Rhume : Et si on l’abordait différemment ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 3 novembre 2020

Les Académies de médecine et de pharmacie viennent de publier un rapport relatif au rhume de l’adulte d’origine virale. Elles en appellent à une approche raisonnée de la prise en charge de cette affection banale face à une surconsommation médicamenteuse qui n’est pas sans risque et des dépenses de santé publique non négligeables.

une femme se mouchant

Une nouvelle dénomination pour le rhume ?

L’automne s’est installé et avec lui, nombre de virus responsables de maladies saisonnières parmi lesquelles le rhume !  Aujourd’hui, de nombreuses dénominations sont employées pour désigner une même affection physiopathologique et clinique : rhume, coryza, rhinopharyngite, rhinite aiguë, sinusite aiguë ou rhino-sinusite aiguë.

Les Académies de médecine et de pharmacie proposent de n’utiliser plus qu’un terme général, celui d’ « infection virale des voies aériennes supérieures » (IVVAS).

À savoir ! Le terme d’IVVAS n’inclut pas le rhume d’origine allergique.

L’objectif de cette nouvelle dénomination consiste à souligner la nature virale de l’infection dont il faut tenir compte lors du choix de la stratégie thérapeutique. Car les prescriptions médicamenteuses contre le rhume sont aujourd’hui trop nombreuses et variées et constituent de ce fait un  « danger en termes de santé publique et de risque d’effet indésirable individuel » d’après les deux instances.

Rappelons que le rhume présente dans l’immense majorité des cas une évolution naturelle favorable sans traitement en moins de 15 jours et que les traitements disponibles sur le marché n’ont pas fait preuve d’une grande efficacité contre cette affection.

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Vers une approche raisonnée de la prise en charge du rhume…

Dans ce contexte, les Académies de médecine et de pharmacie viennent de publier un rapport commun relatif au rhume de l’adulte d’origine virale. Elles s’inquiètent de la « discordance préoccupante entre une affection banale, guérissant spontanément, une consommation médicamenteuse manifestement excessive et un coût majeur en termes de dépenses de santé publique ».

En s’appuyant sur leur état des lieux des données cliniques, thérapeutiques et économiques sur le rhume, les deux instances en appellent ainsi  à « une approche raisonnée de la prise en charge du rhume de l’adulte en France » à travers plusieurs propositions :

  • Des recommandations claires sur la place de l’antibiothérapie, qui peut être proposée en cas de suspicion bactérienne (symptômes sévères ou persistants plus de 10 jours).
  • La limitation des produits de corticothérapie qui sont « le plus souvent inadaptés »
  • L’encadrement du recours aux vasoconstricteurs, « en raison de leurs effets indésirables » à travers une délivrance uniquement sur prescription médicale par exemple.

À savoir ! Un vasoconstricteur est un médicament pour aider à décongestionner le nez. Il est souvent associé à un antalgique (paracétamol, ibuprofène) ou à un antihistaminique (cétirizine).

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…et une meilleure information du grand public

Les Académies de médecine et de pharmacie préconisent par ailleurs la création d’un «Observatoire national du rhume » qui aurait pour rôle de collecter les données épidémiologiques ainsi que les données de consommation médicamenteuse de la population. Elles insistent enfin sur la nécessité d’informer le grand public sur les « dangers de l’automédication » et « l’inefficacité de nombreux traitements » contre le rhume.

L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) vient à ce titre de publier un point d’information relatif aux médicaments utilisés en cas de rhume ainsi que des documents expliquant les risques rares mais graves des vasoconstricteurs et détaillant les précautions d’utilisation à respecter :

  • Respecter la posologie indiquée
  • Ne pas en prendre pendant plus de 5 jours
  • Ne pas utiliser chez l’enfant de moins de 15 ans
  • Ne pas utiliser chez la femme enceinte ou allaitante
  • Ne pas associer avec un autre médicament contenant un autre vasoconstricteur (par voie orale ou nasale)
  • Ne pas associer avec un autre médicament contenant du paracétamol, de l’ibuprofène ou de la cétirizine

À savoir ! L’usage des vasoconstricteurs expose à de nombreux risques (par exemple : accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, convulsions, troubles psychiatriques altération soudaine de la vue. Ces effets indésirables peuvent survenir quelques soient la dose et la durée du traitement. Une base de données ministérielle vous permet de retrouver toutes les informations sur les médicaments.

Parmi ces documents figure une fiche d’information destinée au patient qui rappelle qu’un rhume guérit naturellement sans traitement en 7 à 10 jours et que des mesures d’hygiène simples sont à suivre en première intention :

  • Utiliser un mouchoir à usage unique et se laver les mains régulièrement;
  • Humidifier l’intérieur de son nez avec des solutions de lavage adaptées comme le sérum physiologique;
  • Aérer régulièrement son intérieur et veiller à maintenir une atmosphère fraîche (entre 18 et 20°C);
  • Boire suffisamment et dormir la tête surélevée;
  • Eviter de fumer;
  • Eviter les climatiseurs (qui assèchent la muqueuse nasale).

Autant de conseils pratiques qui permettront peut-être à chacun de s’affranchir de l’utilisation de certains médicaments en cas de rhume !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Médicaments utilisés en cas de rhume : des documents pour expliquer leurs risques et les précautions d’utilisation à respecter. ANSM. Consulté le 30 octobre 2020.
– Les Académies de médecine et de pharmacie alertent sur des traitements inefficaces voire dangereux dans le rhume. Le quotidien du medecin. Consulté le 30 octobre 2020.