La propolis, nouveau remède contre l’acné ? 

Par |Publié le : 9 juin 2025|Dernière mise à jour : 12 juin 2025|4 min de lecture|

Et si la propolis, une substance élaborée par les abeilles à partir de résines de plantes, pouvait soigner l’acné ? C’est en se lançant ce pari que des chercheurs INSERM basés à Marseille ont montré que des propolis spécifiques, venant d’Afrique, permettent de lutter contre Cutibactérium acnes, la bactérie responsable des boutons d’acné. Résumé de l’étude.

L’acné : formation et traitements

L’acné est l’affection dermatologique la plus répandue chez l’homme. Elle concerne environ 80 % des adolescents en cours de la puberté, une période marquée par des fluctuations hormonales.

Même si l’affection dermatologique diminue généralement vers la vingtaine, elle persiste chez 54 % des femmes et 40 % des hommes à l’âge adulte.

L’acné se manifeste sous différentes formes : points blancs, points noirs et lésions inflammatoires. Il est lié à la répartition des glandes sébacées dans lesquelles se situe la bactérie C.Acnes. Il se retrouve donc préférentiellement au niveau du visage, de la mâchoire (surtout chez l’adulte), du cou, du thorax et le dos.

À savoir !Le sébum est une substance grasse produite par les glandes sébacées situées sous la peau. Au moment de la puberté, la production de sébum augmente sous l’effet des hormones sexuelles et le canal de sortie du sébum peut se boucher. La glande sébacée est inflammée, favorisant la prolifération de la bactérie C. acnes et la formation de boutons remplis de pus (liquide séreux résultant d’une inflammation).

Pour limiter la croissance bactérienne de Cutibacterium acnes, il est possible d’avoir recours à des antibiotiques topiques (à appliquer sur la peau) ou oraux.

Les deux molécules les plus utilisées pour soulager une acné inflammatoire sont l’érythromycine systémique et la classe des tétracyclines.

Cependant, l’utilisation prolongée d’antibiotiques topiques et oraux a conduit à une émergence répandue de résistance, en particulier dans les pays de l’Union européenne.

Depuis une dizaine d’années, une question anime certaines équipes de recherche en dermatologie : quelles molécules, jusqu’ici inexplorées, sont capables de diminuer les lésions acnéiques ?

 Les vertus de la propolis

La propolis est une substance résineuse et collante fabriquée par les abeilles à partir des résines des plantes (bourgeons et écorces). Elle sert, entre autres, de matériau de construction pour leur ruche, et notamment pour colmater les brèches.

 D’ailleurs, étymologiquement, le terme « propolis » combine deux racines du grec ancien : « pro » pour « devant » et « polis » signifiant « ville ». Le mot se traduit littéralement par « défense de la ville ». La propolis permet ainsi de protéger mécaniquement la ruche, mais aussi chimiquement en la préservant des prédateurs et de certaines maladies causées par les champignons ou les bactéries.

Composée d’un mélange avec du pollen, des cires et des enzymes, chaque propolis est unique. En effet, sa teneur en différentes molécules varie en fonction de l’espèce d’abeille, de la source végétale (flore environnante), des saisons de récolte ainsi que des changements climatiques.

La propolis a démontré un large éventail d’applications cliniques, notamment des effets antioxydants, anti-inflammatoires et antimicrobiens. Des découvertes récentes mettent notamment en évidence le potentiel de la propolis comme remède naturel contre les affections dermatologiques, grâce à ses propriétés apaisantes et cicatrisantes.

Des résultats prometteurs à confirmer par des études cliniques

Dans le but de découvrir de puissantes molécules antibactériennes, les chercheurs marseillais, encadrés par Jean-Michel Brunel, ont testé différents échantillons de propolis collectés dans deux localités du Rwanda, une région marquée par la présence d’une forêt primaire riche en espèces endémiques.

Les propolis collectées au Rwanda ont été extraites et fractionnées puis testées in vitro contre la croissance de C. acnes. Résultats ?  Les chercheurs ont identifié deux molécules inhibant la croissance des bactéries impliquées dans la survenue d’acné : le 2,4-Di-tert-butylphénol (2,4-DTBP) et un acide gras de type acide linoléique.

Ensuite, ils ont formulé une pommade avec du 2,4-DTBP pour le traitement potentiel de l’acné. Les observations montrant un recul de l’inflammation et du nombre de boutons sur les souris. Ceci suggère que le 2,4-DTBP possède des propriétés anti-inflammatoires et pourrait diminuer efficacement la prolifération de C. acnes.  

 « Dans le cadre de ce travail et grâce à un partenariat avec un dermatologue, quelques patients volontaires ont par ailleurs pu être traités avec une crème à base de cette propolis : une réduction de la sévérité de leur acné a été constatée en quelques jours », précise Jean-Michel Brunel dans un communiqué de presse de l’INSERM. Prochaine étape pour l’équipe de chercheurs ? Trouver un laboratoire pharmaceutique capable de mener un essai clinique sur l’homme pour mesurer l’innocuité et l’efficacité de ces propolis ou des deux nouvelles molécules anti-inflammatoires qu’ils renferment.

Sources
– Acné : la propolis comme nouveau traitement ? INSERM.. www.inserm.fr. Consulté le 20 mai 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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