Trois à 5 jours, c’est le délai maximal au cours duquel la contraception d’urgence peut être utilisée après un rapport sexuel non ou mal protégé. D’après une récente étude publiée dans la revue scientifique The Lancet, la prise de la contraception hormonale d’urgence serait plus efficace contre le risque de grossesse non désirée, si elle est associée à la prise d’un médicament antalgique. Explications.
Qu’est-ce que la contraception d’urgence ?
Dans le domaine de la contraception , la contraception d’urgence occupe une place particulière. Elle doit être utilisée au plus tard dans les 3 à 5 jours après un rapport sexuel non ou mal protégé pour limiter le risque d’une grossesse non désirée. Actuellement, deux dispositifs de contraception d’urgence sont disponibles en France :
- La prise de la contraception hormonale d’urgence, plus connue sous le nom de pilule du lendemain ;
- La pose d’un dispositif intra-utérin au cuivre.
La contraception hormonale d’urgence consiste en la prise d’un unique comprimé à n’importe quel moment du cycle menstruel, le plus tôt possible après le rapport non ou mal protégé. En aucun cas, elle ne constitue un mode de contraception régulier. Deux types de pilules du lendemain sont disponibles :
- La pilule au lévonorgestrel à prendre dans les 72 heures maximum après le rapport ;
- La pilule à l’ulipristal acétate à prendre dans les 96 heures.
Moins connue, la pose d’un stérilet au cuivre dans les 96 heures qui suivent le rapport est la méthode de contraception d’urgence la plus efficace, mais elle est moins accessible en pratique, compte-tenu des délais de rendez-vous chez les professionnels de santé.
Prendre simultanément un anti-inflammatoire et la pilule du lendemain
L’efficacité de la contraception hormonale d’urgence dépend de plusieurs paramètres notamment le temps écoulé entre le rapport non ou mal protégé et la prise de la pilule du lendemain, le moment du cycle menstruel et la substance active de la pilule. Dans le cas de la pilule au lévonorgestrel, son efficacité est réduite si elle est administrée après l’ovulation. Dans une nouvelle étude, des chercheurs chinois ont évalué si la prise concomitante d’un médicament anti-inflammatoire, le piroxicam, pouvait améliorer l’efficacité de la pilule au lévonorgestrel.
Au total, 860 femmes ont été incluses entre août 2018 et août 2022, toutes ayant eu besoin de la pilule du lendemain au lévonorgestrel dans les 72 heures suivant un rapport non ou mal protégé. La moitié d’entre elles a reçu une dose unique de 40 mg de piroxicam en même temps que la pilule, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo.
A savoir ! En France, le piroxicam entre dans la composition de plusieurs médicaments à visée
anti-inflammatoire et antirhumatismale, indiqués en deuxième intention dans l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante.
Près de 95 % des grossesses évitées grâce à l’association
Les femmes ont ensuite été suivies plusieurs semaines, notamment pour évaluer l’efficacité de la contraception d’urgence au travers du développement d’une éventuelle grossesse. Dans le groupe de femmes traitées avec le piroxicam en plus de la pilule du lendemain, seule une femme était enceinte (0,2 %), contre 7 femmes (1,7 %) dans le groupe placebo. D’après les calculs des chercheurs, l’association de la pilule du lendemain avec le piroxicam a permis d’éviter 94,7 % des grossesses attendues, contre seulement 63,4 % avec la pilule du lendemain seule.
Cette étude suggère que l’association d’un médicament anti-inflammatoire pourrait renforcer l’efficacité de la contraception hormonale d’urgence au lévonogestrel. Une étude à plus grande échelle est désormais nécessaire pour évaluer l’innocuité d’une telle association, comprendre les mécanismes sous-jacents et déterminer la possibilité d’étendre cette association à toutes les femmes.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Quelles méthodes de contraception d’urgence ? www.ameli.fr. Consulté le 21 août 2023.
