Scarlatine à l’école : que faire en cas de contamination ?

Par |Publié le : 9 juillet 2025|Dernière mise à jour : 7 juillet 2025|5 min de lecture|

Maladie infectieuse à éruption encore bien présente en collectivité, la scarlatine touche surtout les enfants d’âge scolaire. Comment réagir lorsqu’un cas survient dans une classe ou une crèche ? Faut-il s’alarmer, isoler, prévenir les autorités ? Le Dr Fabienne Kochert, pédiatre et ancienne présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), nous rappelle les bons réflexes.

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La scarlatine est une maladie infectieuse causée par une bactérie, le streptocoque A. Elle se manifeste par une fièvre, une angine rouge et une éruption cutanée typique. « Les signes sont assez caractéristiques : angine, odynophagie (douleur à la déglutition), fièvre élevée, ganglions cervicaux, et cette éruption scarlatiniforme qui prédomine aux plis puis s’étend au thorax et aux membres, sans intervalle de peau saine », précise le Dr Fabienne Kochert. D’autres signes sont souvent associés, comme une langue rouge framboisée, des douleurs abdominales et une desquamation (peau qui pèle) entre le 7è et le 15è jour après le début de l’éruption.

« Des formes atténuées sont fréquentes, la fièvre est peu élevée, l’éruption est moins marquée, plutôt rosée, prédominant aux plis de flexion. C’est l’énanthème (éruption des muqueuses ; angine, langue framboisée) qui domine souvent le tableau ».

Le diagnostic est posé par un médecin à l’aide d’un test de diagnostic rapide (TDR), aussi appelé strepto-test, qui confirme l’origine bactérienne des symptômes.

Quelle conduite tenir à l’école ou en crèche ?

Lorsqu’un cas est identifié, la règle est claire : éviction immédiate de l’enfant dès la suspicion de scarlatine, avant même confirmation par le test. Le retour en collectivité est autorisé 24 heures après la première prise d’antibiotique, à condition que l’enfant n’ait plus de fièvre et que son état général soit bon. Le traitement repose le plus souvent sur un antibiotique : l’amoxicilline, bien tolérée chez l’enfant.

« Cette éviction est importante car la contagiosité est forte dans les premiers jours, mais le traitement réduit très rapidement le risque de transmission », rappelle la pédiatre. La mesure concerne aussi les enfants en crèche, qui manipulent plus fréquemment des objets partagés ou portent les jouets à la bouche.

En cas de fièvre mal tolérée ou de douleurs, il est possible d’administrer du paracétamol. En revanche, l’ibuprofène est contre-indiqué en raison du risque de complications infectieuses.

Faut-il alerter les familles ou prévenir les autorités ?

En cas de cas isolé, il n’y a pas lieu de prévenir l’ARS ou de déclencher un signalement. En revanche, l’école ou la crèche doit informer les familles, sans mentionner le nom de l’enfant, et les inciter à consulter uniquement si leur propre enfant présente des symptômes. « Il ne faut surtout pas recommander une consultation en l’absence de symptômes, cela risquerait de générer une vague de consultations inutiles », insiste le Dr Kochert.

En revanche, si plusieurs cas apparaissent dans une même classe ou structure, il est recommandé d’alerter le médecin de l’Éducation nationale ou l’ARS, afin d’évaluer la situation et d’éventuellement adapter les mesures à mettre en place.

Repérer les signes, adopter les bons gestes

Les signes de la scarlatine doivent être connus des familles comme des professionnels de l’enfance. Fièvre, maux de gorge, éruption fine, rouge et granuleuse doivent alerter. Parfois, c’est le signalement par d’autres parents qui permet d’identifier un début de cluster. « Lorsqu’un parent dit que son enfant a une scarlatine, il faut être attentif à l’apparition d’éventuels cas secondaires dans la même classe », souligne le Dr Kochert.

En matière de prévention, les gestes d’hygiène restent essentiels : lavage soigneux des mains, nettoyage et désinfection régulière des surfaces et jouets, et éviction du partage d’objets personnels comme les couverts, gobelets, mouchoirs, tétines ou doudous. « Ces précautions doivent être renforcées en maternelle, où les contacts sont étroits et les gestes barrière plus difficiles à appliquer ».

Il n’y a pas de risque particulier pour les femmes enceintes, qui peuvent donc continuer à fréquenter les collectivités même en cas de cas signalé.

Une maladie fréquente, mais rarement grave

Il n’existe pas de vaccin contre le streptocoque A, mais la scarlatine est une maladie bien connue, dont la prise en charge est aujourd’hui très bien codifiée. La guérison est rapide sous antibiotiques. Elle ne fait pas partie des maladies à déclaration obligatoire, mais reste étroitement surveillée dans les environnements collectifs.

Les complications sont rares. « Elles peuvent être locales (adénite, abcès amygdalien) ou, plus rarement, générales. Les glomérulonéphrites (atteinte inflammatoire des reins) et les arthrites (inflammation des articulations) sont devenues exceptionnelles ».

À noter : certains enfants ou adultes peuvent être porteurs sains du streptocoque A, c’est-à-dire porteurs de la bactérie sans symptômes, ce qui peut expliquer certaines contaminations sans cas index clairement identifié.

La vigilance des familles, l’information des enseignants et la coordination avec les services de santé permettent de limiter efficacement les transmissions. « Le message clé, c’est qu’il ne faut ni minimiser ni dramatiser. Il faut identifier, traiter, et isoler temporairement : c’est simple et efficace », conclut le Dr Kochert.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.