaments dopés aux huiles essentielles représenterait un faible coût de production comme les plantes ont déjà fait l’objet d’une validation par les industries pharmaceutiques.

Ainsi, à long terme, ces précieuses huiles pourraient bientôt supplanter les fameux médicaments traditionnels !

Les essais cliniques concernant ce projet ont déjà démarré en 2016 mais désormais, il ne manque plus que la dernière étape d’autorisation de mise sur le marché pour que ce nouveau type d’antibiotique puisse enfin voir le jour !

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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé.

– Ajouter des huiles essentielles aux antibiotiques, l’idée de génie d’un chercheur. EGORA. Marielle Ammouche. Le 20 Juillet 2017.
– Dossier : Résistance aux antibiotiques. INSERM. Dossier réalisé en collaboration avec le Pr Laurent Gutmann. Mai 2013.