Décrit il y a déjà plus de 50 ans, le syndrome de Münchhausen, ou le syndrome factice, est retrouvé chez les adultes qui simulent des symptômes physiques ou psychologiques. Leurs mensonges sur leur « maladie imaginaire » les amènent à fréquenter régulièrement les établissements hospitaliers sous prétexte de devoir réaliser des examens cliniques plus approfondis.
S’inventer des maladies
Les syndromes factices englobent le syndrome de Münchhausen et le syndrome de Münchhausen par procuration dans lequel les symptômes sont inventés ou provoqués sur une tierce personne, souvent un enfant.
Ces deux syndromes sont répertoriés dans les troubles psychiatriques graves.
Concrètement, les personnes atteintes de ce syndrome vont simuler ou provoquer volontairement des symptômes physiques (maux de tête, problèmes digestifs, allergies inexplicables etc.) ou psychiques (entendre des voix, avoir des visions, etc.) soit sur sa propre personne, soit sur autrui.
Les maladies simulées sont souvent des maladies difficiles à quantifier par des mesures biologiques (prise de sang, imagerie médicale, etc.).
À savoir ! On peut même observer, dans de rares cas, un comportement d’automutilation, ou d’auto-infection. Les spécialistes de ce trouble s’accordent sur le fait que lorsque le patient s’inflige ces mutilations ou contagions, il est dans un état de conscience modifié qui l’empêche d’être connecté avec ses émotions et ses comportements.
S’en suit une demande de soins médicaux dans plusieurs structures et auprès de plusieurs professionnels de santé pour que leur maladie fictive soit reconnue. Les motivations qui pousseraient un individu à réaliser un tel stratagème restent encore peu comprises par les psychiatres. Plusieurs hypothèses sont émises : ce serait une manière d’attirer l’attention ou de la compassion, de reproduire un schéma vécu pendant l’enfance ou de défier le corps médical.
Le profil des patients est plutôt féminin, avec un âge moyen de 20 à 40 ans et un niveau socioculturel moyen. Les hommes aussi peuvent développer un tel trouble. Par ailleurs, ce sont régulièrement des personnes travaillant dans le domaine de la santé et ayant une bonne connaissance de la médecine.
Pour les plus habiles et les plus manipulateurs, ils arrivent à leurs fins en suivant une prise en charge médicale complète avec des examens diagnostiques et des thérapies conventionnelles.
Cependant, le corps médical peut mettre à jour très rapidement des incohérences médicales. On observe aussi des améliorations cliniques en milieu hospitalier et des aggravations importantes dès le retour à la maison. A partir de ce faisceau d’indices, une discussion avec la famille permet de valider que le patient souffre du syndrome factice.
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Le syndrome de Münchhausen par procuration : faire croire qu’un autre est malade
Le syndrome de Münchhausen par procuration consiste à nuire à une autre personne. Ce symptôme, décrit pour la première fois dans les années 1980, implique souvent une figure maternelle : la mère, la grand-mère ou une nourrice. Cette dernière va inventer des pathologies dont serait victime un nouveau-né ou un enfant en bas âge.
La femme présente fréquemment l’enfant à un médecin afin d’obtenir des examens complémentaires et des traitements. Elle peut mettre la vie de l’enfant en danger en lui faisant prendre des médicaments et en lui faisant subir des examens ou traitements médicaux qui ne sont pas forcément sans risque (rayonnements par imagerie médicale, effets secondaires des médicaments, etc.). Sans oublier que c’est une forme de manipulation de l’enfant le poussant à développer de l’anxiété et des troubles du comportement.
C’est une forme de maltraitance de l’enfant. Ainsi, il est souvent nécessaire que des mesures judicaires et/ou administratives soient mises en place pour protéger l’enfant.
Aujourd’hui, aucune thérapie de référence n’existe et il est souvent très difficile pour les patients de franchir la première étape de leur traitement qui est la reconnaissance du trouble dont ils souffrent.
Le traitement repose sur des techniques de thérapie cognitivo-comportementale parfois associées à une prescription de médicaments.
Enfin, d’autres troubles peuvent être associés au syndrome factice : des troubles de la personnalité, de la dépression et des troubles alimentaires.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Overview – Munchausen’s syndrome. NHS. Consulté le 29 avril 2019.