Plaie, cicatrisation et pansement sont intimement liés. Pour une plaie donnée, sont développés des pansements spécifiques adaptés, qui vont permettre de favoriser la cicatrisation, qui est le processus de guérison de la plaie. N’importe quel pansement ne se pose sur n’importe quel type de plaie !
Qu’est-ce qu’une plaie ?
Une plaie se définit comme une lésion de la peau, provoquée par une rupture de la continuité des tissus et une effraction de la barrière cutanée.
Il existe différents types de plaie. Parfois une prise en charge à la maison suffit, dans d’autre cas une consultation en urgence est nécessaire. Pour une bonne cicatrisation de la plaie, il est indispensable de savoir correctement évaluer sa gravité, la traiter et la protéger.
Les plaies peuvent être provoquées par différents phénomènes, une coupure, une brûlure, une infection, une incision chirurgicale, etc. Elles sont de taille et de nature diverse. La plupart des plaies que nous connaissons sont des plaies aiguës, liées à un traumatisme mineur ou majeur. Mais il existe aussi des plaies chroniques, comme les ulcères de jambe, veineux ou artériels , ou encore les escarres.
Plusieurs critères permettent d’évaluer la gravité d’une plaie :
- La localisation : les plaies au visage sont plus graves ;
- L’étendue de la lésion ;
- La profondeur de la plaie. En effet, elle peut concerner plusieurs couches de la peau. L’épiderme et le derme si la plaie est superficielle. L’hypoderme si elle est profonde. Par ailleurs, les muscles, tendons, nerfs, vaisseaux et organes peuvent aussi être touchés.
L’une des fonctions de la peau est de protéger le corps contre les agressions extérieures. Ainsi, toute plaie, même d’apparence bénigne, nécessite une prise en charge afin de stopper le saignement, éviter les complications infectieuses et favoriser la cicatrisation.
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Qu’est-ce que la cicatrisation ?
La cicatrisation d’une plaie est un phénomène extrêmement complexe, propre à chaque organisme. Elle fait appel aux processus de réparation d’une lésion localisée et de la régénération d’un tissu.
Les mécanismes physiologiques de ce processus impliquent de nombreux types cellulaires (fibroblastes et cellules épithéliales), des cascades successives de messagers intracellulaires et des molécules intervenant dans l’anabolisme général de l’organisme (GAG, fibronectine, collagène…). Ces phénomènes sont régulés par les facteurs de croissance et les interactions entre la matrice extracellulaire et les cellules inflammatoires.
Trois phases successives, se chevauchant, composent le processus de cicatrisation :
1/ La phase vasculaire et inflammatoire ;
2/ Le bourgeonnement correspondant à la phase proliférative avec le développement du tissu de granulation. Ce tissu permet de combler la perte de substance. En effet, un nouveau tissu est créé grâce à la néo-angiogenèse et la prolifération cellulaire. La phase de bourgeonnement se poursuit jusqu’à obtenir l’épithélialisation ou re-épidermisation ;
3/ Une phase plus tardive et longue de remodelage cicatriciel.
La capacité de la plaie à se régénérer reste soumise à de nombreuses contraintes. La rapidité et la qualité de la cicatrisation dépendent de l’état de santé général de l’individu, de l’étiologie de la lésion, de l’état et de la localisation de la plaie et de la survenue ou non d’une infection. Donc, la perturbation de l’une de ces phases peut aboutir à un retard ou une complication de la cicatrisation, et donc à une plaie chronique.
Quels facteurs peuvent influencer la cicatrisation d’une plaie ?
Plusieurs facteurs physiopathologiques (généraux et locaux) peuvent interférer avec les phases de la cicatrisation et la retarder : des facteurs généraux mais aussi des facteurs locaux.
Les facteurs généraux interférant avec la cicatrisation
Les facteurs généraux sont :
- Les atteintes métaboliques (diabètes, insuffisance rénale…).
- Des facteurs nutritionnels tels que des carences en calories et en protéines. En effet, elles perturbent l’ensemble des phases de la cicatrisation. Les carences en vitamines peuvent entraîner une réponse inflammatoire inadaptée (déficit en vitamine A) ou une insuffisance de production de collagène par les fibroblastes (déficit en vitamine C). De plus, un apport protéino-énergétique suffisant est indispensable pour garantir la cicatrisation.
- Les pathologies vasculaires comme l’artérite, l’insuffisance veineuse chronique, l’hypertension artérielle ou l’artériosclérose réduisent l’aptitude à cicatriser.
- Le tabagisme entraîne une diminution de l’oxygénation de la plaie et des anomalies de la coagulation dans les petits vaisseaux sanguins.
- L’âge avancé est responsable de l’affaiblissement des défenses immunitaires et de la diminution de la résistance aux germes pathogènes (vieillissement de la matrice cutanée).
Par ailleurs, d’autres pathologies altèrent la cicatrisation :
- L’anémie sévère ou un déficit immunitaire ;
- Le déficit sensitif au niveau de la plaie ;
- Les défauts de circulation : mauvaise alimentation de la plaie en substances nutritives, en cellules sanguines et en oxygène.
- Des maladies héréditaires telles que les maladies congénitales du tissu conjonctif (maladie d’Ehlers Danlos, syndrome de Werner…).
Enfin, des traitements peuvent créer des défauts de cicatrisation :
- Les radiations ionisantes peuvent entraîner une fibrose du derme et un épaississement des membranes basales des vaisseaux en limitant les échanges gazeux au niveau des vaisseaux.
- Les cytostatiques diminuent le nombre de polynucléaires neutrophiles (problème d’aplasie) ou les corticoïdes inhibent la cicatrisation.
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les hydantoïnes et la D-pénicillamine modifient le métabolisme du collagène.
La présence de cellules tumorales sur le lit de la plaie empêche la cicatrisation ou contribue même à l’extension de la plaie. S’il est espéré que la plaie tumorale cicatrise (bonne réponse du patient au traitement anti cancéreux), le processus peut être retardé, comme toute autre plaie chronique, par l’ensemble des facteurs cités ci-dessus. Paradoxalement, les traitements anti tumoraux, seuls garants d’une éventuelle cicatrisation, peuvent également être à l’origine d’un retard de cicatrisation. En cas de non-réponse au traitement, ces facteurs de retard de cicatrisation ne feront que compliquer davantage la situation.
Les facteurs locaux interférant avec la cicatrisation
Plusieurs facteurs locaux peuvent entraver la cicatrisation :
- L’infection de la plaie ;
- L’ischémie ;
- La présence de corps étrangers ;
- La présence de tissu nécrotique ;
- Le mouvement dans la zone blessée et la tension dans la zone de blessure ;
- Les œdèmes et les hématomes ;
- L’irradiation de la lésion. Elle diminue l’irrigation sanguine par rétrécissement de la lumière vasculaire.
Comment reconnaître une plaie en cours de cicatrisation ?
Deux situations peuvent se présenter face à une plaie. On parle de plaie sans perte de tissu cutané en cas de coupure franche ou d’incision chirurgicale. Pour une escarre, un ulcère de jambe ou encore une morsure grave, on parle de plaie avec perte de tissu cutané.
L’aspect de la plaie peut varier. Elle peut être :
- Sèche si elle a un aspect mat, sans trace d’humidité et sans exsudat ;
- Exsudative si elle est mouillée avec un aspect brillant ;
- Cavitaire lorsque les berges de la plaie descendent dans le lit de celle-ci et forment une structure en relief.
Selon le stade de cicatrisation, la plaie prend une couleur différente. C’est un élément qui aide les soignants pour leur prise en charge. Par convention, 5 couleurs sont utilisées pour décrire une plaie :
- Le noir pour la nécrose. Cet état correspond à la mort des tissus cellulaires. Les matières mortes produisent une masse nécrotique qui peut être sèche ou molle, souvent malodorante. Il y a un gros risque d’infection à ce stade.
- Le vert pour l’infection. Des sécrétions purulentes sont présentes au sein de la plaie. Cet état engendre un retard important de cicatrisation.
- L’orange pour la fibrine. Des petites plaques jaunâtres filamenteuses sont présentes en plus ou moins grandes quantités. Lorsque la fibrine est en excès, elle gêne la cicatrisation.
- Le rouge pour le bourgeonnement de la plaie. C’est le signe d’une bonne vascularisation qui indique que la cicatrisation est en bonne voie ;
- Le rose pour l’épidermisation. La peau est rose-nacré. C’est la fin de la cicatrisation.
Comment déterminer la prise en charge d’une plaie ?
Le diagnostic d’une plaie repose uniquement sur l’examen clinique. Autrement dit, il se base sur l’analyse des caractéristiques physiques de la plaie et de ses circonstances d’apparition. Il est conseillé de consulter en urgence en cas d’une plaie :
- Ouverte, profonde ou étendue ;
- Au niveau du crâne dont le saignement ne peut pas être stoppé ;
- Au niveau du thorax, de l’abdomen, de l’œil, du visage ou du cou ;
- Qui saigne par pulsations (au rythme des contractions cardiaques).
Toutes les plaies chroniques nécessitent un suivi médical particulier, voire une prise en charge dans un centre de référence en plaies et cicatrisation. Dans la majorité des cas, les plaies sont superficielles et bénignes et ne nécessitent pas de consulter.
Comment soigner une plaie ?
La prise en charge d’une plaie simple consiste en 3 étapes.
1/ Le nettoyage de la plaie : Une étape essentielle pour favoriser la cicatrisation. La plaie doit être nettoyée sous un filet d’eau tiède afin de retirer le sang et les éventuels débris. Le sérum physiologique peut aussi être utilisé.
2/ La désinfection : Il faut désinfecter la plaie avec un antiseptique sur une compresse en allant du centre vers l’extérieur. Un lavage à l’eau et au savon peut suffire en cas de plaie simple et limite le risque de sensibilisation à certains antiseptiques.
3/ La protection : Pour protéger la plaie, il faut la recouvrir d’un pansement adhésif. Le pansement est à changer tous les jours au début puis tous les 2 à 3 jours lorsqu’elle est propre (absence de rougeur et suintement). En cas de coupure, il est possible de refermer la plaie à l’aide de strips (ou bandelettes de suture). Il faut les poser dans les 6 heures qui suivent la blessure pour permettre de rapprocher les bords de la plaie efficacement.
À savoir ! Lorsque la plaie saigne, il faut avant tout stopper le saignement. Généralement, le fait d’appliquer une forte pression pendant 5 à 10 minutes suffit. Lorsque ce n’est pas le cas, il est préférable de consulter. L’application d’une forte pression sur la plaie n’est pas possible, si la plaie est fortement souillée.
A noter ! En cas de blessure ou de brûlure, il faut s’assurer que la vaccination contre le tétanos est à jour. En cas de doute ou de plaie étendue, une vaccination antitétanique peut être effectuée.
Certaines plaies nécessitent la mise en place de soins infirmiers, par exemple lorsqu’il y a eu des points, une perte importante de matière ou pour les plaies chroniques (ulcère de jambe, escarres, etc.).
Quel est le rôle des pansements ?
La pose d’un pansement sur une plaie a deux objectifs principaux :
- La protéger des agressions extérieures ;
- Entretenir un environnement favorable à sa cicatrisation
Les pansements peuvent avoir d’autres propriétés, intéressantes pour certaines plaies :
- Hémostatique dans le cas de plaies hémorragiques : c’est le cas des alginates
- Bactériostatiques ou bactéricides dans le cas de plaies infectées : c’est le cas des pansements à l’argent
- Absorbant l’exsudat de la plaie : c’est le cas des pansements contenant du charbon.
Il existe aujourd’hui une large gamme de pansements, adaptés pour chaque type de plaie. Pour les plaies du quotidien, simples et bénignes, demandez l’avis de votre pharmacien. Pour les plaies graves, étendues et/ou chroniques, le choix des pansements est effectué par l’infirmier et/ou le médecin, avec une surveillance infirmière régulière.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Pansements pour soin des plaies. www.pharma-gdd.com. Consulté le 15 juillet 2024.
– POUR UNE MEILLEURE CICATRISATION : QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ? www.hug.ch. Consulté le 15 juillet 2024.