Sclérose en plaques : une étude montre, une fois de plus, l’absence de lien avec la vaccination

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Rédigé par Julie P. et publié le 1 septembre 2019

100 000 personnes en France sont diagnostiquées avec une sclérose en plaques, une maladie auto-immune chronique touchant le système nerveux central. Dans les années 1990, une controverse, qui persiste encore aujourd’hui, est née : la maladie serait-elle une conséquence de la vaccination ? Une nouvelle étude allemande sur 223 000 patients montre, une fois de plus, que la vaccination n’est pas un facteur de risque de la sclérose en plaques. Revenons sur ces travaux parus dans la revue Neurology le 30 juillet dernier.

Vaccination

Sclérose en plaques et vaccination : une rumeur qui résiste

Depuis les années 1990, la survenue de certains cas de sclérose en plaques a été attribuée à la vaccination et notamment, au vaccin contre l’hépatite B. Même si tout un ensemble d’études scientifiques approfondies ont démenti ce lien depuis plus de vingt ans, la rumeur continue malgré tout de persévérer.

Des craintes infondées subsistent toujours dans les esprits des citoyens. En France, 1 personne sur 3 se dit être méfiant vis-à-vis des vaccins et 1 sur 5 ne croit pas en l’efficacité des vaccins.

Récemment, une équipe de quatre chercheurs allemands supervisés par le Pr Bernhard Hemmer de l’université technique de Munich ont publié les résultats d’une étude épidémiologique montrant, sans ambigüité, que la vaccination n’est pas un acte médical qui provoque ou amplifie le risque de développer une sclérose en plaques .

Avant d’arriver à cette conclusion, les statisticiens et neurologue ont analysé les données médicales du système de santé de Bavière couvrant la période 2005 -2017.

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Une étude statistique couvrant 223 000 dossiers médicaux

Ce sont 223 000 dossiers médicaux qui ont été analysés dont 12 262 patients atteints de SEP et les autres constituant le groupe témoin (79 150 individus sans pathologie et 131 588 personnes avec une maladie auto-immune dont 112 292 souffrant de psoriasis et 19 296 de la maladie de Crohn).

En retraçant leur historique vaccinal (nombre et type de vaccins reçus, date de vaccination) et en réalisant des calculs statistiques, ils ont pu montrer que la vaccination ne constitue par un facteur de risque de la SEP.

Cinq ans avant le diagnostic de la SEP, les patients étaient statistiquement moins susceptibles de recevoir des vaccins comparativement aux groupes témoins.

À savoir ! Les vaccins pris en compte dans cette étude sont ceux agissant contre le pneumocoque, le méningocoque, la varicelle, le virus du papillome humain, les hépatites A et B, l’encéphalite à tiques et la grippe. Ainsi que le vaccin ROR.

En comparant les données du groupe sans pathologie à celui présentant une maladie auto-immune (psoriasis ou maladie de Crohn), les chercheurs ont mis en évidence que le profil vaccinal était quasi identique.

« Ainsi, les résultats ne sont pas dus uniquement à la présence d’une maladie inflammatoire chronique, mais à un comportement spécifique à la SEP. D’autres études ont déjà montré que les personnes atteintes de la SEP présentaient un comportement atypique et des antécédents médicaux. Par exemple, ils sont plus sujets aux maladies mentales et ont tendance à avoir moins d’enfants.Tout cela indique clairement que la SEP est en place bien avant l’apparition de tout symptôme neurologique. Il faut donc trouver des marqueurs appropriés pour diagnostiquer la maladie plus tôt. Nous considérons cela comme l’une de nos tâches les plus importantes  » explique Bernhard Hemmer dans un communiqué de presse de l’université de Munich.

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Et si la vaccination avait plutôt un effet protecteur ?

En regardant dans le détail leurs résultats, les chercheurs montrent, contre toute attente, que la vaccination, et notamment celle agissant contre la grippe, est associée à un moindre risque de développer une SEP dans les cinq années post-vaccination.

Pour expliquer cet effet protecteur, les chercheurs avancent plusieurs hypothèses :

  • Prévenir les infections par la vaccination permettrait de diminuer le risque de rechute de SEP ;
  • Stimuler le système immunitaire grâce à la vaccination permettrait de limiter ou canaliser la réponse auto-immune qui s’attaque au système nerveux et déclenche les symptômes de la SEP.

Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses sur le possible effet protecteur de la vaccination, les chercheurs doivent désormais poursuivre leurs travaux.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Une étude confirme l’absence de lien entre vaccins et sclérose en plaques. Le Figaro. Consulté le 28 août 2019.
– A large case-control study on vaccination as risk factor for multiple sclerosis. Neurology. Consulté le 28 août 2019.
– Vaccinations not a risk factor for multiple sclerosis. Eurekalert. Consulté le 28 août 2019.