Prudence requise pour les compléments alimentaires à base de berbérine

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Rédigé par Deborah L. et publié le 10 décembre 2019

Bénéficiant d’une popularité n’ayant cessé de grandir ces dernières années, les compléments alimentaires se déclinent en une palette toujours plus large de produits censés optimiser notre capital santé. Parmi eux, les compléments alimentaires formulés à partir de plantes contenant de la berbérine pour aider à réguler la glycémie et la cholestérolémie. Si la promesse semble séduisante, cette molécule ne fait pourtant l’objet d’aucune reconnaissance européenne quant à ses propriétés. C’est ce que précise l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail), qui après avoir étudié les effets sanitaires de la berbérine, estime que la prudence est de mise.

Tests pharmaceutiques et de médicament grâce à une loupe pour confirmer la berberine

La berbérine : ses conditions d’emploi en question

La berbérine est un alcaloïde isoquinoléique que l’on retrouve dans différentes plantes utilisées par l’industrie des compléments alimentaires afin d’aider à réguler la glycémie et/ou la cholestérolémie.

À savoir ! La berbérine est une substance de couleur jaune intense particulièrement concentrée dans les racines, les tiges et l’écorce des plantes en contenant.

À l’heure actuelle, la règlementation européenne ne valide pourtant aucune allégation de santé pour les plantes à berbérine et les substances du groupe des alcaloïdes isoquinoléiques.

Dans ce contexte, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a souhaité encadrer l’utilisation des compléments alimentaires à base de plantes ou préparations de plantes contenant de la berbérine. Elle a donc sollicité le concours de l’Anses pour établir des conditions d’emploi les plus aptes à garantir la sécurité de ces produits en France.

L’objectif de l’Anses consistait à mener des recherches sur deux fronts :

  • le statut réglementaire de la berbérine dans les différents pays de l’Union européenne ;
  • la toxicité de cette molécule à travers l’étude des données de la littérature disponible.

Il en ressort que selon les pays européens, la réglementation de l’usage de la berbérine dans les compléments alimentaires est très variable. En France, aucune dose journalière maximale n’a encore été définie. L’étiquetage se contente simplement de déconseiller l’emploi de cette molécule aux femmes enceintes. En Europe, certains pays autorisent l’utilisation de la berbérine dans les compléments alimentaires quand d’autres émettent des restrictions d’utilisation voire l’interdisent.

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La toxicité potentielle de la berbérine encore mal connue

Les données cliniques de la littérature révèlent qu’à la dose de 400mg/jour, la berbérine agirait comme un véritable médicament vu ses effets pharmacologiques chez l’adulte à différents niveaux : sur le métabolisme, sur le système immunitaire, sur le système cardiovasculaire et sur le système nerveux.

De plus, il est probable que des effets pharmacologiques puissent être observés à des doses inférieures voire bien inférieures comme la dose journalière de 10 mg d’alcaloïdes isoquinoléiques fixée en Belgique. Forte de ce constat, l’Anses recommande de mener des études complémentaires dans le but d’identifier la dose minimale de associée à des effets pharmacologiques. Cette identification permettra alors de définir le statut réglementaire des produits à base de berbérine en France.

Par ailleurs, vu le manque de qualité des études toxicologiques actuellement disponibles, les experts de l’Anses n’ont pu déterminer qu’une valeur toxicologique indicative en berbérine. Cette dose étant certainement dépassée dans un grand nombre de compléments alimentaires aujourd’hui en France, l’Anses n’est donc à ce jour pas en mesure de garantir leur sécurité d’emploi.

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L’Anses recommande la prudence

Afin de combler le manque de données toxicologiques fiables disponibles et de pouvoir établir une valeur toxicologique de référence, l’Anses en appelle aux scientifiques pour que des études toxicologiques sur la berbérine soient conduites.

L’Anses en profite également pour rappeler au grand public que la consommation de compléments alimentaires à base de plantes ou préparations de plantes contenant de la berbérine peut entraîner des risques de troubles gastro-intestinaux, d’hypoglycémie et d’hypotension. Elle recommande dès lors aux populations fragiles pour lesquelles le risque s’avère plus élevé de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de berbérine.

À savoir ! On entend par « populations fragiles » les personnes plus vulnérables : enfants et adolescents, femmes enceintes ou allaitantes, personnes diabétiques ou souffrant de troubles hépatiques ou cardiaques.

L’Anses recommande enfin aux professionnels de santé de faire preuve d’une extrême vigilance au regard des nombreuses interactions médicamenteuses identifiées. La consommation de compléments alimentaires à base de berbérine associée avec un traitement médicamenteux peut en effet compromettre l’efficacité de ce traitement voire conduire à des effets indésirables chez le patient. La prudence est donc de mise !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Utilisation de plantes à base de berbérine dans les compléments alimentaires. Anses. Consulté le 9 décembre 2019.
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