Une thérapie capable d’agir sur une tumeur, quelle que soit sa localisation !

Actualités Cancer Innovations

Rédigé par Estelle B. et publié le 31 mars 2019

Les chercheurs travaillent depuis plusieurs années sur les caractéristiques génétiques des cellules tumorales. Des travaux qui ont abouti récemment à la mise au point d’une thérapie anticancéreuse ciblant une anomalie génétique particulière, et ce quelle que soit la localisation de la tumeur.

therapie-cancer-ciblee

Une thérapie anticancéreuse ciblant un défaut génétique des cellules tumorales

Les cellules tumorales peuvent présenter des caractéristiques génétiques particulières, sur lesquelles se penchent les scientifiques pour développer de nouvelles thérapies anticancéreuses. L’intérêt d’une telle approche est sa spécificité pour les cellules tumorales, quelle que soit leur localisation dans l’organisme.

Des chercheurs se sont notamment penchés sur une anomalie génétique rare des cellules tumorales, appelée la fusion NTRK (Neurotrophic Tyrosine Receptor Kinase). Ce défaut génétique se matérialise par une fusion du gène NTRK avec un ou plusieurs autres gènes. Sa présence dans une tumeur favorise la prolifération des cellules tumorales. Certes, la fusion NTRK est rare, présente dans moins de 1 % des cancers, mais elle se retrouve dans plus de vingt types de cancers différents.

Les chercheurs ont développé un médicament, capable de bloquer sélectivement les protéines issues de la fusion NTRK. Récemment, ce médicament, le larotrectinib, a obtenu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) délivrée par l’ANSM.

Lire aussiNouvelles recommandations pour la prise en charge de la douleur cancéreuse

Une nouvelle catégorie de médicaments anticancéreux

L’administration du larotrectinib inhibe la prolifération des cellules cancéreuses porteuses d’une fusion NTRK, et ce quelle que soit la localisation de la tumeur. L’ATU délivrée en février 2019 est pour l’instant limitative et concerne les patients, adultes ou enfants, atteints d’un cancer avancé ou métastatique, porteur de la fusion NTRK, réfractaire aux autres traitements anticancéreux et/ou sans alternative thérapeutique.

Une étude utilisant le larotrectinib a été menée sur 55 patients (43 adultes et 12 enfants), atteints de 17 types différents de tumeurs solides (glandes salivaires, tissus mous, thyroïde, côlon, mélanome, etc.). Le taux moyen de réponse au traitement à l’issue de l’essai était de 80 %. Un an après l’initiation du traitement, 71 % des patients présentaient toujours une réponse au larotrectinib, et pour 55 % d’entre eux, le cancer n’avait pas progressé.

La tolérance du médicament s’est avérée satisfaisante, avec aucun arrêt de traitement au cours de l’essai.

Si des phénomènes de résistance au larotrectinib sont apparus chez une dizaine de patients, ce médicament s’est montré particulièrement efficace dans le traitement des fibrosarcomes infantiles localement avancés, en ayant permis aux enfants d’échapper à l’amputation, malheureusement très fréquente dans ce type de cancer.

Dans l’attente de l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), cette ATU va permettre aux patients français qui en ont besoin de pouvoir accéder rapidement à cette nouvelle thérapie anticancéreuse innovante. Le larotrectinib est le premier représentant de cette nouvelle catégorie de médicaments anti-tumoraux. Peut-être le premier d’une longue liste …

Lire aussiCancer : le bel avenir des immunothérapies spécifiques

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– La commission d’évaluation initiale de l’ANSM rend un avis favorable pour une première ATU de cohorte dans une indication fondée sur un événement moléculaire – Point d’Information. ANSM. Consulté le 28 mars 2019.
– Efficacy of Larotrectinib in TRK fusion-positive cancers in adults and children. Drilon, A. and al. 2018. N Engl J Med 378 : 731-9. Consulté le 28 mars 2019.
– Developing Anticancer Drugs in Orphan Molecular Entities-A Paradigm under Construction. André, F. 2018. N Engl J Med 378:763-765. DOI: 10.1056/NEJMe1716821 Consulté le 28 mars 2019.