Douleur neuropathique


Rédigé par Lina R. et publié le 27 février 2018

Plusieurs types de maladies peuvent être à l’origine d’une douleur neuropathique. On retrouve certaines maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson, des maladies métaboliques comme le diabète ou encore des maladies infectieuses comme le zona. Ces maladies altèrent certaines fonctions du système nerveux et perturbent le circuit électrique des nerfs qui créent la sensation de douleur donnant alors naissance à des douleurs dites neuropathiques.

douleur neuropathique

Symptômes

Les douleurs neuropathiques possèdent deux composantes distinctes : une douleur permanente à type de brûlure ou d’étau à laquelle peuvent s’ajouter des épisodes douloureux transitoires. Ces épisodes transitoires, que l’on appelle accès paroxystiques douloureux, se caractérisent par une intensification spontanée et de courte durée de la douleur pouvant être aigue voire insupportable.

Ces accès douloureux sont souvent décrits comme une décharge électrique ou un coup de poignard.

D’autres sensations, non douloureuses et également transitoires, peuvent aussi être perçues notamment à travers des fourmillements, des engourdissements ou encore des picotements.

Diagnostic

Pour déceler l’origine neuropathique de la douleur, le médecin interroge son patient sur les conditions de survenue de celle-ci (maladie déjà connue ou suspectée, opération chirurgicale récente), sur ses caractéristiques (apparition de douleurs spontanées ou continues, type et intensité de la douleur) ou encore sur des sensations associées (engourdissement, fourmillements, picotements, démangeaisons). En outre, il identifiera d’autres signes indiquant une douleur neuropathique en testant certains réflexes ou en appliquant une pression, du froid ou du chaud sur les zones douloureuses.

Pour évaluer la douleur, on utilise des échelles scientifiquement validées :

  • L’échelle verbale simple : le patient choisit l’adjectif qui lui correspond le mieux entre « pas de douleur », « douleur faible », « douleur modérée », « douleur sévère » et « douleur intolérable ».
  • L’échelle numérique : le patient indique par une note de 0 à 10 l’intensité de sa douleur.
  • L’échelle visuelle analogique : le patient place un curseur sur une ligne droite dont l’une des extrémités correspond à « absence de douleur », et l’autre à « douleur maximale imaginable ».
  • Le questionnaire DN4 : un outil de dépistage des douleurs neuropathiques. Ce questionnaire est réparti en 4 questions portant sur les caractéristiques de la douleur et les symptômes associés et regroupe 10 items à cocher. Le patient se devra répondre à chacun des 10 items par un oui ou par un non. À la fin du questionnaire, le praticien comptabilisera les réponses (1 pour chaque « oui » et 0 pour chaque « non »). La somme obtenue donnera un score au questionnaire, noté sur 10. Si le score est supérieur ou égal à 4, il y’a confirmation du diagnostic, il s’agit bien de douleurs neuropathiques.

Aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour reconnaître une douleur neuropathique. Des examens complémentaires seront en revanche indispensables pour identifier ou confirmer la cause de vos douleurs neuropathiques.

Comment traiter la douleur neuropathique ?

Traitements médicamenteux

Les douleurs neuropathiques répondent peu aux antalgiques classiques. En cas d’échec des antalgiques dits de palier 1 (paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens, salicylés), d’autres types de médicaments doivent souvent être utilisés.

Les antidépresseurs et les antiépileptiques sont les médicaments les plus utilisés dans un contexte neuropathique. L’application de patchs contenant un anesthésique local (la lidocaïne) sur les zones douloureuses peut aussi faire partie du traitement en première intention.

Toutefois, ces traitements peuvent comporter des contre-indications (surtout chez la personne âgée) et plusieurs effets indésirables (sécheresse de la bouche, constipation, sueurs, troubles visuels, palpitations, rétention urinaire, troubles cognitifs et confusion pour les antidépresseurs tricycliques, somnolence, constipation, nausées et vertiges pour les antiépileptiques…).

Il est difficile de prévoir la tolérance d’un patient à un traitement. Si le patient présente des signes d’intolérance au traitement prescrit, il devra immédiatement en parler à son médecin afin que celui-ci lui prescrive un traitement de substitution, plus adapté.

Dans le cas d’accès très douloureux, des antalgiques plus puissants pourront être prescrits. Il s’agit d’antalgiques de palier 2 (tramadol associé ou non au paracétamol, codéine associée au paracétamol, poudre d’opium associée au paracétamol, ou éventuellement dihydrocodéine) ou d’antalgiques de palier 3 (morphiniques).

Il est souvent difficile d’estimer a priori l’efficacité d’un traitement contre des douleurs neuropathiques. La posologie minimum efficace doit toujours être recherchée. Une réévaluation régulière de la douleur sera à effectuer afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance au traitement. Des améliorations pourront alors y être apportées.

Traitements non médicamenteux

En plus d’un traitement médicamenteux, d’autres voies thérapeutiques aident à atténuer les douleurs neuropathiques, même si leur efficacité n’a jamais été scientifiquement démontrée. Il s’agit par exemple des massages, de la physio­thé­rapie, de l’application de chaleur sur les zones douloureuses, de la relaxation, de la kinésithérapie, de l’acupuncture, ou encore de la psychothérapie. Ces voies non médicamenteuses peuvent même augmenter l’efficacité de votre traitement.

Qu’elle soit chronique ou aigue, la douleur neuropathique peut être amoindrie en traitant la maladie sous-jacente. Il est bon de noter qu’une alimentation saine, équilibrée et adaptée contribue significativement à atténuer la douleur et préviendrait les risques de complications.

Lina R., Journaliste scientifique

– Qu’est ce que la douleur neuropathique – International Association for the Study of Pain – 2014.
– Les douleurs neuropathiques chroniques : diagnostic, évaluation et traitement en médecine ambulatoire. Recommandations pour la pratique clinique de la Société française d’étude et de traitement de la douleur – www.sciencedirect.com – V. Martinez, N. Attal , D. Bouhassira, M. Lantéri-Minet – 2010.

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