Sommes-nous tous égaux devant la douleur ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 20 décembre 2018

Mal de dos, mal de tête, mal de dents, chocs, chutes… la douleur prend différentes formes dans notre quotidien. Comme vous avez déjà pu le constater, la sensibilité à la douleur est très personnelle. Certains supporteront des douleurs aiguës sans sourciller tandis que d’autres pousseront des cris faisant trembler les murs à cause d’un petit choc provoquant un léger hématome. 60 % de la variabilité de la douleur serait d’origine génétique. Eclairage.

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La génétique de la douleur

Dans la douleur, nous ne sommes pas égaux en bien des points : chacun la détecte, la tolère et la signale différemment.

Autre point relevant également de l’individualité dans la douleur : la réponse suite à une thérapie médicamenteuse ou à une séance de kinésithérapie, acupuncture, électrothérapie, sophrologie ou relaxation.

En France, 30 % de la population souffrent de douleurs chroniques et 7 % de douleurs neuropathiques.

À savoir ! La douleur aigüe joue un rôle d’alarme qui va permettre à l’organisme de réagir et de se protéger suite à une agression mécanique (coupures, chocs), chimique (brûlures, asphyxie) ou thermique (brûlures). Quand la douleur est chronique (persistance pendant plus de 3 mois), ce mécanisme d’alarme se met en place alors qu’il n’est pas justifié. A ce niveau, la douleur devient une maladie, car elle est récurrente comme dans la migraine ou l’arthrose. Les douleurs neuropathiques sont causées par des atteintes du système nerveux central et périphérique, donc les nerfs, le cerveau et la moelle épinière. C’est le cas de la sciatique par exemple.

Plusieurs facteurs viennent expliquer ce ressenti spécifique de la douleur comme des causes psychologiques (expériences passées, traumatismes), sociales (« éducation à la douleur »), environnementales (hygiène de vie, prévention) et génétiques. Sans oublier que tous ces facteurs interagissent les uns sur les autres.

Le séquençage du génome humain et les travaux associés, au début des années 2000, ont permis de mieux comprendre les origines génétiques de la douleur et notamment comment certaines versions de gènes (variants) étaient impliquées dans le traitement de la douleur.

En étudiant la maladie rare de l’insensibilité congénitale à la douleur, les généticiens se sont rendus compte que les patients étaient porteurs d’une mutation au niveau du gène SCN9A présent sur le chromosome 2, qui code un canal protéique nécessaire à l’envoi de signaux de la douleur. D’un autre côté, d’autres types de variations dans ce gène SCN9A peuvent déclencher deux maladies sévères, caractérisées par une douleur extrême : l’érythermalgie primaire et le syndrome de douleur extrême paroxystique.

À savoir ! L’érythermalgie est caractérisée par des épisodes de congestion et de rougeur, de vasodilatation, et de douleur de type brûlure au niveau des deux pieds et des jambes. Ces épisodes sont provoqués par l’effort, une station debout prolongée ou une exposition à la chaleur.

D’autres recherches ont montré que le gène SCN9A agit également sur la perception de la douleur dans la population normale et que l’une de ses versions, présente chez 5 % des individus, détermine la sensibilité à la douleur postopératoire et la quantité de médicaments opioïdes nécessaires pour la maîtriser.

Un autre variant de ce gène provoque quant à lui une plus grande sensibilité à la douleurchez les personnes souffrant de douleurs causées par l’arthrose, la chirurgie d’ablation des disques lombaires, ou la pancréatite.

D’autres gènes sont également impliqués dans l’insensibilité à la douleur comme le gène SN11A et le gène PRDM12 situé sur le chromosome 9 dont l’inactivation empêche la mise en place des nerfs  pendant le développement.

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Une approche de la douleur plus prédictive ?

Selon les estimations, jusqu’à 60 % de la variabilité de la sensibilité à la douleur serait causée par les prédispositions génétiques du patient.

L’ensemble des études montrant qu’une quinzaine de gènes et leurs variants sont impliqués dans la sensibilité à la douleur, dans la réponse aux analgésiques et dans la propension naturelle à développer une douleur chronique.

Une affection courante telle que la lombalgie chronique peut avoir un nombre important d’influences génétiques.

A l’avenir, on assistera probablement au développement d’une analyse du génome qui permettra de prédire avec une efficacité plus ou moins importante :

  • La susceptibilité du patient de souffrir de douleur après une chirurgie ;
  • La réponse du patient à tel médicament ou à telle thérapie de lutte contre la douleur.

A cette médecine préventive, s’ajoute désormais la thérapie génique qui promet de diminuer les douleurs résistantes aux traitements actuels.

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Quelle place pour la thérapie génique dans le traitement de la douleur ?

Les recherches actuelles dans le domaine de la douleur sont nombreuses : recherche de nouvelles molécules (toxines naturelles), mise au point de nouvelles molécules synthétiques, analyse des bénéfices de l’électrothérapie et de la stimulation magnétique ou encore l’amélioration de la compréhension des mécanismes physiologiques et psychologiques du ressenti et de la propagation de la douleur.

La thérapie génique pour la douleur est toujours en cours d’étude et notamment sur la modulation des différents canaux responsables de l’excitabilité des nerfs, et donc, de la propagation de la douleur.

Récemment, des travaux ont montré l’intérêt potentiel des transferts de gènes, à l’aide de divers vecteurs, dans des modèles animaux de douleurs chroniques ou chez l’homme. On parle notamment de « gènes médicaments » qui codent pour des précurseurs de peptides opioïdes endogènes ou pour des molécules anti-inflammatoires qui vont diminuer les douleurs chroniques.

Les progrès de la recherche sur les cellules souches et de la médecine régénérative pourraient être également la clé de futurs traitements sur la sensibilité à la douleur.

Même si des progrès importants ont été réalisés dans la thérapie génique de la douleur et la création de « gènes médicaments », il reste encore à démontrer que ces techniques sont sans effets secondaires pour l’homme sur le long terme.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Pourquoi certaines personnes sont-elles plus douillettes que d’autres ? The conversation. Consulté le 12 décembre 2018.
– Human pain and genetics: some basics Bristish Journal of Pain. J. Sabu James. Consulté le 12 décembre 2018.
  • je souffre énormément de douleurs dorsales suite à une arthrodèse et une décompression du canal lombaire malgré tout les remèdes

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci pour votre témoignage.
      Nous vous souhaitons bon courage, et espérons que vous trouverez une solution.
      L’équipe Santé sur le Net.

      Reply
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