Depuis le 1er janvier 2021, la vaccination contre les infections à Papillomavirus humains (HPV) a été étendue en France à tous les garçons, alors qu’elle ne concernait initialement que les filles. Pourquoi une telle décision ? Les infections à HPV sont-elles fréquentes chez les hommes ? Une étude s’est justement penchée sur la prévalence mondiale des infections à HPV chez les sujets de sexe masculin. Explications.
Infections à HPV et cancers
Environ 8 personnes sur 10, hommes comme femmes, sont exposées à au moins un Papillomavirus humain (HPV) au cours de sa vie. Le plus souvent, l’infection a lieu au début de la vie sexuelle et passe totalement inaperçue. Mais certains de ces virus sont à l’origine de cancers, en particulier du cancer du col de l’utérus , mais aussi du cancer de l’anus et d’autres cancers.
Le lien étroit entre les infections à HPV et le cancer du col de l’utérus a longtemps laissé croire que ces virus concernaient essentiellement les femmes. La majorité des études épidémiologiques s’est focalisé sur les données féminines et peu sur la population masculine. Dans une récente étude, des chercheurs ont compilé des données mondiales et régionales sur la prévalence des infections à HPV chez les hommes entre le 1er janvier 1995 et le 1er juin 2022. Au total, ils ont pris en compte les résultats de 65 études ayant porté sur 44 769 hommes dans 35 pays.
Un homme sur 5 porteur d’un HPV à haut risque oncogène
La prévalence globale des infections à HPV chez les hommes était de 31 % quel que soit le sous-type de virus. Pour les sous-types HPV à haut risque oncogène, la prévalence était de 21 %, soit un homme sur 5 porteur d’au moins un sous-type à haut risque de cancer. Les sous-types les plus répandus étaient :
- Le HPV-16 (5 %) ;
- Le HPV-6 (4 %).
En tenant compte de l’âge des hommes, la prévalence était maximale au début de l’âge adulte, avec un pic entre 25 et 29 ans. La prévalence se stabilisait ou diminuait légèrement par la suite. Quant à la composante géographique, la prévalence était similaire en Europe, en Amérique du nord, en Afrique sub-saharienne, en Amérique latine, aux Caraïbes, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En revanche, elle était divisée de moitié pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est.
Ces données révèlent que les hommes jeunes constituent un réservoir important d’infections génitales à HPV, car il faut le rappeler les infections à HPV constituent une infection sexuellement transmissible (IST) très fréquente et très contagieuse. Il est donc logique et même déterminant d’intégrer les garçons et les jeunes hommes dans la stratégie vaccinale contre ces infections pour réduire le risque de certains cancers.
Vacciner les filles et les garçons
En France, la vaccination contre ces infections est recommandée aux jeunes filles depuis 2007, mais seulement depuis 2021 aux garçons. Vacciner les garçons permet de les protéger directement de certaines lésions (verrues génitales) et de certains cancers (comme le cancer de l’anus, le cancer du pénis ou encore des cancers de la sphère buccale), et de protéger indirectement les femmes du cancer du col de l’utérus. En tout, plus de 6 400 cas de cancers sont dus chaque année en France aux infections à HPV.
Le vaccin recommandé depuis le 1er janvier 2021 est le vaccin Gardasil9®, qui protège contre les sous-types HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58. La vaccination est recommandée pour les filles et les garçons entre 11 et 14 ans, avec un schéma à deux doses, espacées de 6 mois. Un rattrapage vaccinal est possible jusqu’à 19 ans inclus, avec trois doses. La vaccination ne constitue pas un rempart absolu contre les cancers liés aux HPV, mais permet de réduire fortement le risque. Pour les femmes, le dépistage du cancer du col de l’utérus entre 25 et 65 ans reste recommandé.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– LES INFECTIONS À PAPILLOMAVIRUS HUMAINS (HPV). vaccination-info-service.fr. Consulté le 21 août 2023.