Hypersudation


Rédigé par Sabrina R et publié le 31 janvier 2018

L’hypersudation, ou hyperhidrose, correspond à une transpiration excessive (supérieure à celle nécessaire à la thermorégulation). Cette pathologie chronique impacte la qualité de vie des personnes atteintes et peut conduire à une gêne émotionnelle (faible estime de soi et frustration), sociale et professionnelle, mais également à une forme d’invalidité physique et psychologique.

hypersudation

Définition

L’hypersudation est la conséquence d’une hyperstimulation des glandes sudoripares, suite à un dérèglement du système nerveux. Les glandes sudoripares sécrètent alors une quantité excessive de sueur. La sueur a pour rôle de maintenir l’équilibre de l’organisme notamment en régulant la température corporelle. Les glandes sudoripares peuvent être eccrines ou apocrines.

Les glandes eccrines sont présentes sur toute la surface corporelle mais sont plus nombreuses sur la paume des mains, la plante des pieds, les aisselles. Ces glandes forment l’organe thermorégulateur et secrètent principalement de l’eau. Elles sont également impliquées dans l’hydratation de la peau en maintenant une couche lipidique à sa surface et dans sa protection en produisant des molécules antimicrobiennes. De plus, la sueur qu’elles produisent contient des substances intervenant dans la défense immunitaire et l’inflammation.

Les glandes apocrines sont annexées à un follicule pileux et localisées dans les aisselles, les aréoles des mamelons, la zone anogénitale et le conduit auditif externe. Même si elles produisent peu de sueur, elles jouent un rôle dans l’hypersudation. De plus, elles sont à l’origine de par la composition de la sueur qu’elles secrètent de « l’odeur de transpiration » et de la diffusion des phéromones.

Mécanismes de la transpiration

La sécrétion de sueur par les glandes sudoripares est régie par le système nerveux central. En fonction du stimulus, différentes parties du système nerveux sont sollicitées et des zones corporelles différentes transpirent :

  • La transpiration permettant la thermorégulation est contrôlée par l’hypothalamus (zone du cerveau impliquée dans la régulation hormonale). Il s’agit d’un mécanisme de réponse à une température corporelle élevée (supérieure à 37°C) qui permet la perte de chaleur.
  • La transpiration liée à une émotion (sueur froide) est le résultat d’une stimulation de la région frontale du cerveau. Elle est visible sur les paumes des mains, les plantes des pieds et les aisselles.
  • La sudation gustative, survenant après l’ingestion de nourriture épicée, résulte de l’activation de terminaisons nerveuses situées dans la muqueuse buccale. Celle-ci se manifeste au niveau du visage et du cou.

L’hypersudation, une pathologie que l’on peut tous connaître

L’incidence exacte de l’hypersudation est peu connue dans la mesure où ce phénomène peut se développer chez la plupart des gens au moins une fois dans leur vie. L’hypersudation touche entre 0.6% et 1% de la population et son incidence est plus élevée dans la population âgée de 25 à 64 ans. Elle touche les hommes et les femmes de façon équivalente. Cependant, les femmes l’estimant plus handicapante sont plus susceptibles de demander la mise en place d’un traitement que les hommes.

Causes de l’hypersudation

L’hypersudation peut être primaire (d’origine inconnue) ou secondaire car induite par des médicaments, des toxines, une maladie systémique (maladie hormonale, métabolique ou neurologique). Elle peut également être généralisée ou localisée.

Hyperhidrose primaire

L’hypersudation ou hyperhidrose primaire n’a pas d’origine connue cependant des formes familiales existent et tendent à privilégier une origine génétique. Elle est localisée et touche plus fréquemment les aisselles puis la paume des mains, la plante des pieds, la région de l’aine ou le visage et le cuir chevelu.

Les critères de diagnostic de l’hyperhidrose primaire sont une transpiration excessive pendant au moins 6 mois sans raison apparente avec au moins deux des critères suivants :

  • Elle perturbe les activités quotidiennes ;
  • Elle est présente de façon bilatérale (à gauche et à droite) et relativement symétrique ;
  • Fréquence d’au moins une fois par semaine ;
  • Elle débute à un âge inférieur à 25 ans ;
  • Absence de transpiration nocturne ;
  • Antécédents familiaux

Hyperhidrose secondaire

À la différence de l’hyperhidrose primaire, elle peut être généralisée ou localisée.

L’hypersudation secondaire localisée est caractérisée par une asymétrie. Elle est uniquement d’origine pathologique : syndrome de Frey, accident vasculaire cérébral ou suite à une amputation.

À savoir ! Le syndrome de Frey est une complication suite à un acte chirurgical qui se manifeste par des sueurs faciales très abondantes provoquées par une stimulation des glandes sudoripares lors d’une excitation gustative.

L’hypersudation généralisée est assez rare. Elle survient néanmoins au cours d’étapes classiques de la vie des femmes telles que la grossesse ou la ménopause. Elle peut également se manifester dans le cas de l’alcoolisme, certains malaises, l’hyperthyroïdie, le diabète, certains cancers, des infections et maladies neurologiques. Les traitements médicamenteux peuvent également induire une hyperhidrose généralisée.

Impact sur la qualité de vie et complications

Du fait de son impact sur la vie quotidienne, les conséquences de la transpiration excessive sont principalement d’ordre psychologique et socio-professionnel. En effet, l’hypersudation induit de nombreux désagréments tels que : les auréoles sur les vêtements, l’absence de liberté de mouvements, les odeurs suite à l’action de certaines bactéries, les mains moites ou la transpiration des pieds rendant certaines activités difficiles. Ces problèmes rencontrés par les personnes atteintes d’hyperhidrose peuvent dans certains cas mener à une baisse de l’estime de soi, un comportement asocial et un sentiment d’humiliation et de rejet et même à la dépression.

D’autre part, des complications médicales peuvent survenir notamment une déshydratation mais également au niveau des pieds, via la macération, des infections bactériennes, des mycoses ou des affections cutanées (eczéma ou engelures).

Lutter contre l’hypersudation ou ses conséquences ?

La modification du style de vie peut permettre de réduire les symptômes de la transpiration excessive et améliorer la qualité de vie. Les patients sont invités à éviter les éléments favorisant l’hypersudation tels que les aliments épicés ou l’alcool. Il leur est également conseillé d’adapter leur tenue vestimentaire (vêtements en matières naturelles, de couleur noire ou blanche pour réduire les traces par exemple) ce qui va réduire l’impact social de la pathologie.

Traitements de l’hypersudation

Plusieurs options thérapeutiques existent. Les traitements pharmacologiques de l’hyperhidrose comprennent les traitements locaux, oraux et ionophorétiques ainsi que les injections de toxine botulique. La chirurgie est également une thérapeutique possible. Le choix du traitement dépend de la localisation de l’hypersudation, son intensité et de la demande du patient.

  • Les sels d’aluminium sont les principales molécules utilisées dans les traitements locaux. Contenus dans les produits anti-transpirants, ils sont utilisés pour l’hypersudation localisée et modérée.
  • Les traitements oraux ont pour but de réduire l’hyperstimulation cérébrale de la sudation et sont utilisés dans le cas d’une hypersudation généralisée. Du fait des nombreux effets indésirables qu’ils peuvent induire et des multiples contre-indications, ils ont une utilité limitée.
  • L’ionophorèse est un procédé qui permet, par immersion dans l’eau, le passage d’un courant électrique qui induiraient le blocage des glandes sudoripares. Cette technique est principalement utilisée dans le cadre de la réduction de l’hypersudation palmaire et plantaire modérée.
  • La toxine botulique est utilisée, en cas d’échec des traitements locaux, oraux ou ionophorétiques, dans le cas d’une hypersudation localisée. Les injections de toxine botulique sont faites sur toute la surface des aisselles, de la paume des mains et de la palme des pieds selon un quadrillage permettant de traiter toute la zone. La toxine agit en paralysant les muscles et en bloquant la production de sueur par les glandes sudoripares. L’utilisation de toxine botulique est efficace et sa durée d’action, de 4 à 25 mois, dépend du patient et de la partie à traiter.
  • La thérapie chirurgicale est utilisée en dernière intention et dans le cas d’une hypersudation sévère. Elle va de l’ablation des glandes sudoripares au blocage de la voie de transmission des signaux d’hyperstimulation cérébrale. L’ablation des glandes se fait par un retrait du tissu cutané, une liposuccion ou par curetage sous-cutané.

Sabrina R., Docteur en Biologie du Vieillissement

– Hypersudation : définition, symptômes, causes et évolution – www.ameli.fr
– Eccrine sweat gland development and sweat secretion – www.ncbi.nlm.nih.gov
– Hyperhidrose localisée : clinique et traitements – www.revmed.ch

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