La parité homme-femme est l’un des grands enjeux de notre société actuelle, qui cherche à la mettre en place dans tous les domaines. Mais lorsqu’il s’agit de la santé du cœur, sommes-nous tous égaux ? Selon la Fédération Française de Cardiologie, la prise en charge des maladies cardiovasculaires chez les femmes reste insuffisante et des efforts de recherche sont nécessaires pour atteindre une égalité homme-femme dans le domaine de la santé cardiaque.
Femmes et santé cardiovasculaire
Trop longtemps, la prévention des maladies cardiovasculaires ne s’est focalisée que sur les hommes. Or les femmes sont aussi – et de plus en plus – touchées par ces pathologies, qui représentent aujourd’hui la première cause de mortalité féminine.
Actuellement, les données montrent que les femmes sont moins favorisées que les hommes à plusieurs niveaux de la santé cardiaque :
- L’accès à l’information ;
- La prévention ;
- La prise en charge.
Une telle disparité semble liée au manque de connaissances approfondies sur les particularités biologiques des femmes face aux maladies cardiovasculaires. Réduire cet écart entre les hommes et les femmes devient de plus en plus nécessaire, car les femmes touchées par les maladies cardiovasculaires sont de plus en plus jeunes. Ainsi, 25 % des accidents cardiaques surviennent désormais chez des femmes de moins de 65 ans, contre 15 % en 2002.
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Une recherche médicale axée sur les femmes
Pour remédier à une telle situation, il est capital d’entreprendre une recherche médicale spécifique pour les femmes. Pourtant, les femmes sont encore largement sous-représentées dans les études cliniques. Ainsi, en 2004, sur 46 essais cliniques, les femmes représentaient moins de 25 % des patients inclus dans les études. En 2008, seulement 10 à 47 % des effectifs de cohorte sont des femmes dans les 19 essais cliniques portant sur le cœur.
En juin 2016, l’Académie Nationale de Médecine se positionnait en faveur de la nécessité de prendre en compte les différences de parité dans la recherche scientifique et la médecine. Chaque sexe possède en effet des spécificités biologiques qui déterminent de nombreux aspects :
- La prévalence, la sévérité, les signes cliniques et l’évolution de nombreuses maladies ;
- La réponse aux traitements des patients.
Face à un tel constat, différents acteurs de santé s’engagent pour une meilleure prise en compte des femmes dans la recherche médicale.
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L’engagement de la Fédération Française de Cardiologie pour une meilleure parité
Parmi ces acteurs de santé, la Fédération Française de Cardiologie, l’un des principaux financeurs privés de la recherche cardiovasculaire en France, soutient des projets de recherche innovants pour mieux prévenir et traiter les maladies cardiovasculaires touchant les femmes.
Cet engagement s’est notamment matérialisé par trois projets de recherche initiés récemment :
- La création d’un score de risque pour anticiper l’accident cardiaque chez la femme. Programmé sur 4 ans, ce programme de recherche porte sur plus de 100 000 femmes et pourrait permettre de déterminer le risque individuel de développer une coronaropathie à partir des antécédents et du mode de vie. Ce programme est le premier basé sur une cohorte à 100 % féminine.
- L’étude des caractéristiques de l’infarctus du myocarde chez la femme jeune (étude WAMIF pour Young Women Presenting Acute Myocardial Infarction in France). Durant 18 mois, les caractéristiques cliniques, morphologiques et biologiques des femmes de 18 à 50 ans victimes d’un infarctus du myocarde seront analysées, afin de mettre au point des stratégies diagnostiques et préventives adaptées.
- L’exploration des liens entre les déficiences cardiaques et le traitement local d’un cancer du sein (projet BACCARAT). Cette étude a pour objectif de déterminer s’il existe ou non un lien entre la radiothérapie exclusive du sein et des problèmes cardiaques pouvant survenir jusqu’à 20 ans après un cancer du sein.
Mieux comprendre les différences entre les hommes et les femmes sur le plan cardiovasculaire s’avère déterminant pour réduire les inégalités et atteindre une parité de la santé cardiaque.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie